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mêmes parois de toute humidité d’après son absence il se forme un duvet c’est ce qu’on appelle suie, la chaleur en dessechant le duvet suyeux raproche le principe huileux avec le principe salin, mais la chaleur attenue le phlogistique, l’altere et l’acide se concentre dans la suie, au moyen de cette concentration, l’acide devient plus penétrant et aide lui même à la destruction du phlogistique et donne à cette substance une teinte plus jaune ; il n’est point etonnant que la couleur extraite de la suie ne soit point aussy obscure que celle du brou du noix.

Si on examine la decoction du brou de noix et de la suie, on les trouvera très epaisse, par la raison que l’un et l’autre contenant une portion inflammable et une partie saline assez considérable, il en résulte par leur combinaison une vraie resine mais beaucoup plus sensible dans la decoction du brou parceque le sel essentiel y est moins caustique, par conséquent l’huile agit plus puissamment et y paroit dans un etat plus marqué c’est aussi à raison de son epaississement et de l’huile surabondante dont nous avons parlé plus loin que les atomes colorants s’appliquent irrégulièrement sur la laine, si on ne lagite longtemps particulierement pour les couleurs claires.

Il est evident qu’une matiere opaque aglutine les sujets qui l’approchent, ainsi il ne paroit pas etonnant, ou du moins il ne doit pas le proître si on voit après avoir plongé la laine filée dans les couleurs extraites de ces substances, les fils colés les uns avec les autres et floter sur la surface de la liqueur particulièrement sur la couleur extraite de la soie, et par une suite d’examens on concevra aisément, que la partie resineuse extractive tient les atomes colorants dans une liaison tres etroite et qu’ils ne peuvent se distribuer régulierement sur le sujet qu’on veut colorer si on ne brise, pour ainsi nous exprimer, le mastiq résineux en autant de parties que d’atomes colorants c’est ce qui ne peut se faire sans efforts.

Une agitation rapide divise les parties rassemblées, et cela se fait d’autant plus volontiers que la chaleur met elle même la partie resineuse dans un etat prochain de division, en ce que la partie ignée la pénetre en tous sens, l’air rendu elastique fait des efforts pour se dissiper, ces efforts ne peuvent se faire sans mouvement, ce mouvement ebranle les parties.