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Quoique les cinq couleurs primitives je dis tittoresques soient regardées comme couleurs primitives, nous ne les regardons en cette qualité que parcequ’on ne fait aucun mélange mais que c’est seulement une extraction faite des atomes colorans que produit une plante ou une racine &c. mais comme nous l’avons déja dit le jaune n’à de beauté que parceque le rouge domine.

Le fauve est un composé de jaune, de rouge et de noir, le rouge participe du bleu ou du jaune ; s’il participe du premier, le rouge est d’un cramoisi pourpré, s’il participe du jaune, le rouge sera semblable à celle que produisent les rayons lumineux. Enfin le rouge acquiérera de la vivacité a proportion que le jaune sera pur ; le bleu doit être regardé comme une couleur derivée du noir, et qui ne peut reflechir des rayons parfaitement bleus s’il ne participe d’une teinte rouge, le noir est la couleur la plus compliquée. Il participe du jaune du bleu et du rouge à proportion égale. Si l’une des trois manque le noir est imparfait.

D’après ce que nous venons de dire, il n’y auroit donc pas de couleurs principes, quoiqu’il y en ayent qui soient formés d’une seule substance colorante, mais au contraire qu’elles seroient dependantes les unes des autres.

Si on considéroit les couleurs tittoresque et celles produites par l’optique, on y trouveroit une parfaite analogie tant dans leur principe que dans leur mélange, mais d’une maniére opposée.

Reprenons Nous avons dit plus loin que les couleurs phisiques ne devoient leur formation qu’à une matiére lumineuse composée de parties hétérogènes, et par le moyen de différens rayons lumineux que produira un prisme , on appercevra sept couleurs absolument opposées l’une à l’autre, ces couleurs ne devront leur existence qu’à des molecules étrangeres à la lumiere qui sont répandues dans le vuide immense qui separe le globe terrestre de l’astre lumineux, le plus ou le moins de lumiére nous présente une surface plus ou moins colorée et aussi différentes les unes des autres qu’elles sont eloignées du point de lumiére. Ces septs différens rayons ou ces sept differentes couleurs ont fait dire aux phisiciens, qu’elles étoient couleurs principes ou primitives, et que par leur secours on peut varier les teintes à l’infini.