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somme d’argent prescrite par les lois. Alors le maître était obligé de présenter l’esclave au polémarque archonte, et de le déclarer libre, ce qu’il faisait en lui mettant la main sur la tête, après quoi un héraut l’annonçait au peuple. Souvent cette grâce était accordée aux esclaves par le public, lorsque, pour les besoins de l’état, on les avait enrôlés avec les citoyens ; alors, pour récompenser leurs services, non seulement on leur accordait la liberté, mais on les élevait à la dignité de citoyens. C’est ce que fit la république en faveur de ceux qui mirent en fuite les Lacédémoniens près de l’île d’Arginuse, et de ceux qui s’étaient distingués à la bataille de Chéronée.

L’affranchissement, à Rome, commença sous le règne du roi Servius Tullius. Ce prince, voulant fortifier la république en multipliant les citoyens, fit porter une loi par laquelle il était permis aux particuliers d’affranchir leurs esclaves. Les affranchissements étaient rares dans les premiers temps, et ne se faisaient jamais que pour de bonnes raisons qu’on était obligé de déclarer au magistrat.

Il y avait trois manières d’affranchir les esclaves à Rome. La première se faisant par le cens ou dénombrement, censu ; il suffisait qu’un esclave que son maître voulait affranchir fît inscrire son nom dans les registres publics, et fît la déclaration du bien qu’il possédait.

La seconde manière était d’affranchir l’esclave par la baguette, vindicta. Elle fut introduite, l’année d’après l’expulsion des rois, par P. Valerius Publicola, lorsque, pour récompenser l’esclave qui avait découvert la conspiration des jeunes Romains en faveur des Tarquins, il lui donna la liberté.

La troisième manière d’affranchir les esclaves se faisait par testament.

Pour diminuer l’autorité des seigneurs, les rois de France ne crurent pas devoir mieux faire que d’affranchir les serfs de l’esclavage sous lequel ils gémissaient. C’est ainsi que Louis-le-Gros, en 1135, Louis VIII, en 1223, commencèrent à diminuer le nombre des esclaves dont la France était couverte. Saint Louis et Louis-le-Hutin suivirent l’exemple de leurs prédécesseurs ; mais c’est surtout dans le temps des croisades qu’on vit les seigneurs engager ou vendre leurs fiefs et rompre à prix d’argent les fers de leurs serfs ou esclaves.

« Nous savons, dit Voltaire, que les rois et les hauts barons avaient affranchi plusieurs de leurs bourgeois à prix d’argent, dès le temps des premières croisades, pour subvenir aux frais de ces voyages insensés. Affranchir signifiait déclarer franc, donner à un Gaulois subjugué le privilége d’un Franc. Francus tenens, liberè tenens. Un des plus anciens affranchissements dont la formule nous ai été conservée, est de 1185 : « Franchio manu et ore, manumitto à consuetudine legis salicæ Johannem Pithon de Vico, hominem meum et suos legitimos natos, et ad sanum intellectum reduco, ita ut filiæ suæ possint succedere ; dictumque Johannem et suos natos constituo homines meos francos et liberos, et pro hâc franchesiâ habui decem et octo libras Viennensium bonorum.