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À MA DOULCE MYE ROCCA,
m’interrogeant si j’avais souvenance du premier temtement d’amour.


Se m’en soubvient de ceste heure tant belle
Où mon amy vers moy vint accourant,
Plus beau cent foiz que la roze nouvelle,
Ne voyd Zéphyr d’elle s’énamourant,
Ez moyz gentilz que chante Philomelle ![1] 5
Lors que me dict : « Plus ne veulx, damoyselle,
» Aultres desduicts qu’estre pour vous souffrant, »[2]
Vyz mon esmoy : puyz demandes, cruelle,[3]
Se m’en soubvient !

Pour ceste, emprez qu’eust dict : « Fiere pucelle,[4] 10
» Estes à moy », qu’eust, de bayzers couvrant
Secrets appaz que traistre Amour décele,
Faict qu’en ses braz senty qu’alloy mourant,[5]
Pas trop, ma foy, ne me soubvient d’icelle,
Se m’en soubvient.15


Clotilde de Surville.
  1. Vers 5. Dans les mois.
  2. Vers 7. Autre plaisir.
  3. Vers 8. Tu vis mon émotion.
  4. Vers 10. Pour cette autre heure.
  5. Vers 13. Que je sentis une j’allais mourir en ses bras.