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DES FRAGMENS DE NOVALIS.


La déduction des idées de Fichte est la meilleure preuve en faveur de l’idéalisme. Ce que je veux, je le peux. Aucune chose n’est impossible à l’homme.


Toutes les idées sont parentes. On nomme l’analogie air de famille. Par la comparaison que l’on ferait de plusieurs enfans, on pourrait deviner quels sont leurs parens. Chaque famille est une addition à cette humanité qui s’étend sans fin.


La philosophie est, à vrai dire, un mal de pays, un effort que l’on tente pour retourner chez soi.


Dans chaque système, dans chaque combinaison de pensées il est une ou plusieurs idées et remarques qui ont eu la préférence sur les autres, et les ont étouffées ou sont demeurées seules. On doit rechercher partout ces idées dominantes, et rendre à chacune d’elles son berceau, son climat, son voisinage et ce qu’elle réclame encore, pour former ainsi un paradis d’idées. Le paradis était l’idéal de la terre, et demander où il est situé, n’est certes pas une question insignifiante. Mais il est répandu par toute la terre, et l’on n’a qu’à rapprocher les diverses parties dont il se composait, et remplir les vides de ce squelette, voilà la régénération du paradis.


Tout ce qui paraît encore difficile à l’homme, l’homme devrait tenter, en réunissant ses forces, d’en venir plus facilement à bout, et alors il s’y attacherait ; car on s’attache volontiers à ce que l’on n’a acquis qu’avec peine.


La haute philosophie forme le mariage de la nature avec l’esprit.


La philosophie n’apprend pas à pétrir le pain, mais elle nous mène à Dieu, à la liberté, à l’immortalité. Laquelle des