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Si Franc Gontier, et sa compaigne Heleine[1]
Eussent ceste douce vie hantée,
D’aulx et civotz,[2]qui causent forte alaine,
Ne mangeassent bise crouste frottée.
Tout leur mathon[3], ni toute leur potée,
Ne prise un ail : je le dy sans noisier.
S’ilz se vantent coucher soubz le rosier,
Ne vaut pas mieux lit costoyé de chaise ?
Qu’en dictes-vous ? faut-il a ce musier ?
Il n’est tresor que de vivre à son aise.

De gros pain bis vivent, d’orge et d’avoine,
Et boivent eau tout au long de l’année.
Tous les oyseaux d’icy en Babyloyne,
A tel escot, une seule journée,
Ne me tiendroient non une matinée.
Or s’esbatant (de par Dieu) Franc Gontier,
Heleine et luy souz le bel esglantier.
Si bien leur est, n’ay cause qu’il me pese :
Mais, quoy qu’il soit du laboureux mestier,
Il n’est tresor que de vivre à son aise.


ENVOY.


Princes, jugez, pour tous nous accorder.

  1. Les Bergers de la pièce à laquelle il répond.
  2. D’ail et de civette
  3. Mathon, lait caillé.