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des plantes, ce suc trouvant des ouvertures, monte dans le tuyau des végétaux, les fait croitre et les entretien dans un etat parfait, c’est à la faveur de la circulation continuelle du suc nourricier que les plantes recoivent sans cesse une nouvelle nourriture qui sert à leur entretien et à leur accroissement, de même que les animaux ont un besoin absolu de prendre de tems en tems de la nourriture mais la premiere preparation de cette nourriture s’opere bien différemment dans les végétaux que dans les animaux les uns tels que les quadrupedes étant pourvû de dents proyent [sic] leurs aliments par la mastication et déjà ils se trouvent mêlés avec la salive qu’on peut regarder comme un dissolvant et la digêtion [sic] se fait par le sejour que font les aliments dans l’estomac .

La digêtion commencée dans l’estomac se perfectionne dans les intestins par le mêlange des sucs pancréatiques, spleniques et de la bile, le chile qui doit reparer le sang est pompé par les veines lactées, et porté dans les vaisseaux sanguins pendant que la portion des aliments qui n’est pas propre à la nutrition suit la route des intestins et est jettée dehors, c’est ce qui forme les engrais après la putrefaction, quant aux animaux depourvus de dents ils avalent les aliments sans les mâcher, ils sejournent dans le jabot ou ils s’atendrissent sans y eprouver une vraie digêtion, delà ils passent dans un estomac musculeux qu’on nomme le gesier, ou ils s’ubissent une trituration considérable suivant la differente espece d’oiseaux.

Plusieurs phisiciens ont crû que les organes qui opèrent la première préparation de la seve residoient dans les plantes mêmes, et ils ont pensé pour me servir de leurs exprèssions que l’estomac des plantes étoit situé entre les tiges et les racines, il me paroit plus naturel de croire avec d’autres phisiciens que la premiére préparation de la seve se fait dans la terre même ou l’eau dissout la partie de la terre et des fumiers qui peuvent servir à la nourriture des végétaux, l’estomac des végétaux est donc dans la terre, les racines font par leur epanouissement l’office des veines lactées, elles sucent dans la terre un chile végétal debarassé de ce marc inutile