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VITRE - VITRINE - accapaient les verres qui désormais formeront le vi- trail et à souder les unes aux autres les baguettes de plomb. Quand un fall usage de verres doublés, on les soumet à l'action des vapeurs d'acide doorhydriques et l'on obtient teate la gamme des dégradés de tops. B-arts. Il ne semble pas que la fin de l'antiquité alt siis le verre pour la clôture de ses baies autre et qu'à titre exceptionnel et en feuilles coulées, inco- lores (texte de Plue sur une villa & Tibar, fragments de vitres trouvés à Pompéi; témoignages de Lactance 16 15 17 24 25 Vitrail: 1. Patois à faire des teintes grainées; 2. Petit blaireau; 3 Brosse & rolever: 4. Petit patois; 5. Pinceau à étendre la cou- leur: Grand Maireau; 7. Peintre verrier; 8. Fondeur de plombs: 9. Tireur de plombs et enfourneur, 10. Plomb; 11. Coupe d'un plomb; 12. Tournetie & couper le verre en rond; 13. Diamant; 14 Grigeoir: 1. Fer à souder, à essence: 16. Fer à souder, h gaz; 17. Place plate: 18. Pince coupante; 19. Couteau à lame double pour callbrer; 20. Ciseaux: 21. Marteau: 22 et 23. Couteaux à plomb; 24. Lime; 15. Os à rabattre. et de saint Jérôme au vit siècle de notre ère). Les pas- sages de Sidoine-Apollinaire, de Venance Fortunat et de Grégoire de Tours, d'où l'on a cru pouvoir inférer que certaines églises mérovingiennes possédaient de véri- tables vitraux, ne paraissent, en réalité, décrire que de pittoresques effets de lumière sur des mosaïques à fond d'or. En tout cas, l'art de la vitre peinte se développa beaucoup plus tard et dans les pays du Nord, principale- ment en France, Au vu siècle, l'Angleterre, l'Allemagne et les contrées scandinaves faisaient appel aux verriers français. Toutefois, c'est en Italie que Temploi du verre de couleur est signalé pour la première fois (description des fenêtres absidales de Latran par Anastase). Il en est de même de la mise en plomb, pratiquée au xi* siècle au Mont-Cassin, ainsi qu'en France (vitre assemblée par mise en plomb, découverte à Château-Landon). En 1052, l'abbaye de Saint-Bénigne, à Dijon, montrait un très ancien vitrail de l'histoire de sainte Paschasie. Il ressort, d'ailleurs, de l'ensemble des règles à l'usage des verriers, détaillées par le moine Théophile (Diceranrum artium schedula), qu'on savait tracer au pinceau, sur le verre in- colore on teinté, les détails du dessin et des hachures dombre en couleurs liquides, fixées au four. Le xu siècle prodigue de toutes parts des séries d'épisodes reliés par des ornements et de grandes figures isolées sur des fonds et toujours richement encadrées (vitraux des cathédrales de Chalons-sur-Marne, du Mans, d'Angers, de l'église Saint-Remi de Reims, etc.) Au xm siécle, la peinture des scènes empruntées à la tradition est très en progrès: les formes teulent partout à se naturaliser; mais les artistes restent remarquablement fidèles au principe de la mosatge translacite grand vitrail de la Passion à la cathédrale de Poitiers antérieur à 1224]: vitraux légen- daires à effet de tapis translucides des cathédrales de Chartres, de Bourges, etc.). Vers 1250, on commence à recourir, en des vues d'éclairage, soit à la grisaille simple (belles grisailles à Auxerre, à Troyes, etc.), soit à des combinaisons de grisaille et de sujets en couleurs (exem- ples à Chalons-sur-Marne, à Saint-Père de Chartres, à Saint-Urbain de Troyes Les architectores prennent ans plus d'importance. As xiv siècle, la découverte du jaune d'argent, qui permet d'apposer un ton janne bril- lant sur une feuille incolore, pousse an développement des encadrements architectoniques arcatures, halda- ains, pinacles, gabies, contreforts. Le procédé du pla- cage des verres conduit à des colorations nouvelles. Les verriers se prennent à renverser la donnée harmonique toujours acceptée jusque-là en détachant leurs figures en vigueur sur des fonds plus clairs, ce qui les amène à des effets de tableaux. Leurs verrières sont, du reste, d'un grand éclat et gardent une haute nue (vitraux de Saint-Ouen de Rouen, de Saint-Nazaire de Carcassonne, de la cathédrale de Beauvais). Dans les compositions lé- gendaires, les traits de moeurs, les expressions de la vie deviennent de plus en plus nombreux et significatifs (vitraux de corporations, à la cathédrale de Chartres, etc.). Auxy siècle, les encadrements architectoniques se char- gent de détails, les personnages se revêtent d'étoffes cha- marrées, brodées. traitées d'une habileté surprenante (vitraux donnés par l'évêque Jean Michel à la cathédrale d'Angers; vitraux du temps de Jean de Berry à la cathé- drale de Bourges et à la Sainte-Chapelle de Riom: vitraux à portraits aux cathédrales d'Evreux, du Mans, de Tours, etc.). On triple et on quadruple les verres pour mul- tiplier les nuances et l'on fait un croissant emploi des émaux. Ces mêmes caractères persistent en s'accentuant au XVI siècle [vitrail des Bourbons à la cathédrale de Moulins, à la cathédrale d'Auch, aux églises de Montmo- roncy, de Brou, etc.). Quelquefois, les verriers s'inspirent des estampes (réminiscences d'Albert Dürer sur un vitrail de l'église de Conches (Eure)). Les influences italiennes sont visibles dans le Triomphe de la loi de grâce, à l'église Saint-Patrice de Rouen: dans le Jugement de Salomon, de Robert Pinaigrier, à Saint-Gervais de Paris; dans le Jugement dernier, de la chapelle du château de Vincennes (attribué à Jean Cousin, mais sans preuve). Parfois, le paysage apparait avec des perspectives contraires à l'es- prit du vitrail. Parfois aussi, des séries de sujets sont exécutées uniquement en grisaille et en jaune d'argent (Legende de Psyché du château d'Ecouen, à Chantilly; Histoire de Daniel, à Gisors: Vie du Christ et Histoire de Tobie aux églises Saint-Pantaléon et Saint-Nicolas de Troyes, etc.). L'usage du vitrail est graduellement aban- donné au xvn siècle. Seuls les ateliers de Troyes produi- sent encore quelques pièces remarquables (Sujets emprun- tes a la vie de Henri IV et de Louis XIII, par Linard Gauthier, au musée de Troyes.). Les derniers travaux im- portants des ateliers de Paris sont: la verrière de Perrin, d'après un carton de Lesueur pour l'église Saint-Gervais (fragments recueillis au musée Carnavalet) et les vitraux de l'ancien charnier de Saint-Etienne-du-Mont. L'art du vitrail, complètement sacrifié au xvir siècle, a été quel- que peu remis en honneur dans la seconde moitié du XIX, à la faveur du mouvement historique et archéologique qui a réhabilité si heureusement les arts au moyen âge (vitraux de l'histoire de Jeanne d'Arc, à la cathédrale d'Orléans, par Jacques Galland, en 1895). Aujourd'hui, la construction en fer, en créant dans les édifices de larges baies, semble devoir favoriser la renaissance du vitrail (verrières du palais du Trocadéro en 1878; de la galerie des machines à l'Exposition universelle de 1889; de la Salle des Fêtes de l'Exposition de 1900; du nouveau musée de Dunkerque; etc.) [Voir les planches, pages 1330-1331]. VITRE (du lat. vitrum, verre) n. f. Techn. Panneau de verre qu'on place dans un châssis, et qui sert à empêcher l'introduction de l'air extérieur, tout en laissant pénétrer la lumière: Les VITRES d'une fenêtre. 11 Par ext. Vitrage, fenêtre: Ouvrir, Fermer la VITRE. Pop. Eil: Crever une VITRE a son adversaire. Car- reaux de vitre, Lunettes, lorgnon. Fig. et fam. Casser les vitres, Faire de l'éclat, du scandale, ne plus rien ménager. Agric. Nom donné dans le Calvados aux balles de céréales avortées, l'absence du grain leur donnant une demi-transparence. ENCYCL. V. VERRE, et VITRIER. VITRÉ, ÉE (du lat. vitreus, même sens) adj. Transpa- rent comme une vitre. - Anat. Corps vitré ou Humeur vitrée, Milieu interocu- laire, en arrière du cristallin et en avant de la rétine. (C'est une humeur transparente, d'une densité voisine de celle de l'eau [1,005], d'une consistance analogue à celle du blanc d'œuf, et dont l'indice de réfraction égale 1,339. Chez le foetus, il est constitué par du tissu conjonctif mu- queux, dont les éléments figurés s'atrophient et dispa- raissent chez l'adulte, et se condensent à la périphérie pour former la membrane hyaloide, qui, dans la partie an- térieure, riche en fibrilles conjonctives, constitue la zone de Zinn, s'insérant sur le cristallin. [V. CEIL.]) Membrane vitrée, Membrane hyaline, transparente, qui sépare les cellules épithéliales du tissu conjonctif sous jacent. (Cette membrane molle, qui se laisse facilement pénétrer par les cellules migratrices et les ramifications nerveuses, parait être surtout produite par l'activité des cellules épi- théliales. [V. PEAU, EPITHELIUM.]) Comm. Parchemin vitré, Celui que le défaut de trans- parence rend défectueux. Physiq. Electricité vitrée, Electricité qui a les mê- mes propriétés que celle que l'on développe sur le verre par frottement. On dit plutôt ÉLECTRICITE POSITIVE. VITRÉ n. m. Archéol. Espèce de toile qui se fabriquait anciennement à Vitré, en Bretagne, et aux environs. VITRÉ, ch.-1. d'arrond, d'Ille-et-Vilaine, à 38 kilom. de Rennes; 10.775 hab. (Vitréais, aises.) Ch. de f. Ouest. Carrières, fonderie de fer, ateliers de construction méca- nique, bonneterie, fabrication de toiles, de tricot, de meu- bles et de soufflets. Eglise Notre-Dame des xv*-xvI siècles, édifice élé- gant, orné extérieurement d'une chaire gothique; vitraux Château de Vitré. Renaissance et surtout triptyque du xv1 siècle. Ancienne église Saint-Martin, au cimetière (xvI s.), avec dôme. Eglise Sainte-Croix, édifice moderne de style gréco-romain. Châtean, une des plus belles forteresses féodales (XIV- xv* s.); il renferme une prison, une salle des archives. où sont déposés des plans et gravures, la bibliothèque et un musée de peinture et d'archéologie. Dans un ancien convent bénédictin sont installés le tribunal, la mairie, la sous-préfecture. Nombreuses maisons du moyen âge et de la Renaissance. Remparts conservés dans leur. moitié septentrionale. 1328 Les premiers barons de Vitré, cadets des comtes de Rennes, apparaissent au x siècle. A la fin du xin, la seigneurie de Vitré est unie par un mariage au comté de Laval. Vitré appartint en dernier lieu à la famille de La Tré- moille. Forteresse protestante, Vitré joua un rôle important dans les guer- res de religion: elle fut le théâtre de diverses sessions des états pro- vinciaux de Bretagne. Patrie de l'historien et jurisconsulte Bertrand d'Argentré. L'arrondissement a 6 cant., 621 comm. et 74.632 hab. Le canton Est a 10 comm. et 15.056 hab.; le canton Ouest a 13 comm. et 12.478 hab. Armes de Vitre. VITRELLÉ, ÉE (trèl) adj. Techn. Qui est en forme de vitrage. VITRER v. a. Garnir de vitres ou de vitrages: VITRKR une porte, une fenêtre, une serre. Techn. Vitrer des peaur, Donner de la transpa- rence aux peaux destinées à faire des cribles et des tam- bours, ce qu'on obtient en les exposant plus ou moins longtemps au soleil. Vitré, ée part. pass. Porte vitrée, Porte dont la partie supérieure est garnie d'un panneau vitré qui laisse passer la lumière. - Techn. Se dit des peaux rendues transparentes par les façons successives qu'elles ont reçues. Se vitrer, v. pr. Devenir transparent, ce qui est un dé- faut pour le parchemin destiné à l'écriture, ainsi que pour les peaux chamoisées. VITRERIE (ri) n. f. Fabrication et commerce des vitres : S'enrichir dans la VITRERIE. | Marchandises du vitrier: Acheter de la VITRERIE. VITRESCIBILITÉ (trèss-si) n. f. Caractère de ce qui est vitrescible. VITRESCIBLE (trèss-sibl' - du lat. vitrum, verre) adj. Qui peut se transformer en verre, devenir du verre. - SYN. Vitrescible, vitrifiable. VITREUSEMENT adv. Physiq. S'est dit pour Positive- ment: Corps électrisé VITREUSEMENT. VITREUX (trei), EUSE [du lat. vitrum, verre] adj. Qui a l'apparence ou la nature du verre. -Se dit de l'oeil, du regard qui ne brille plus: L'eil, le regard VITREUX est un des signes de l'agonie. - Comm. Porcelaine vitreuse, Porcelaine tendre et à demi translucide. Géol. Eléments vitreux des roches, Parties non cris- tallisées des roches éruptives, c'est-à-dire amorphes, n'ayant pas d'action sur la lumière polarisée. Minér. Cassure vitreuse, Cassure semblable à celle du verre, mais plus souvent translucide que transparente. - Pathol. Dégénérescence vitreuse, Forme de la dégé- nérescence cellulaire, dans laquelle le cytoplasma, le noyau et les différents organites cessent de se différen- cier et perdent leurs propriétés histochimiques ordinai- res. (On considère cette dégénérescence comme analogue dans son processus à la nécrose de coagulation et comme le premier stade de la dégénérescence caséeuse.) - n. m. Arg. Eil. VITREY, ch.-1. de cant. de la Haute-Saône, arrond, et à 44 kilom. de Vesoul, près de l'Amance; 840 hab. Ch. de f. Est. - Le canton a 22 comm. et 6.937 hab. VITRIC (trik'- lat. vitricus) n. m. Cout. anc. Mari de la mère, par rapport aux enfants d'un précédent époux. (Vieilli.) VITRIER (tri-é) n. m. Marchand ou fabricant de verre à vitre. Ouvrier qui pose les vitres dans leurs châssis : Voilà le VITRIER qui passe. Pop. Chasseur à pied, peut- être à cause des sacs en cuir verni que portèrent d'abord ces soldats, et qui reluisaient au soleil comme les vitres que les vitriers ambulants portent sur leur dos. 11 Les carreaux, au jeu de cartes. - Techn. Mastic de vitrier, Mastic fait de blanc d'Espagne et d'huile sic- cative, dont les vitriers se servent Armes de la cor pour fixer les vitres dans les châssis. Poration des vitriers (xvme s.). VITRIÈRE (rad. vitre) n. m. Comm. Fer en verges carrées, semblable à celui qu'on emploie dans les verrières d'église. VITRIFIABILITÉ n. f. Propriété d'être vitrifiable. VITRIFIABLE (de vitrifier) adj. Qui peut être changé en verre : Sable VITRIFIABLE. - SYN. Vitrifiable, vitrescible. V. VITRESCIBLE. VITRIFICATEUR, TRICE adj. Qui vitrifie, qui est pro- pre à vitrifier: Méthode VITRIFICATRICE. VITRIFICATIF adj. Qui vitrifie. VITRIFICATION (si-on- rad. vitrificatif) n. f. Trans- formation en verre: La VITRIFICATION du sable. Fusion qui donne, après le refroidisse- ment, l'éclat, la transparence et la dureté du verre aux matières fondues. Matière vitrifiée. - Alchim. Union, par le grand chaud, du sec et de l'humide in- terne en un corps transparent et fragile. VITRIFIER (du lat. vitrum. verre, et facere, faire. Prend deux i de suite aux deux prem. pers. pl. de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj.: Nous vitrifiions. (hue vous vitrifiiez) v. a. Changer en verre par la fusion: VITRIFIER du sable, des oxydes. Se vitrifier, v. pr. Etre vitrifié: L'oxyde de plomb SE VITRIFIE ai- sément. VITRINE (rad. vitre) n. f. Vi- trage d'une boutique : Des vi- Vitrine (xvI s.). TRINES hautes de deux mètres. Il Partie de la boutique qui n'est séparée de la rue que par ce vitrage: Exposer des bijoux dans sa VITRINE. II Table dont