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COR COR

une cohésion plus forte. Différents essais ont prouvé qu’à la même tension elles cassaient moins vite ; d’où il suit que les cordes métalliques jaunes et blanches de M. Pleyel, à l’usage des facteurs d’instruments, l’emportent en qualité sur les cordes de Nuremberg, qui, jusqu’en 1811, avaient passé pour être les meilleures que l’on pût employer. (Moniteur, 1811, pag. 85 et 622.)

CORINTHIEN (ordre). Voyez architecture.

CORSET. Il paraît que chez les anciens les jeunes filles se serraient fort avec une large bande qu’elles mettaient par-dessus la chemise, au-dessous du sein, pour se rendre la taille plus fine, et la faire mieux paraître. Les Grecs appelaient cette sorte de corset στηθόδεσμος, lien de la poitrine ; et les Romains, castulla. On lit aussi dans quelques commentateurs que les dames grecques se serraient le corps avec de petites planches de bois de tilleul très minces, lorsqu’elles avaient quelque difformité à cacher. L’usage de se serrer le corps doit avoir été connu des Étrusques, comme on le prouve par une femme nommée Scylla, que l’on voit sur une pâte antique, et dont le corps se rétrécit vers les hanches, comme un corset (Winkelmann, Histoire de l’art chez les anciens.) Le corset des dames romaines était le plus brillant des ajustements. Elles se servaient de ceintures ou de bandes dont les jeunes personnes se serraient le sein qui, jusque là, n’avait été soutenu, pour ainsi dire, que par les mains de la nature. Il y a apparence que ces bandes donnèrent la première idée des corsets. Ils ne furent pas long-temps en usage sans qu’on les décorât de tout ce que le luxe et l’envie de plaire peuvent imaginer.

Ce fut Catherine de Médicis qui introduisit en France l’usage de ces corps de baleine, espèces de cuirasses pour renfermer et contenir la taille des enfants, et qui leur sont très pernicieuses, parce qu’elles gênent la nature, la forcent et souvent l’étouffent. On a depuis long-temps abandonné ces corps de baleine serrés ; mais on a conservé les corsets qui maintiennent la taille sans la gêner.

CORVÉE. Certain travail et service que le paysan devait à son seigneur, pour la réparation des routes.

On a cru que la corvée était une institution très ancienne ; elle ne remonte pas au-delà de la régence ; elle a commencé à cette époque. Elle est née des circonstances et d’un exemple donné par les étrangers. Le duc Léopold s’en servit en Lorraine, on l’imita en Alsace, ensuite en Champagne, insensiblement et de proche en proche dans toutes les provinces.

Ce mot de corvée est très ancien dans le système féodal ; mais il y avait un autre sens ; il y représentait certains travaux de la glèbe.

Cet impôt vexatoire, dont on doit la suppression au vertueux Louis XVI, avait inspiré au chantre des Saisons les vers suivants :

J’ai vu le magistrat qui régit la province,
L’esclave de la cour et l’ennemi du prince,
Commander la corvée à de tristes cantons,
Où Cérès et la faim commandaient les moissons.
On avait consumé les grains de l’autre année ;
Et je crois voir encore la veuve infortunée,
Le débile orphelin, le vieillard épuisé,
Se trainer en pleurant au travail imposé.
Si quelques malheureux, languissants, hors d’haleine,
Cherchaient un gazon frais, le bord de la fontaine,