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PREMIÈRE PARTIE.

naison de ces deux principes, nomment sulfate d’alumine. Ces effets n’ont pas lieu si le deutoxyde d’arsenic est pur.

Nous ne saurions trop recommander de bien nettoyer les vases dans lesquels on aura fait bouillir l’arsenic, afin d’éviter les dangers qu’une coupable négligence pourrait entraîner.

Nous ajouterons toutefois que d’après un travail très-étendu présenté à l’Académie des sciences par M. Ad. Chatin, il semblerait résulter que l’arseniage des céréales, dans le but de détruire la carie ou le charbon, est inutile, attendu que l’acide arsenieux, même employé en grande proportion, est sans influence sur les cryptogames en général et sur les uredos en particulier ; et, qu’indiquer l’inutilité de l’arseniage, c’est démontrer l’urgente nécessité de prohiber la vente de l’acide arsenieux dans les opérations agricoles.

Nous avons déjà dit que la carie avait une odeur très-désagréable ; nous ajoutons ici que les globules qui s’envolent lorsqu’on dépique le blé qui en est infecté, non-seulement font tousser les batteurs, mais qu’elles diminuent l’appétit des ouvriers et les font tousser ; ces accidents n’ont aucune suite fâcheuse ; ils disparaissent avec la cause qui les produit, c’est-à-dire en cessant ce travail. Plusieurs médecins ont regardé la carie des blés comme cause productrice de plusieurs maladies endémiques ; les expériences de Tillet et Tessier ont démontré cette erreur. Il est en effet constaté que le pain provenant d’un blé carié fait éprouver du dégoût sans autre inconvénient, sans doute à cause des effets produits par le calorique sur la carie pendant la cuite du pain. A l’appui de cette assertion, nous citerons les habitants de plusieurs contrées qui se nourrissent constamment d’un pain provenant de blé carié, et souvent très-fortement, et qui, cependant, n’en éprouvent aucun fâcheux effet. Il en est de même des animaux qui en mangent la paille, sans en être affectés. Malgré cela, nous conseillons de laver bien soigneusement les blés affectés de craie, et destinés à être réduits en farine, afin de rendre le pain de meilleure qualité et plus agréable au goût.

Du Charbon, improprement nommé Nielle.

Les agronomes ont longtemps confondu la carie avec le charbon ; c’est à Tillet et Tessier que nous devons la connaissance de la différence de ces deux fléaux des céréales. Nous avons dit, à l’article précédent, que la carie n’attaquait que le blé ; le charbon, au contraire, infecte, attaque presque toutes les graminées, mais surtout l’orge, l’avoine et le maïs. Quant aux blés, ils en éprouvent moins de ravages que de la