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DES FRAGMENS DE NOVALIS.


Un trône qui s’écroule est comme une roche qui tombe, ravage la prairie, et ne laisse que des ruines à la place d’une terre fructueuse et des maisons habitées.


Le peuple est une idée. Un homme accompli est un petit peuple. La véritable popularité est le plus haut but de l’humanité.


La république et la monarchie se rallieront l’une à l’autre par un pacte d’union, et plusieurs classes de la société doivent aussi former le même pacte.


Le véritable citoyen vit tout entier dans l’État ; il ne possède rien en dehors de l’État. Le droit du peuple est le commencement du code universel et de l’État universel.


Chaque État a toujours été comme le composé d’un seul homme, comme la réunion des différens membres et des diverses facultés. Ainsi la noblesse représente les sens, le clergé le sentiment religieux, les savans l’intelligence et le roi la volonté.


Chez nous on parle trop peu en faveur de l’État. Il devrait y avoir des prédicateurs d’État et de patriotisme. À présent la plupart des membres de l’État se trouvent, envers lui, dans un trop grand état d’indifférence, si ce n’est d’inimitié.


L’or et l’argent sont le sang de l’État ; mais la trop grande abondance de sang dans le cœur et à la tête accusent la faiblesse de ces deux parties du corps. Plus le cœur a de force, et mieux il fait refluer le sang dans toutes les veines ; et quand chaque membre est sain et en bonne disposition, le sang retourne de nouveau régulièrement vers le cœur.