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HENRI DE KLEIST

LE COMTE.

Veux-tu donc faire quelque chose par amour pour moi ? KXTCHEN.

Tout ce que tu voudras. Parle.

LE COMTE.

Ne me suis plus. Retourne à Heilbronn ; le veux-tu ? KÆTCHEN.

Je te l’ai promis.

Et elle tombe sans force dans les bras de son père. Bientôt elle languit, elle se meurt, elle est comme une plante privée du soldl qui la fait vivre. Et pour renaître, il faut qu’elle retourne auprès du comte. Elle ne le fait pourtant qu’après qu’elle lui en a demandé la permission ; alors elle redevient son bon génie. Une fois elle le sauve d’un grand danger, en l’avertissant d’une attaque que ses ennemis ont complotée contre lui ; une autre fois elle se jette dans les flammes pour en retirer quelque chose qu’elle croit lui êtrie précieux.

Vient enfin l’heure où le comte, touché de tant de dévouement et d’un amour si constant, si humble, si candide, se rapproche de Kâtchen, et alors, en causant avec elle, apprend quel rêve elle a fait, et lui a fait, à la même époque, la même nuit, un rêve semblable. Il l’a vue elle, conduite par un ange ; mais l’ange lui disait que c’était la fille d’un empereur, et ce n’est que la fille d’un pauvre armurier. Comment conciUer cela ?

Bientôt le mystère s’explique, Kâtchen est véritablement la fille de l’empereur, qui, voyageant une fois dans la province , a séduit la femme de l’armurier. Alors le comte Strabl l’épouse. Et ainsi se termine cette pièce, belle et mystérieuse chronique, toute empreinte d’un parfum du moyen âge, chant d’amour si suave, dont l’analyse ne peut faire comprendre ni la grâce, ni la douceur, et qu’il faut lire en entier pour en connaître le charme.