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NOUVELLES ET VARIÉTÉS.

dépense. Je crus cependant devoir écrire une dissertation ; cette dissertation, sur l’organe de la vue, fut insérée dans les Archives de physiologie que publiait alors le célèbre Reil à Halle, et me fit recevoir membre de la Société des arts et sciences de Mayence.

« Je formai alors le projet de m’établir à Aschaffenbourg, où j’étais connu et lié avec un grand nombre de personnes ; mais le conseiller intime de l’électeur, à qui je m’étais adressé, pour obtenir la permission d’y pratiquer la médecine, me répondit que, pour l’obtenir, il fallait encore étudier trois aimées à l’université d’Erfurt, pour me purger des principes empoisonnés de la république française, que j’avais puisés à l’école de Mayence. J’eus beau lui représenter que je n’en avais pas les moyens, et que les doctrines médicales étaient tout-à-fait étrangères aux opinions politiques ; il persista dans son refus. Conune il y avait déjà un trop grand nombre de médecins à Mayence, pour que je pusse espérer d’y réussir, et que d’ailleurs mes moyens pécuniaires ne me permettaient pas d’attendre ce moment, j’allai m’établir au mois de Mars de 1803, dans la petite ville de Pirmasens, suivant l’avis du professeur Wedekind et de mon ami Ruf. J’eus tout d’abord tant de succès dans ma pratique, que, quoique sans fortune, j’osai me marier avec ma femme, Fréderique Schlœssing, également sans fortune ; j’avais fait sa connaissance dès les premiers jours de mon arrivée à Pirmasens, dans la maison d’une de mes mglades. Les agrémens de sa personne, sa conversation spirituelle, son esprit cultivé, m’avaient frappé tout de suite en la voyant pour la première fois ; elle a fait mon bonheur par son esprit d’ordre et de modération, par l’adresse et la finesse du tact qu’elle sut porter dans toutes les relations sociales, par son habileté dans tous les travaux domestiques, et par le goût quelle avait pour les plaisirs dont on jouit, sans beaucoup de frais, au sein de sa famille.