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premiers chrétiens n’ont pas été exempts de cette folie, puisque les papes et les conciles prirent le parti de condamner les phylactères que les nouveaux convertis au christianisme portaient sur eux, pour se préserver de certains dangers. La France a eu ses enchantemens, comme la crédule antiquité. On s’imaginait, au commencement du XIVe. siècle, faire périr ses ennemis avec des figures de cire appelées volt ou voust, et des paroles que toutes sortes de personnes ne pouvaient prononcer efficacement.

ENCHANTÉES (Armes).Voyez Galanterie.

ENCLOUER un canon, c’est faire entrer de force un clou d’acier dans la lumière d’un canon, pour empêcher le service. Le chevalier de Ville attribue l’invention de cette ruse de guerre à Vimercatus de Brême, qui encloua le canon de Sigismond Malatesia ; mais Juvénal des Ursins parle d’un canon encloué au siège de Compiègne, par Charles VI, en 1415, c’est-à-dire un an avant la naissance de Malatesta. On a trouvé depuis le moyen de parer à cet inconvénient, et de faire servir les pièces enclouées.

ENCLUME. Les anciens faisaient remonter aux temps les plus reculés l’invention du marteau, de l’enclume et des tenailles. Les Egyptiens attribuèrent ces découvertes à Vulcain, un de leurs premiers souverains ; d’autres en faisait honneur à Cyniras, père d'Adonis ; époque qui remonte également à la plus aute antiquité. Enfin il est parlé dans Job de l’enclume et du marteau. On fait actuellement beaucoup d'enclumes de fonte dont le prix n’est guère que le tiers de celles en fer. Les fabricans de quincaillerie d’Allemagne et d’Angleterre n’en ont pas d’autres.

ENCOURAGEMENT. Voyez Société d’encouragement.

ENCRE. Ménage prétend que ce mot vient de l’italien inchiostro, qui a été fait du latin encaustum, dont les Polonais ont fait incost, les Flamands inkt, et les anglais luk. C'était avec un léger


pinceau que les anciens écrivaient, et leur encre n’était autre chose que du charbon de cœur dé pin pulvérisé dans un mortier et détrempé, auprès du feu ou au soleil, avec de la gomme pour lui donner de la consistance. Deux Athéniens, Polygnote et Mycon, qui excellaient dans la peinture, sont les premiers qui aient fait de l’encre de marc de raisin, que l’on nomma tryginum, qui veut dire fait de lie de vin. Les empereurs et les rois écrivaient avec une encre pourprée, qui était composée de coquilles pulvérisées et de sang tiré de la pourpre. Il n’était permis qu’à eux d’écrire avec cette encre, appelée par les Latins encaustum. Selon Pline, le seul des anciens qui rapporte les différentes manières de faire de l’encre usitées de son temps, l'encre la plus commune, et celle dont on se servait pour écrire des livres, était faite avec de la suie d'un bois résineux appelé tœda, mêlée avec celle que l’on tirait des tuyaux de cheminées, et dans laquelle on faisait de la gomme. Le même auteur parle d’une espèce d’encre qui venait des Indes, et dont il ignore la composition ; mais il prétend que toute sorte d’encre doit être mise au soleil, pour acquérir sa perfection, et que celle dans laquelle on faisait infuser du vin d’absinthe empêchait les souris de ronger les livres. Les anciens faisaient encore de l’encre avec le sang de certains poissons qui l’avaient noir. Ils se servaient d’une liqueur rouge pour écrire les titres des livres et les grandes lettres : c’était, selon Ovide, du vermillon ou quelque autre liqueur dans laquelle on faisait infuser du bois de cèdre. Quoique l’écriture en lettres d’argent, pour le titre des livres et pour les grandes lettrés, soit très ancienne, on ne peut cependant assurer qu’elle fût en usage chez les Romains, surtout du temps de la république. Les Hollandais attribuent à Laurent Coster, natif d’Harlem, l’invention dé l’encre dont les imprimeurs se servent de nos jours. L’encre commune, la plus usitée aujourd'hui, est un composé de tannin