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MALADIES DES BLÉS.

coup de sa force, et qu’une partie ne levait pas. D’ailleurs, comme l'on fait sécher ce blé, la chaux incommode beaucoup celui qui le sème.

Chaulage par la chaux sèche. Ce moyen est très-simple, il consiste à mêler exactement avec le blé plus ou moins de chaux, ou pulvérisée ou délitée, c’est-à-dire réduite en poudre par son exposition à l’air. Mais la chaux, ainsi mélangée, a le grave inconvénient d’incommoder encore plus le laboureur. Pour obvier à cet inconvénient, il est des agriculteurs qui lavent ensuite les blés chaulés par les diverses méthodes. Cette pratique est vicieuse ; Bénédict Prévost s’est convaincu qu’il paraissait alors beaucoup plus de carie : elle doit donc être rejetée.

Dans beaucoup de localités, l’on a chaulé avec le*sulfate de fer (couperose) et le sulfate de cuivre (vitriol de Chypre), et même le sublimé corrosif. Nous allons faire connaître une méthode que nous avons contribué à propager pendant plus de vingt ans : elle consiste à chauler par l’arsenic. Voici la manière d’opérer : on prend 30 grammes d’arsenic en poudre très-fine . par hectolitre de blé ; on le fait bouillir dans cinq litres d’eau ’ de rivière ; lorsque cette liqueur est tiède, on étend le blé par terre, et on l’asperge soigneusement avec cette liqueur, en le remuant constamment. Le lendemain, on sème ce blé, qui, se trouvant un peu gonflé, germe beaucoup plus vite. Cette pratique est généralement suivie maintenant dans tout le département de l’Aude, et surtout dans l’arrondissement de Narbonne, où tous les pharmaciens vendent le deutoxyde d’arsenic sous le nom de poudre contre le charboné. Nous en avons débité nous-même annuellement jusqu’à quatre mille paquets, sans qu’il en soit jamais arrivé aucun accident fâcheux. Cette méthode très-simple est d’une efficacité constatée par une longue expérience ; le prix en est d’ailleurs très-modique, puisqu’il ne revient pas à 5 centimes par hectolitre. Les pharmaciens vendent ces paquets 10 centimes chacun, et malgré ce gain de plus de 100 pour 100, il en est que la cupidité porte à y ajouter jusqu’à 40 centièmes d’alun. Cette fraude est facile à reconnaître : il suffit de verser un peu de cette poudre dans de l’eau froide, de remuer, et de décanter cette eau au bout de quelques minutes. En versant dans une partie de cette liqueur quelques gouttes de nitrate de barite, elle doit devenir laiteuse, ce qui annonce l’acide sulfurique, l’un des constituants de l’alun, tandis que quelques gouttes de solution de potasse ou de soude versées dans l’autre y forment un précipité blanc, qui est l’alumine, autre constituant de l’alun, que les chimistes, pour désigner la combi-