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MORTIER - MORTIFICATION

— Encycl. Conslr. L’application dos tnortiers a lieu à l’étal do pàto gftchéo ù Icau ; par le temps, la niasse so solidlfio pour acquiirir une très grande dureté. Les morliprs sont simples ou composés.

l, Mortitrrs simples. Ils sont formôs do terre ou plâtre pû.cïiùs à l’eau en ayant soin d’augmenter la cohésion par l’introduction do co"rps filamenteux : paille {pi>(’s, torchis dos constructions rurales), étoupo dans le plâtre {.staff’). Les mortiers argileux usités dans la construction des tours se rattachent ù ce croupe : la terre à four {v-a-hic l, terre ar^iîouso 2, terre calcaire 2) on est le meilleur type. Le mastic d’asphalte sort parfois de mortier pour agglomérer des pierres (assises de machines, constructions sous-marines) ; naturellement, celui-ci est appliqué à chaud par pilonnage.

Il.iï/o ?'fi>rscompos< ?s.Ilssout formés soit de chaux grasses ou hydrauliques, soitde ciments, soit do pouzzolanes gâchés avec du sable selon l’application ; ces mélanges se divisent on doux groupes : les mortiers de chaiix grasse, essentiellement aériens, elles mortiers hydrauliques.

a) Mortiers de cfiaux t/rasse. Tri.’snm-’ienmnnoiacmployés^ mais do résistance assez faihle, ils croissent de 50 à 230 parties do gros sahlo pour loo parties de chaux. La soliditication a liou par formation de carhonate calclque englobant los molécules sableuses et dessiccation par porte d’eau : une faible épaisseur, l’accès de l’air, sont donc indispensables

b) Mortiers hydrauliques. Ce sont les plus usités actuellement, grâce â leur résistance (on moyenne égale à colle des pierres calcaires tendres), jointe à la propriété de durcir et de résister à l’eau. L’hj,’draulicité s acquiert do deux manières : soit par calcination de marnes (calcaires argileux) donnant des chaux plus ou moins argileuses, partant plus ou moins hydrauliques ; soit à froid par addition à une chaux grasse de’substances argileuses calcinées, dites pouzzolanes ; do là les subdivisions suivantes :

Mortiers ordinaires. 1,8 à 3 volumes de sable pour 1 volume de chaux hydraulique (constructions souterraines).

Mortiers pous’zolnni’/ues. 100 kilogrammes de pouzzolanes pfour 12 â 18 kilogrammes de chaux grasse (travaux do mer toujours immergés). On emploie quelquefois comme substances pouzzolaniciuesdes lalliej’s, des scories, dùs cendres ; ces mortiers sont en général médiocres.

Mortiers bâtards. Ciment et chaux grasse ; le ciment agit comme les pouzzolanes (constructions solides).

Mortiers de ciment. 2 à 40o kilogrammes do ciment do Portland par métro cube de sable (constructions dans les zones chargées, parties étanchos : canalisations, dallages, etc. ; travaux maritimes). On augmente beaucoup la solidité en coulant ces mortiers sur dos armatures do fer (ciment armf*). Les constructions ainsi obtenues sont mauvaises conductrices de la chaleur, résistent à l’incondio, et sont très hygiéniques. Le temps de prlso varie ; mais, en général, plus la prise est lonto, plus la dureté acquise est considérable ; à ce moment, la coliésion est obtenue par formation de silicate double de chaux et d’alumine et d’aluminato do chaux. Tous cos mélanges se préparent en éteignant au préalable la chaux, soit par aspersion, soit par immersion (lOo kitogr. de chaux grasse égalent 2 dôcini. cubes de chaux on pâte) et incorporant soit au rabot, soit à la malaxeuse. les pouzzolanes et le sable ; l’eau doit être assez pure, exempte do matières déliquescentes (sel marin) ; le sable à grains anguleux est préférable. Dans le cas où l’on incorpore au mortier des pierres, la masse prend le nom de béton.

— Archéol. Le mor/j’cr était l’emblème de la puissance souveraine : les soigneurs hauts justiciers le mettaient au-dessus do leurs armoiries, et les barons l’y ont conservé, rnuni do filets do perles. Les présidents àes parlements portaient également le mortier, ainsi que les chanceliers. Ceux-ci avaient lo mortier do toile d’or, avec le bord et le rehras en

hermine ; les

premiers pr-

■ ’onts r.’i


M nr tiers

président, lu Parlement (xvit» r.)

2 De conseiller h la Cour des comptes (actuel).

side ;

vaient do

lours noir,

cerclé de deux

largos ga-

lons d’or ; les

autres, dits

présidents à

mortier, lo portaient avec un seul galon étroit. Ces mortiers surmontent les armoiries dos magistrats ; celui du garde des sceaux est posé en cimier sur son casquo ; ils sont toujours de sable. Aujourd’hui, le mortier, légèrement modifié, est porté par les magistrats de la Cour des comptes cl do la Cour de cissation.

— Milit. Les mortiers semblent avoir été très anciennement employés. Les premiers projectiles desmorticrs furent dos pierres’ doù le nom de piVrrter* donné à certains types do cos bouches à feu, dont lo tir fut tout d’abord trop incertain pour que leur emploi so généralisât. C’est au premier tiers du XVII" siècle que remonte l’adoption, en Franco, d’un système régulier de mortiers comprenant les calibres de 8, 10, 12 ot 14 pouces. Les bombes étaient séparées de lachargo par une couclie de terre, ce qui fit croire ù la nécessité de mettre d’abord le feu à la fuséo do la bombe avant do faire partir lo coup. Mais, si le départ do celui-ci so trouv.’iit accidentellement retardé, la bombo pouvait éclatf^r tians l’âme. Gomcr modifia ce dispositif dans les mortiers auxquels il donna son nom et montra quo les gaz do la charge suffisaient à enflammer la fusée de la bombo. Co dispositif fut apphquô aux mortiers de 8, 10 et 12 pouces (22. 27 et 32 centini.) du système Griboauval. Plus lard, il y fut ajouté un mortier l’égor de o^.lT). destiné à être utilisé dans les traiicluHïs, et, pour la défense des côtes, un mortier do 0’»,32, dont l’angle de tir était une fois pour toutes fixé à Àb". C’est toujours sous cet angle — ou sous celui de 60", quand on veut faire du tir vertical — ^uo l’on pointe les mortiers lisses au moyen d’un coin do pointage. Pour faire varier la portée, on "modifio la charge do la pièce. La distance où peuvent atteindre les mortiers lisses va do 2.000 à 4.000 mètres, mais lo tir à ces grandes distances est peu précis.

Aussi a-t-on essayé d’appliquer aux mortiers les rayures des bouches à l’eu ordinaires. On ronmienra par essayer des canon» courts, puis des pircos dites ofjusiers-mortierSf plus courtes encore eu égard à leur calibre. Puis, enfin, la dénomination de ; mortiers rayés fut appli(|uée à des bouches à fou se chargeant par la culasse, et dont l’âme a environ sopt ou huit calibres do lotii ;uur, tandis que celle des mortiers lisses n’en avait généralement pas même deux. En France, lo nom do ■ mortier rayé • s’appiique offi-

ciollemcnt aux bouches à feu do 220 ot 270 millimôlros, établies d’après le système do liango. et dont les projectiles, chargés â la méhnite. pèsent jusqu’à 228 kilogrammes, tandis quo ceux des mortiers lisses de mémo calibre no pèsent que 23 et 51 kilogrammes, la bombe do O’-.sa no pesant que 75 kilogrammes pour lo mortier ordinaire et y4 pour le mortier à plaque. En outre, cos mortiers rayés sont montés sur dos all’uts analogues à ceux des canons, ot auxquels on peut appliquer, pour lo transport, des roues, qu’au moment du tir on remplace par des

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MoRTlEB (Arnold MoRTJÉ, dit), journaliste et autour draniatiuuc français, né à Amsterdam on 1843, mort à Croissy (Scine-et-Oiso) en 1885. Il se fixa à Paris en 1865 et entra dans le journalisme ; il écrivit au « Gaulois i> , avec Oouzion, des causeries théâtrales sous le nom de Frcd-Kbou, fonda la Veilleuse, lo Grelot, et entra en 1873 au « Figaro n, où, sous lo pseudonyme do t :N Monsikub de l’or- (•iiKsTBE, il rédigea une chronique (luotidionne do théâtre, qu’il réunit on volumes sous le titre de les Soirées parisiennes (1876-1885). Au théâtre, il a donné en collaboration

Mortiers (milit.) : A, du commencement du iiv» siècle. — B, de la fin du xiv» siècle. — C, du xvn» siècle. — D, à plaques. — E. de 32 cent — F fila Gomer — G, d.’ campagne. — H, mortier de 2J0 sur son affût (1. Vis de frein ; 2. Support de tourillon ; 3. Crochet de levage d’avant ; 4. Flasque ; 6. Crochet de levage d’arrière ; 6. Chaîne d’arrSt ; 7. Roulette ; 8. Levier lie pointaj-e ; 9. Levier h palet ; 10. Levier de soulèvement ; 11. Tenon de manœuvre ; 12. Levier ti lunette ; 13. Butoir ; 1*. Support de lanterne de chargement ; 15. Support de culasse- 10. Lanterne de chargement.) — 1, appareil ft tige cannelée pour boulets pleins. — J, bomb- sphènque (I. Œil ; 2. Mentonnct ; 3. Culot). — K, appareil Moisson, pour lancer plusieurs obus d’un seul coup.

roulettes. Lo pointage s’effectue au moyen d’une hausse, au lieu d’un fil à plomh comme dans les mortiers lisses. La facilité de déplacement dont jouissent les mortiers Kiyés a conduit à établirdes mortiers de campagne, destinés â permettre l’exécution du tir courbe avec dos projectiles do gros calibre. La Russie, par exemple, a adopté un mortier de campagne de 15 centimètres, monté sur un affût Engolliardt et un mortier de siège do 9 pouces (0",23), démontable en plusieurs parties.

Mortier-/i)Touvette, On nomme ainsi un appareil destiné à éprouver la puissance balistique des poudres au salpêtre. C’est un mortier do petites dimensions, fixé sur une somoUe à l’angle invarialde de 45°. Un projectile spbériquc plein, nommé globe, en fonte, et lesté au moyen de plomb coulé àl’intériour, dont le poids total est exactement connu, est placé au-dessus d’une charge déterminée de la poudre

éprouver. La distance à laquelle co globo est lancé par

la charge permet d’apprécier la puissance balistique do la poudre.

Mortier (Edouard-Adolpbe-Casimir-Josoph’), duc do Trévise, maréchal do France, né au Cateau en 1768, mort à Paris en 1835. Fils d’Antoine Mortier, député aux états généraux, il fut élu, en 1791, capitaine au 1" bataillon des volontaires du Nord, fit sos premières armes au combat do Quiévrain (17921, combattit à Jemmapes, Hondschooto, où il fut nommé adjudant général, à Wattignios (1793), où il fut blessé, et à FIcurus (1794). Chef de brigade en 1795, il servit à l’armée do Sambre-ot-Meuso, contribua à la victoire d’Altenkirchen, prit Gomiinden, ot chassa Warlensleben do Wurtzbourg. Gé-

néral de brigade en février

1799, il était divisionnairo sept

mois après et se signalait à

l’armée d’IIolvétio. En 1803, il

conquit lo Hanovre et fut élevé

en 1804 à la dignité do maré-

chal. En 1805, à la tête de

4.000 hommes, il osa attaquer,

près do Lcoben, une armée do

30.000 Kusses ot l’écrasa. Pen-

dant la campagne de 1806, il

commandait lo 8" corps de la

Grande Armée ; il prii Cassel

et Hambourg. En 1807, il battit

les Suédois à .tiklam ot se dis-

tingua à Friodland. A la paix

do Tilsit, il fut créé duc de l’réviso. Pa.îsé on Espagne l’annéo

suivante, il assiégea Saragosse,

gagna les batailles d’Ocana Mortier.

(1809) ot do Gévora (isil). En

1812, mis a la tête de la Jeune Garde, c’est lui qui, resté le dernier dans Moscou , fut chargé do faire sauter lo Kremlin. En 1813, il combattit encore à Lutzon, Bautzcn, Dresde, Leipzig et Hanau. En 1814. il contribua dans la plaine Saint-I)enis à la défense de Paris contre les Alliés. Louis XVHI lui donna le commandement do la 16* division militaire â Lille et lo nomma pair do France. Sous la seconde Restauration, il refusa de siéger dans le conseil de guerre chargé do juger lo maréchal Ney : il fut destitué. Mais, en 1816, il fut i’Iu député du Nord, puis réadmis à la Chambre des pairs. Après la révolution de Juillet, il devint grand cliancolior de la Légion d’honneur (183U. ministre île la guerre et président du Conseil Inov. 1834-mars 18.15). H fut tué, aux cétés do Louis-PhMippo, lors do l’explosion de la machine do Fioschi, boulevard du Temple, à Paria.

des ballets : I’«Wa(1879) ; la Farandole (1883) ; desopdrasconiiques et opérettes : Lakmé ; le Manoir de Pic-tordu (1875) ; le Docteur Ox (1877) ; Madame le Diable (1882) ; un vaudeville ; le Train de plaisir {mi) ; etc.

MORTIÉRELLE irèV) n. f. Genre de champignons do la famille des niucorinéos, dont lo sporange, sphérique, est séj’aré de son pédicello par une cloison plane.

MORTIFÈRE (du lat. mors, mortis, mort, ot ferre, porter) adj. Qui donne la mort ; Plante mortikkbe.

MORTiriANT [fi-an], ANTE [rad. mortifier] adj. Qui humilie, qui rend confus ; Reproche, Itefus mortifiant.

MORTIFICATION (si-on — rad. mortifier) n. f. Impression pénible, résultant de quelque chose d’humiliant ; J’ius on a d’amour-prnpre, plus on éprouve de mortifications.

— Alchim. Opération pendant laquelle le soufre ot lo mercure, après leur sublimation, étaient laissés en repos dans lo creuset.

— Art oulin. Commonroment de décomposition quo l’on attend pour employer certaines viandes ou certains fruits ; La mortification est fwjorttble au t/ibier, à la ne/le.

— Chir. Etat d’une partie du corps dans la<|uelle la circulation est interrompue, et qui so gangrène ou se paralyse : Dans la sjihacile, Uy a mortification entière.

— Chim. anc. Destruction do la qualité essentiollo ot caractéristique d’un corps.

— Relig. Privation, souffrance volontaire que l’homme s’impose à lui-même : Le jeûne est une mortification.

Il Sourtranco qui arrive indépendamment do la volonté, mais nui est considérée comme pénitence méritoire : Les maladies sont des mortifications que Dieu nous envoie.^

— Encycl. Chir. La mortification est déterminée, d’uno part, par les agents extérieurs qui détruisent les cellules, comme lo froid, la chaleur, l’électricité, les caustiques, les toxiques, los traumatismes ; d’autre part, par l’insuflisanco ou la suppression des conditions favorables du milieu intérieur, comme l’embolie, l’arrêt do la circulation.

On désigne généralement la mortification des tissus résistants, solides (os, cartilages), sous lo nom de nécrose et celle des tissus mous sous le nom de gangrène. Quand le tissu atteint est situé profondément et conserve uno sorte de vitalité obscure, la nioriilication prend le nom do nécroliiose. Les territoires mortifiés so laissent facilement envahir par les microbes de la putréfaction. Le traitement est subordonné à la cause, comme on l’indique aux mots gangrène, nécrose ; mais, la plupart du temps, il faut so contenter do hùtor l’élimination ou do réséquer los parties mortifiées.

— Kelig. La mortification peut être intérieure ou extérieure, spirituelle ou corporelle, selon ([u’ello s’applique * l’Ame ou au corps. Los moralistes , :hrétiens la regardent d’abord comme une expiation, puis comme un préservatif contre les défaillances à venir. Elle apparaît surtout, aux yeux de ses partisans, comme un excellent moyen d’éducation pour la volonté.

L’Eglise catholique prêche aux fidèles la mortification intérieure. Quant ù la mortification coriiorelle, elle en fait l’objet, à la fois, do préceplci etie conseils. Les préceptesorA pour but d’en fournir des occasions et d’eu offrir des modèles dans les abstinences et les icûnes, commandés à cor- : taines époques. Los conseils s’adressent aux inies d élito , qui aspirent â la perfection morale : ils leur proposent, sous la forme d’austérités plus rigoureuses, une sério i il’exercices asccliqnes, propres à les affranchir, dans los limites du possible, des exigences de la chair. L’Egliso conseille surtout los mortifications aux religieux ei aux