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Né sous le ciel serein de l’Hellade, un chantre arrive des contrées lointaines, se rend en Palestine, et se consacre à l’enfant du miracle. C’est toi, dit-il, dont nous voyons depuis longtemps l’image symbolique sur nos tombeaux ; c’est toi qui es le signe consolant que nous regardons dans la tristesse, c’est à toi que se rattache l’humanité devenue plus noble. Ce qui nous plonge dans la douleur, nous arrache d’ici-bas : c’est la mort qui nous annonce la vie éternelle, et toi tu es la mort, et tu nous apportes la guérison.

Le chantre s’en va ensuite plein de joie dans l’Hindoustan, et, l’âme enivrée d’amour, il fait entendre ses chants pieux, et des milliers d’hommes se joignent à lui, et le bon message se répand de toutes parts. Bientôt après le départ du chantre, le Dieu fait homme devient le sacrifice de la perdition humaine ; il meurt jeune, arraché à sa mère en pleurs, à ses amis découragés. Il vide le calice de souffrance, et dans ses heures d’angoisse il donne naissance au nouveau monde. Et puis il lutte avec la crainte de la mort, et l’ancien monde pèse lourdement sur lui ; puis il jette un dernier regard sur sa mère, l’amour éternel le délivre de ses douleurs, et il s’endort. Pendant quelques jours un voile obscur s’étend sur la terre, des larmes innombrables coulent sur la mort du Sauveur ; le mystère est accompli, et les esprits célestes enlèvent la vieille pierre du tombeau. Des anges prennent place auprès du Dieu endormi, des anges enfantés dans ses rêves gracieux, et le voilà qui se réveille dans toute sa splendeur, qui s’élève au-dessus du monde nouvellement né, qui enterre lui-même son cadavre dans le tombeau, et le recouvre d’une pierre que nulle puissance ne soulèvera.

Cependant tes amis répandent encore sur toi, ô Dieu, des larmes de joie et de reconnaissance ; ils te regardent toujours ressusciter, et ils ressuscitent avec toi ; ils te voient pleurant sur le sein de ta mère, puis, marchant avec joie et répandant des paroles que l’on dirait détachées de l’arbre de vie, ils te