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et on le reduit en des parties les plus fines possibles, on le met dans la cuve ensuite on y introduit la dissolution de l’alcali fixe puis on couvre la cuve, après avoir toutes fois agité le melange et on laisse reposer le bain pendant 7 ou 8 heures, au bout de ce tems si l’indigo à été bien broyé il doit paroitre sur la surface du bain des pellicules bleues en ceque la cendre gravellée a donné à l’eau un gout foible d’alcali, l’acide alcali dissout et repandu dans le fluide se jette sur la partie resineuse, ou pour mieux dire la partie alcaline divisée à l’infini dans l’eau les particules de l’indigo ne peuvent occuper la moindre espace sans qu’ils ne remontrent de parties salines et qu’ils ne souffrent de leurs parts quelqu’alteration.

Enfin l’eau chaude en divisant les parties, elle amollit aussi le principe resineux et dans son état de molesse l’alcali le penetre peu a peu, se mixte se decompose parceque le principe acide s’unit avec l’acali avec lequel il à de laffinité. Cette union ne peut cependant se faire sans mouvement parce qu’on sait que les alcalis font efferrescense avec les acides. C’est pendant cette operation qu’il se fait une fermentation sensible ce qui arrive toujours l’orsqu’un principe quelconque s’unit avec un autre principe opposé.

A mesure que la combinaison des deux sels se fait amesure le principe resineux se decompose et le principe huileux se reparoit peu a peu dans son etat primitif c’est qu’il quite sa forme solide pour paroitre sous une forme fluide. Il résulte de cette decomposition que les atomes colorants se degagent de la matiere solide pour se disperser dans le fluide alors le bain de la cuve paroit un peu chargé de couleur c’est pourquoy il paroit sur la surface de la cuve des bulles bleues et qu’ensuite le bain prend une couleur verte on ne peut attribuer la couleur verte des cuves bleues qu’à la partie inflammable et cela s’accorde assez à ce qu’à dit M. Geoffroi sur la couleur verte des feuilles des plantes. Il dit que cette couleur ne doit sa naissance qu’à une huile rarefiée et mêlée avec les sels volatils et fixes de la sève lesquels restent engagés dans la partie terreuse pendant que la partie acqueuse se dissipe, cette conjoncture paroit d’autant mieux fondée qu’elle s’accorde avec les experience qu’il a faits sur l’huile du tin rapporté dans son memoire donné à lacademie [sic] des sciences en 1707.