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Jacques-Antoine Manuel.

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avait dû visiter au Temple ou qualité d’ofticior municipal. 11 vota donc, après lo procès, pour la détention, le bannissement après fa paix, l’appel au peuple. Ayant donné sa démission après la mort du roi, il se retira dans son pays natal ; mais, bientôt arrêté comme suspect (août 1793), il fut ramoné à Paris, et mourut sur l’échafaud.

Manuel {Jacques-Antoine^ orateur et hommo politique français, né à. Barcelonnotto ou 1775, mort à Maisons-Laffitte en 1827. Eug :agô volontaire en 1702, plusieurs fois blessé sur le cliamp de bataille. Manuel quitta l’armée en 1797. Il étudia le droit et so fit inscrire au barreau d’Aix. Elu pendant les Cont-Jours par l’arrondissement do Barcolonnette, il uo siégea à la Chambre qu’après Waterloo, où il soutint la cause

de Napoléon II. Lo barreau

do Paris refusa de l’inscriro

çarmi ses membres, et il so

litavocat consultant. En 1818,

élu à la fois par lo Finisièro

et la Vendée, il opta pour ce

dernier département et sio-

j ;oa à gauclie. Sa parole vive, naturelle et véhémente à l’ex-

cès, faisait de lui le premier

orateur de sou parti. Manuel,

qui avait été réélu eu 1822 par 1 arrondissement des Sables-

d’Olonne, devait repousser le

crédit proposé par Chateau-

briaud pour l’expédition d’Es-

pagne. Après avoir montré

à la Chambre que le gouverne-

mont de Ferdmand VII avait

été « atroce», il lui donna

l’exemple de Louis XVI, dont

la mort avait été causée en

partie par l’envahissement du territoire français. La droite ne le laissa pas achever, et la séance dut être levée. Lo lendemain, tout en expliquant son discours, Manuel brava la droite. Une commission uornuiée par la Chambre, et dont le rapporteur fut La Bourdounaye, demanda et obtint l’expulsion de Manuel (2 mars 1823). Le lendemain, Manuel reparut à la Chambre et refusa de se retirer. Un piquet de gardes nationaux refusa de l’expulser, et il fut entraîné hors de la salle par les gendarmes de Foucault. Soixante-deux députés do la gauche le suivirent et refusèrent do siéger pendant le reste de la session. Manuel se retira au château do Maisons, chez son ami, le banquier Laflîtte, où il mourut. Pour éviter des troubles, on dut. faire passer par les boulevards extérieurs son cercueil, (jui fut suivi par une foule recueillie, mais frémissante.

Manuel (Eugène), littérateur fran» ;ais, né et mort à Paris 11823-1901). AdmisàrEcûle normale en 1843, agrégé on 1847, professeur en province, puis à Paris (1849), il fut choisi, après le 4 septembre 1870, comme chef de cabinet par Jules Simon, ministre de l’instruction publique. Il fut nommé inspecteur de l’Académie de Paris en 1872 et inspecteur général en 1878. En collaboration avec son beau-frère Ernest Lévi-Alvarès, il avait fait paraître, sous le titre de la Frayice, quatre volumes de lectures scolaires (1854-1855). Il collabora à différentes revues et donna des éditions critiques des Œuvres lyriques de Jean-Baptiste i ?ou5seau en 1852 et des Œui’res d’A. Chénieren 188 (.Poète, il débuta par des pièces publiées en 1862 dans la » Revue des Deux Mondes », et réunies en volume en 1865, sous le titre de Payes i7itimes, qui furent couronnées par l’Académie française. En 1870, il fit jouer au Théâtre-Français, avec un succès très vif, les Ouvriers, drame social en un acte et en vers, également couronné par l’Académie. Il publia encore : Poèmes populaires (1872) ; Pendant la guerre, poésies (1873) ; l’Absent, comédie (1873) ; A nos hôtes, poésie (1878) ; En voyage, recueil de vers fl888) ; Poésies du foyer et de l’école (1889). Eugène Manuel a été un des premiers, avant même F. Coppée, à cultiver un genre de poésie familière, intime et populaire. Il est le poète de la vie domestique et des humbles.

MANUELLEMENT (nz£-è-^e) adv. Avec la main : Travailler MANUKLLEMiiNT. Il Do la main à la main : Donner, Recevoir MANUELLKMKNT.

MANUFACTURABLE adj. Quî peut être manufacturé, employé comme matière première dans les manufactures.

MANUFACTURE (du lat. manus, main, et de facture) n. f. Etablissement où l’on fabrique en grand certains produits industriels, ii Ouvriers d’un de ces établissements : Manufacture qui se met en grève.

— Fig. Endroit où s’opère un certain travail, où quelque chose s’élabore : Pour les hommes de réaction, toute grande ville est une manufacture de révolution, il Ancienn. Action do façonner à la main certains produits. Il Produit façonné à la main.

— Manufacture royale, Manufacture qui s’établissait avec des lettres patentes du vo. Manufacture royale, nationale, impériale, Titres donnés, sous les divers régimes, aux établissements industriels appartenant à l’Etat.

— Syn. Manufacture, fabrique.

~ Encycl. C’est sous le règne de Louis XIV que s’élevèrent en France les premières manufactures ; mais ce n’est qu’à partir do la Révolution que l’industrie manufacturière a joui du régime de liberté indispensable à sou extension. Cette extension est devenue prodigieuse, sous liufluence du développement des besoins, des progrès «le la concurrence, et aussi de l’emploi des machines, do l’application do la vapeur et de l’électricité, de la division du travail.

La substitution des machines à la force musculaire de l’homme a permis d’employer dans les manufactures un grand nombre do femmes et d’enfants ; mais leur travail a été restreint par la législation dans des limites conformes aux lois do la nature et de l’humanité.

Dans le but de veiller aux intérêts de l’industrie manufacturière, ont été établies diverses institutions, notamment des chambres do commerce, des chambres consultatives des arts et manufactures, un comité consultatif des arts et manufactures, etc.

Manufactures d’armes. Un édit de 1572 réserva à l’Etat lo droit de fabriquer lui-même ses armes de guerre. La première manufacture d’armes fut établie à Saint-Etienne, par Georges Vigile. Actuellement, la France possède plusieurs manufactures d’armes, notamment à Saint-Etienne

et à lullo. où so fabriquent les fusils ; & Chatollorault, où s effectue plus spécialement la fabrication des armes blanches ; à BourL’os, où se fondent les canons. Manufactures de l’Etat. Sous ce nom, on comprend

I ensemble des services so rattachant au monopole que lEtat possède sur la fabrication et la vente dos tabacs.

Manufactures nationales. Ces manufactures, qui ont pour mission do maintenir les traditions do certaines fabrications artistiques, sont la manufacture do porcolainos do Sévros, los manufactures do tapisseries dos Gobolins à Paris ût de Boauvais, la manufacture de mosaïque à Paris.

MANUFACTURER v. a. Soumottro à la main-d’œuvre, au travail dos niauufacturos : Manufactdber des laines, des ft :rs. du tahuc.

Se manufacturer, v. pr. Etre manufacturé.

MANUFACTURIER iri-é), ÈRE adj. Qui a rapport, qui appartient aux manufactures : Indus’trie manufactubiérk.

II Qui so livre au travail des manufactures : La France est plutôt agricole que manufacturière. (Cormen.) il Où il y a beaucoup de manufactures : L’Alsace est un pays .manufacturier modèle. (Blanqui.)

— n. m. Propriétaire d’une manufacture : Un ri’c/ie manufacturier. Il Ouvrier d’une manufacture.

MANUFACTURIÈREMENT adv. A la manière dos manufactures, comme on fait dans les manufactures : Traiter MANUFACTURIÈREMENT une swôsfance. (L. Figuier.)

MANUL n. m. Zool. V. manoul.

MANULÉE n. f. Bot. Genre de scrofulariacéos.

— Encycl. Le genre manulée comprend dos plantes herbacées ou des sous-arbrisseaux, à feuilles souvent rapprochées vers la base de la tige, à fleurs réunies on grappe simple ou composée, nue ou munie do bractées ; le fruit est une capsule à deux loges polyspormos. On en connaît vingt-quatre espèces, de l’Afrique du Sud. Ou cultive dans les jardins la manulée à feuilles opposées, qui atteint la hauteur de 1 mètre et porto do nombreuses fleurs blanches ou rose lîlacé, se succédant pendant tout l’été.

MANU MILITARI (mots lat. signif. Par la main militaire), par l’emploi de la force armée : Expulser manu MILITARI un locataire récalcitrant.

MANUMIS {mi), ISE [du lat. manumissus ; de manus, main, et missus, renvoyé] adj. Féod. Mis eu liberté, affranchi.

— Substantiv. Affranchi, affranchie.

MANUMISSION {mi-si-on — rad. manumis) n. f. Alfranchissement légal d’un esclave, d’un serf : Za manumission passa du droit roîiiain dans le droit féodal. V. affranchissement.

— Par ext. Liberté donnée à des personnes ou à des animaux : L’animal qui jouit de sa manumission. (Rivarol.)

MANUS {nuss) n. f. Dr. rom. Droit de puissance, analogue à celui de la puissance paternelle, qui appartenait à un mari sur sa femme.

— Encycl. A l’origine, la notion du mariage était intimement liée à celle de manus ; plus tard, on distingua des mariages avec nmn«s, où la femme passait dans la famille de son mari, des mariages sans tnanus, où la femme restait dans sa famille propre. Il y avait trois modes d’établissement de la manus : confarreatio, coemptio, iisus. (V. confar-RÉATiON, et coEMPTiON.) La 7na7ius était établie par Vusus lorsque la femme était demeurée pendant un an sans interruption avec son mari ; mais elle s’y trouvait soustraite si elle avait passé trois nuits de suite hors du domicile conjugal (trinoctii usurpatio). La femme in manu était dans la situation d’une filia familias, sous la puissance du mari, si celui-ci était sui juris, du père du mari, si celui-ci était sous la puissance de son pater. La manus était dissoute par la mort de l’un ou l’autre des époux et par la diffaireatio, si la manus a été établie par confarreatio. . diffarréation.

La manus fut beaucoup moins fréquente dès la fin de la république ; sous Justiniou , elle avait depuis longtemps disparu.

MANUS (IN) n. m. V. IN MANUS.

MANUSCRIT (skri), ITE [du lat. manus, main, et scriptus, écrit] adj. Qui est écrit à la main ; qui est couvert d’écriture faite à la main : Un volume manuscrit. Une page manuscrite.

MANUSCRIT [skri — même étymol. qu’à l’art, précéd.) n. m. Ce qui est écrit à la main : La salle des manuscrits à la Bibliothèque nationale, il Original écrit à la main de l’ouvrage d’un auteur : Envoyer son manuscrit à l’imprimerie.

— Encycl. D’après les lexicographes, l’expression de tnanuscrit s’applique, sans distinction de la matière et des instruments employés, à tout ce qui est écrit à la main, par opposition â ce qui est imprimé. Mais cotte détinition est trop compréhensive et manque de précision. Il est, eu effet, à peine besoin d’expliquer que lo manuscrit entendu dans ce sens très large exista du jour où l’homme eut inventé l’écriture. Sa forme et sa matière furent, par suite, aussi variées que le permirent les circonstances, les instruments employés et le but à atteindre. Or ce n’est pas de l’expression de « manuscrit » qu’on se sert aujourd’hui pour désigner ces premiers monuments de l’activité intellectuelle de l’homme. Le nom qu’on leur donne le plus ordinairement est celui de la matière qui los compose ou de la forme qu’ils affectent : brique ou tablette de Ninive. cylindre chaldéen, etc. La science dont ils forment les éléments n’est pas a. paléographie, comme les manuscrits proprement dits, mais bien Vépigraphie. (V. ce mot.^ L’appellation de « manuscrit », en effet, est réservée, à très pou d’exceptions près, aux textes écrits à l’aide rie la plume .ou du pinceau, sur papyrus, parchemin ou papier. Et encore, certains de ces textes, généralement très courts, qui constituent à peu près exclusivement le domaine delà diplomatique (v. ce mot), reçoivent-ils, le plus souvent, des désignations spéciales tirées de leur nature môme : chartes, diplômes, bulles, etc.

Los exceptions auxquelles il viont d’être fait allusion

I.c Manuscrit, panneau dvcuriilir h la Bibl. iiall« [tapisserie des GolinlÎD &J, carton de Ehrmaoa (xi.te ».}.

MANUEL — MANUSCRIT

portent surtout sur cette catégorie assez nombreuse de manuscrits orientaux qui sont peints ou gravés, à l’aido d’un pinceau ou d’un stylo, sur dos feuilles de pahuier ou sur des planchettes do bambou, et qu’on appelle dos manuscrits sur olles ou simplement des olles. Tels sont beaucoup do manuscrits palis, sanscrits, tamouls, birmans, siamois, etc. On range encore assez communément parmi les manuscrits les tablettes do cire, dont l’usage s’est continué jusqu’au xïx’ siècle, mais il uo saurait être question do ces particularités dans le

présent article. V. mi-

niature, paléogra-

phie, tablette de cire,

et OLLE. •

La forme que le manu-

scrit, ainsi entendu, a !

fecta d’abord et pari. ;

pendant toute 1 anr i

uuité classique ostcell>j

au rouleau ou volumen,

et, jusque vers lo ii* siè-

cle av. l’ère chrétienne,

l’unique matière em-

ployée fut le papyrus.

C’est vers cette date seu-

lement qu’on commenc ;a

à se servir du parclit-

min. L’extrémité du >

lumen était collée i,ui

une baguette, dont ].i

longueur dépassait sen

sibloment la largeur di

rouleau, et dont b ,

bouts étaient ordinai

rement ornés do motif

décoratifs on ivoire on

en métal. Le rouleau,

dont la longueur étai :

variable et allait quoi

quefois jusqu’à une don

zaino de métros, étaii

généralement divisé ,

(ians ce sens, en colon-

nes ou pages ; par con-

séquent, les lignes d’é-

criture y étaient tra-

cées dans le sens même

de la longueur et non

pas, comme l’usage en

devint constant au moyen âge, dans celui de la largeur. Au fur et à mesure qu’il avançait, le Ie( ;teur roulait do la main gauche ce qu’il avait déroulé de la main droite, jusqu’au moment où jl arrivait à la baguette {ad umbilicum), c’est-à-dire à la fin. Pour mettre le rouleau à l’abri des détériorations et de la poussière, on lo glissait dans uu étui. Le litre do l’ouvrage était collé sur cet étui, ou écrit sur une bande qu’on attachait aux extrémités de la baguette {cornua). Les bibliothèques dans lesquelles il était ensuite conservé étaient formées d’une série do cases {armaria, nidi) ; on le plaçait aussi dans des boîtes cylindriques, munies d’un couvercle {scrinia), qui étaient de véritables bibliothèques de voyage.

Chez les Grecs et les Romams, les manuscrits étaient copiés par des esclaves, et le nombre de ceux appelés literati qu’on employait à ce travail était si considérable (lu’on cite le cas d ouvrages reproduits à des milliers d’exemplaires.

Le papyrus perdit peu à peu de sa favour ; on lui préféra le parchemin. La forme do rouleau fut clle-mèmo abandonnée. De mémo qu’on rapprochait, quelquefois, plusieurs tablettes de cire pour en former un codex — cette expression désigna primitivement la réunion de plusieurs tablettes — de même on réunit plusieurs feuillets de parchemin, quelquefois de papyrus, pour en former ce qu’on continua d appeler un volumen, en modifiant la signification de ce mot. Ainsi fut trouvée la forme vraiment pratique sous laquelle le manuscrit devait passer do l’antiquité au moyen âge. Cotte transformation ne semble pas avoir été générale avant le n* ou lo m* siècle de notre ère.

Le manuscrit fut dès lors composé de cahiers appelés quaternions {quaterniones). Ces cahiers, formés originairement par la réunion de quatre feuillets — Ils on eurent assez souvent, dans la suite, cinq et même six — étaient reliés entre eux, tout comme aujourd’hui, par la partie de leur pliure qui forme dos. Leur nombre dépendait naturellement de l’importance de l’ouvrage. Chafiuo quaternion recevait assez régulièrement un numéro d ordre (I"», II’", III"» q.) au bas do la première pa^e, et so terminait, au bas de la dernière, par la reproduction du ou des premiers mots du cahier suivant, en guise de réclame.

Ces premiers manuscrits étaient d’un format presque carré. Les plus anciens spécimens qu’on on ait conservés ne paraissent pas remonter au delà du m" ou du iv» siècle. C’est, en effet, la date qu’on assigne, d’après los paléographes les plus autorisés, au célèbre Virgile en capitales, dont des fragments sont partagés entre la bibliothèque du Vatican et celle do Berlin. A côté de ces précieux fragments so trouvent, dans cette même bibliothèque du Vatican, trois autres manuscrits do Virgile qu’on range aussi, ajuste titre, parmi les monuments les plus importants de la paléographie latine. Ce sont les manuscrits appelés Palatinus {v s.), Vaticanus (iv" s.) et Romanus (vi" s.). Ces deux derniers sont rendus particulièrement précieux par los nombreuses et curieuses peintures qui les ornent. On cite encore, parmi les manuscrits sur parchemin antérieurs au viii* siècle : au Vatican, deux Cicéron palimpsestes du m* ou du iv» siècle, un Térenco du iV siècle, un Juvénal palimpseste du v" siècle, etc. ; à la Laurentienne do Florence, un Virgile du v» siècle ; à l’Ambrosienno de Milan, un Plauto palimpseste du iv» siècle ; à Saint-Gall, un Virgile du iv siècle ; à Turin, un Cicéron du iii* ou du iv« siècle ; et enfin, à la Bibliothèmie nationale de Paris, de beaucoup la plus riche, uo Prudence du v« siècle, un Tito-Livo du v* siècle un saint Hilairo du v* siècle, deux Grégoire do Tours du vu* siècle, un Pcntateuque de Tours, avec pointures, du vii« sièi’lo, etc., et bien d’autres.

La Bibliothèque nationale do Paris possède, en outre, dans son fonds grec, ciuelques volumes de cette époque primitive, parmi lesquels il suffira do signaler dos Epltres do saint Paul du v" ou du vi" siècle, un fameux palimpseste

V.