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Maniére de teindre le bleu.

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L’orsqu’on veut teindre en bleu, il faut bien mouiller les laines il seroit encore mieux si on les faisoit bouillir un quart d’heure dans l’eau avec addition de deux sceaux d’eau sure puis les lever et les laisser bien egouter et faire en sorte que l’eau soit egalement repandue parceque si on laissoit les laines sur leur egout la partie inferieure en auroit une plus grande quantité que la partie supérieurse par conséquent si on plongeoit la laine dans la cuve la partie qui seroit la plus impregnée d’eau ne permettroit point aux molecules colorantes d’adherer aussi facilement sur le sujet qu’aux endroits où il en seroit privé parceque les globules d’eau occuperoient les pores de la laine et ne permettroient pas à de nouvelles globules de si introduire ou du moins elles y seroient en moindre quantité que dans les parties qui seroient privées d’eau. Il resulteroit de la une couleur inégale qu’on ne peut réparer qu’en mettant la laine dans un bleu foncé. Il y à encore un déffaut essentiel et qu’on n’à pas encore prevu, les ouvriers jusqu’à present ont toujours été dans l’usage de redonner qu’une seule immersion dans la cuve, on y procede de la maniere suivante on passe une ficelle dans l’interieur de la laine en forme de centaine, on met la laine dans la cuve suspendue par la ficelle et cette ficelle est passée sur un morceau de bois qui traverse la cuve, on ouvre la laine grossierement dans la teinture puis on la leve et on exprime bien le bain, cette maniere d’opérer est des plus absurde et des plus irreguliére en ceque la laine etant suspendue dans la cuve par la ficelle elle n’à point l’etendue nécessaire pour permettre aux atômes colorants de s’y introduire réguliérement, les endroits les plus serrés sont ceux qui sont le moins chargés de couleur par