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substances qui servent a composer cette couleur, c’est ce que nous nous proposons de demontrer dans notre enciclopedie tittoresques.

Il seroit de la derniere importance pour la teinture que ceux qui le professent s’appliquent a connoître la théorie phisique et chimique du noir, cela les conduiroit à n’avoir qu’un seul composé pour teindre la laine, la soie, le fil et le coton. Et a l’introduire egalement solides sur chacun deux.

Quoique le noir soit regardé comme couleur primitive il n’y à point de produit qui soit plus composé et il n’y en à point qui soit plus sujet a la variation quant à la solidité les phennomènes que nous presente cette couleur n’ont point encore été examinés, ils meriteroient cependant d’autant plus de l’être que de leur connoissance ou reuniroit la qualité à la solidité. Mais la couleur noir est introduite sur une etoffe sans examiner la cause de cette production et est toujours le produit du hazard.

Dans l’ancien reglement que feu M. Colbert fit dresser, il etoit ordonné de passer l’etoffe qu’on vouloit teindre en noir dans une cuve de pastel pour y recevoir une couleur bleue, puis, qu’elle seroit passée sur une dissolution de tartre et d’alun, ensuite garencée et de la rabatu avec la décoction de la noix de gale, de la couprose et du bois d’Inde. Les procedés ont été variés ainsi que la main d’œuvre, mais executés d’une maniere la plus absurde, ensuite on à retranché le bouillon du tartre de l’alun et la garence, on s’est arrêté seulement au pied de bleu, ensuite noircit avec le sumac ou la noix de gale, la couprose et le bois d’Inde. Au deffaut du bleu, M. Hellot en joint dans son art tittoresque de donner une couleur fauve a l’etoffe avant de la noicir, que parce moyen on obtient un noir parfait.

Il est absolument deffendu par le reglement aux teinturier de ne teindre aucunes etoffes en noir sans que precédemment on ne lui ait donné un pied de bleu, ou pour le moins le fauve produit du brou de noix.

Il se presenteroit ici deux reflexions de plus interressantes si nous n’étions pas obligés de nous renfermer dans les bornes etroites qu’exige un manuel.