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voient courir dans les bras de ton père, emportant avec foi la jeune humanité et la coupe qui renferme l’avenir d’or. Ta mère te suivit bientôt dans ton triomphe, et la première après toi, elle arrive dans la nouvelle patrie. Et depuis, des siècles ont passé, et ton œuvre s’élève toujours plus brillante, et des milliers d’êtres, fatigués par la douleur, et pleins de foi et d’espérance, s’en vont sur tes traces et sur celles de la vierge dans l’empire de l’amour, et te servent dans le temple de la mort céleste, et deviennent les tiens pour l’éternité.

La pierre du tombeau est levée, l’humanité ressuscite ; nous sommes à toi, et nulle chaîne ne pèse sur nous ; les noirs chagrins s’en vont devant le vase d’or que tu nous présentes. La mort nous appelle à l’hymen, les lampes jettent une clarté pure, les vierges sont à leurs places, et l’huile ne manque pas. Déjà de loin nous croyons voir les traits de ton visage, et les étoiles proclamaient ton nom. Notre cœur s’élève vers toi, Marie, dans cette vie pénible, c’est toi que nous désirons, c’est en toi que nous mettons notre espérance ; oh ! laisse-nous trouver un asyle sur ton sein. Et maintenant celui qui croit n’ira pas pleurer sur un tombeau, les joies de l’amour ne lui sont point enlevées ; la nuit vient pour adoucir ses regrets, et les enfans du ciel veillent sur lui. Notre existence s’en va à la vie éternelle ; notre nature est agrandie par le feu saint qui brûle au-dedans de nous, et quand nous aurons pris notre part de la boisson de vie, nous devons être des étoiles. L’amour nous appartient, et nulle séparation ne nous menace : la vie flotte comme un vaste océan ; c’est une nuit de délices, c’est une poésie éternelle, et le soleil qui nous éclaire est l’image de Dieu.


6.

Plongeons-nous dans le sein du tombeau, fuyons l’empire de la lumière ; la douleur orageuse est le signe de notre départ, et nous pouvons, avec notre nacelle étroite, toucher