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HENRI DE KLEIST

sance, la piété filiale, sont indignement foulés aux pieds. La fin de ce conte n’est pas non plus de nature à satisfaire l’attente du lecteur.

Le Tremblement de terre au Chili nous offre une image de la superstition la plus stupide, et de tout ce que peut faire le fanatisme aidé par la crédulité.

La Marquise de O. est, à très-peu de détails près, le même sujet que M. de Kératry a développé plus au large dans son Dernier des Beaumanoirs. Je ne sais lequel des deux écrivains a emprunté l’idée de l’autre.

Mais au-dessus de tous ces contes et nouvelles de Henri Kleist, il faut placer son Michel Kohlhaas, histoire admirable, légende curieuse du moyen âge, qui prend le lecteur, et ne le laisse plus reposer jusqu’à ce qu’il en soit venu à la dernière ligne de ce beau drame. Là le récit est fait avec une telle boime foi et une telle simplicité, qu’on penserait, comme l’a dit Tieck, entendre plutôt le résumé d’un grand procès que l’ouvrage d’un poète : là les figures sont si correctement dessinées, les physionomies si expressives, les costumes et les mœurs si bien observés, que l’on se croirait volontiers transporté dans quelque vieille galerie, où un peintre de l’époque aarak avec son naïf pinceau représmté comme il les a vus, l’électeur de Saxe et le marchand de chevaux, la grave et religieuse figure de Martin Luther et les airs étourdis du jeune seigneur de Tronka. Je ne connais rien de plus vrai et de mieux soutenu d’un bout à l’autre, que le caractère de Kohlhaas, « ai qui intéresse plus que la vie de ce pauvre homme, aux soufirances duquel on prend part, même dans le moment où il se venge de la manière la plus cruelle. Otez quelques légères taches de cet ouvrage, comme par exemple quelques faibles erreurs historiques, quelque chose à ce que la fin a d’un peu fantastique, et fose croire que le Michel Kohlhaas de Kleist serait un morceau achevé, comme il est déjà un morceau digne d’être