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LUNE — LUNETTE

relief se voit mieux dans un éclairage oblique, à quelque distance do la pleine lune. Il y a de hauts pics qui peuvent atteindre 8.000 mètres, et que l’on mesure par leurs ombres portées ; des cratères circulaires, avec pitons centraux ; des rainures ou failles étroites et profondes ; des mers, taches uniformes grisâtres. Depuis longtemps, on a dressé des cartes orthographiques de la lune et donné des noms à toutes les singularités.

Depuis la découverte de Newton, les efforts des géomètres sont restés vains pour établir une théorie assez complote do la lune : Hanscn était parvenu à l’emprisonner durant un siècle dans des formules déjà compliquées, et qui ne tardèrent pas à devenir insuffisantes. Au point de vue analytique, il est vrai, notre satellite présente dos difficultés considérables : il faut, tout d’abord, séparer les multiples inégalités dont il est affecté, les limiter, trouver leur origine, sans compter, parmi les points que nous n’avons pu signaler ici, l’accélération séculaire. Newton imagina que son attraction terrestre pouvait s’étendre jusqu’à la lune : le calcul l’arrêta, cependant, pendant seize ans, car il possédait de mauvaises déterminations pour la dimension do la terre, mais il aboutit enfin. Une orbite elliptique, première approximation, put être attribuée à notre satellite : immédiatement, le problème se complique, car l’attraction solaire est relativement considérable : le centième de celle do la terre environ, et l’on est conduit à co célèbre problème des trois corps, qu’il est impossible jusqu’ici de résoudre en toute rigueur. Newton tenta l’approximation, et il allait trouver les propriétés les plus essentielles, l’avancement du périgée, la rétrogradation du nœud, la van’iiion et Véquation annuelle. Puis viennent les ir,j’. au- i- i 1 jiraut et de d’Alembert, à qui l’on doit l’expii’ ■ /.»« ; ceux d’Euler, Laplace,

Damoiseau, iMi . )■ Lubbock, do Pontécoulant,

Ilansen, Delauna ; lin,., llill, etc., qui perfectionnent sans cesse cette iliéoric, découvrent les diverses inégalités, font remonter leurs origines tantôt au soleil, tantôt aux actions planétaires. Cependant, Hallcy avait remarqué l’accélération séculaire de la longitude, résultat confirmé par Dunthorne, Tobie, Mayer et Lalande, en remontant aux plus vieilles éclipses mentionnées ; Lagrango cherche inutilement l’explication do ce phénomène, tandis quo Laplace montre clairement qu’il faut l’attribuer à la diminution de l’excentricité terrestre : le phénomène ne saurait donc être, à proprement parler, séculaire, puisque cette dernière diminution doit cesser dans 24.000 ans.

Nous no pouvons insister ici : pour avoir une connaissance de ces théories, il faudrait encore s’adresser à Baily, Airy, Newcomb, etc., étudier avec soin l’histoire et les circonstances des éclipses, voir le rôle do la lune pour un ralentissement contmu de la rotation do la terre, son influence pour créer le phénomène des marées sur nos océans, l’importance de ses inégalités pour la connaissance de l’aplatissement terrestre et de la parallaxe du soleil, la construction des tables de la lune pour la détermination des longitudes, la navigation, etc.

— Peint. Parmi les peintres spéciaux de clairs de lune, le plus célèbre est Aart Van der Neer, que ses biographes ont surnommé le Peintre des nuits. Après Van der Neer, on peut citer encore, parmi les HoHanciais, Abr. Pynacker, Abr. Van Borsum, etc. Parmi les Français, Claude Lorrain n’a été inégal à aucun. Joseph Vornet, au xv !! !" siècle, s’y est aussi distingué. Mais il semble que le romantisme, là comme dans lo paysage, ait appris à nos peintres le mystère et la mélancolie. Rien no ressemble moins à un clair de lune de J. Vernct qu’un clair de lune de Daubigny, ou de Corot, qui a élevé les effets de la lumière lunaire à la hauteur d une vision mythologique, de l’école de Barbizon, des Diaz, des Français ou des Millet. Plus près do nous, un Diaz, un Cazin, un Billotte se sont montrés exquis dans co genre.

Lune (Au clair de la), chanson populaire, dont l’origine est inconnue. Il n’en est pas do plus fameuse en Franco. Son allure do berceuse, son rythme un peu nonchalant, ses paroles candides, la font chanier par toutes les mères à leurs enfants. On peut tenir pour certain que

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AuoUirdola lu--ne . Mon a mi Pier-rot . Prê-temoita

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plu-mo

la musiiiiic, il __ _ , pas sur aujoiinriiui, malgré co qui en a été dii, qu’elle soit do Lulli. Les musiciens ont écrit de nombreuses variations sur co thème si simplo et si régulièrement rythmé. Parmi les plus célèbres, nous citerons seulement : pour le chant, celles de Boicldieu dans ses Voitures versées ; pour le piano, colles do Hérold, et pour le violon, celles de llabenock.

Lune {l’Actrb «ionde ou les Etats et Empires tik r,A), par Cyrano do Bergerac, composé vers 1618 ou IGIO. répandu secrètement en manuscrit avant 1650. — Ce roman satirique était la première partie d’un ouvrage qui fut continué par VHistoirc de la République du soleil, quo la mort empêcha Cyrano do terminer. C’est sous forme d’une agréable fiction nui conduit en ballon Dyrcona, anagramme do Cyrano, d’abord au Canada, puis sur les terres (les Séléniens, une œuvre intorossanto do polémique scionliliquo, philosophique et sociale. Il est curieux qu’un auteur do second ordre du xvii» siècle ait pressenti, dans ses hasardeuses imaginations, tant do découvertes do la science actuelle ou de la sociologie moderne.

Lune (monts de la). Géogr. ’V. Kamar.

LUNÉ, ÉE (rad. lune) adj. llist. nat. Qui a la forme d’un croissant, qui .est échancré en forme do croissant, il Qui porte une taclie en croissant.

— Fam. Qui est dans certaine disposition d’humeur : Etre bien LnNli, mal r.UNK.

— En T. d© forestier, .Se dit du bois affecté de lunure. LUNEAU DE BoiSGERMAIN (Picrre-Joseph-François),

littérateur français, né à Issoudun en nsî, mort & Paris

ellents vins mus-

cn isei. Professeur dans la compaguie do Jésus, il quitta l’ordre, ouvrit à Paris des cours de grammaire et d’histoire, et résolut d’éditer ses livres lui-même. Son début fut une édition de Racine (1768). Les libraires lui tirent un procès pour exercice illégal de leur profession et il le perdit. Puis il attaqua les éditeurs de V/Cnctjclopédie, qu’il accusait de n’avoir pas tenu les promesses de leur prospectus, et réclama une indemnité de 500 francs pour chaque souscripteur. Le procès dura neuf ans ; Luneau y perdit presque toute sa fortune. On lui doit une application de la méthode ioterlinéairo de Dumarsais à l’enseignement des langues vivantes : Cours de lanijue italienne (1783) ; De langue anglaise (1784-1787) ; etc.,

LUNEBOURG, ville d’Allemagne (Prusse [prov. du Hanovre ]), sur rilmenau, sous-affluent de l’Elbe ; 24.700 hab. Jadis ville hanséatique florissante dont le port recevait toutes les marchandises expédiées de Saxe et de Bohème vers le Hanovre, Lunebourg est importante aujourd’hui surtout comme centre agricole (c’est un des principaux marchés du chanvre). Elle a conservé quelques beaux édifices, en particulier l’hôtel de ville plusieurs fois restauré du XIII" au xvm’ siècle, plusieurs églises (de Saint-Michel et de Saint-Jean), et un vieux château.

Lunebourg fut autrefois la capitale do la principauté du même nom, constituée (961) par l’empereur Othon en fief héréditaire de la maison de Billuug. Devenue duché immédiat de l’empire, elle fut réunie au Hanovre en 1692. Comprise, de 1807 à 1810, dans le royaume de Westphalie, elle fut réunie, en 1810, à l’empire de Napoléon et fit retour, on 1814, au Hanovre, dont elle suivit le sort.

LUNEBURGITE [jit’) n. f. Miner. Phosphoborate hydraté naturel de magnésie.

LUNEGIANE (la), pays d’Italie, dans les provinces de Parme, Modèno et Alassa, sur le versant occidental de l’Apennin, qui tire son nom de l’ancienne ville de Luna. Détaché de la Toscane en 1847, il fut réuni au duché do Modène. Ville principale, Pontremoli.

LUNEL (nèV) n. m. Vin muscat, qu’on récolte aux environs de Lunel : Une bouteille de lunel.

LUNEL {néV) n. m. Blas. Pièce héraldique en forme de quatre croissants appointés disposés do manière à imiter un quatrefeuilles. (Très rare.)

IiUNEL, ch.-l. de cant. de l’Hérault, arrond. et à 24 kilom. de Montpellier, près du fleuve côtier Vidourle, et dans uuo plaine riche, mais basse et peu salubro, à l’origine du canal de Lunel ; 7.203 hab. {Lunellois,oises.) Ch. de f. P.-L.-M. Commerce do vins, eaux-de-vie, bestiaux. Fabriques de liqueurs. Les environs de Lunel et surtout de Lunel-Viel, où se trouvent les meilleurs crus, fournisse

cats ; mais la production va din ., __ ^__,

ayant plus d’avantages à récolter des vins ordinaires. Lunel fut, au moyen âge, chef-lieu d’un puissant comté qui, confisqué par saint Louis, fut détaché de la couronne par Philippe le Bel, et réuni définitivement par Louis XI. — Le canton a 12 comm. et 14.833 hab.

IiUNEL (canal de), voie navigable du départ, do l’Hérault, long d’environ 12 kilom. et profond de 1»,50. Il part de Lunel et débouche dans le canal des Etangs en passant par Saint-Just et Saint-Nazaire.

Armes ilp L.incl.

LUNELLE (nèV) a. f. Zool. Repli de l’ouverture de la coquille, chez les mollusques du genre clausilie. (La lunelle ou pli lunule est située profondément dans l’ouverture et visible par transparence, sous forme d’une ligne arquée, blanchâtre.)

IiUNEL-VIEL, comm. do l’Hérault, arrond. et à 20 kilom. de Montpellier, entre le Dardaillon et l’un de ses affluents ; 1.130 hab. Vin muscat renommé. Savonnerie, tuilerie.

LUNEMENT (man) n. m. Fil grossier qu’on fabrique avec des étoiipes blanchies, et dont on fait des mèches pour chandelles ou lampes.

LuNERAY, comm. do la Seine-Inférieure, arrond. et à 17 kilom. de Dieppe ; 1.552 hab. Eglise des xiii", xvi» et xvii" siècles. Tissage do toile et rouennerie, huilerie.

LUNERY, comm. du Cher, arrond. et à 23 kilom. do Bourges, sur la rive gauche du Cher ; 1.583 hab. Ch. de f. Orléans. Usine métallurgique. Ancien château de Champroy. Enceinte retranchée à la Guerne.

LUNET [né] a. m. Espèce de fil- i ou de truble servant à prendre 1^ chevrettes ou crevettes.

LUNETIER (li-é), ÈRE n. Persorinqui fabrique ou vend des lunettes.

— Fam. Celui, celle qui porte des lunettes.

LUNETIÈRE (rad. lunette, par allusion à la forme du fruit) n. f. Nom Armes de I,i cnrpovulgairo des biscutelles. ration des lunetiers,

LUNETTE {nèf — dim.de ;«nc)n. f. bimbélotiersîîviÎKs.’) ! Glace d’un miroir circulaire. (Vx.) Il Instrument formé do plusieurs verres, disposés d’une certaine façon dans un tube qu’on place devant l’œil pour regarder un objet éloigné et qui le grossissent plus ou moins : Se servir d’une Lt ;NETTE. (On dit aussi lunette d’approche.) Il Lunette méridienne ou des passages, Lunette montée sur un axe fixe, à l’aide de laquelle on observe lo passage des astres au méridien, n Lunette d’opéra. Petite lunette ordinairement double, dont on se sert dans les salles de spectacle. (A été remplacé par lorgnette, jumelle. ) Il Lunette de nuit. Lunette à l’aide de laquelle on distinguo les objets de loin pendant la nuit, w Lunette-cornet, Kspèce do lunette d’approche plus courte que les lunettes ordinaires.

— Fig. Petit bout, Gros bout de la lunette. ’. LeRCNETTE. Lunette de ta guillotine, Trou par lequel passe la tête

du

ndamoé.

— Archit. Evidement formé par la rencontr voûtes en berceau, dont l’une est plu

(Leslunettes

sont biaises.

ou droites, suivant que les voûtes se rencontrent sous un certain angle, qu’elles sont à peu près de

coupent sous un angle de 90°.) Il Petite fenêtre pratiquée dans un toit. Il Cavité circu- laire, percée au centre d’une voûte d’arête pour

donne

du

Re

Lunettes : 1. A bride ronde {robinetterie) ; 2. A contre-éerou (robinetterie} ; 3. Carrée, pour tarauder ; 4. Ronde, pour rayons de bicyclettes ; 6. A p.irer (corroirie) ; 6, De mécanicien ; 7. De

-- lur de pierres ; 8. De forgeron ; 9. Ordinaires ; 10. D’automibiliste ; II. D’approche.

jeu.

contre d’une voûte en tour ronde avec un dôme.

— Artculin.

Os fourchu qui est placé au haut de l’estomac des volailles : Lever la lunette d’une dinde.

— Artill. Instrument qui se compose essentiellement d’un disque annulaire et sert à calibrer les projectiles.

Il Pièce métallique circulaire fixée à la crosse d’un affût, à la flèche d’un arrière-train de caisson, etc., dans laquelle on fait passer la cheville ouvrière do lavant-train pour réunir les deux éléments do la voiture : Lunette de crosse. Lunette de flèche. Rout de ctossc-lunette, etc.

— Ch. de f. Ouverture, munie de verre, pratiquée à droite et à gauche de l’écran d’une locomotive et permettant au mécanicien et au chauffeur de voir devant eux.

— Fortif. Ouvrage composé de deux faces et do deux flancs et ouvert à la gorge.

— Liturg. Partie de l’ostensoir, destinée à recevoir l’hostie consacrée.

— Mar. Lunette d’étambot, Orifice percé dans l’étambot avant pour le passage de l’arbre de l’hélice, n Lunette ou Elrangloir à lunette, Mécanisme permettant d’arrêter la chaîne de l’ancre quand elle file, n Lunette sous-marine. Appareil dont on se sert pour inspecter les flancs d’un navire à flot, et qui est composé d’un tube conique, muni d’une glaco dans laquelle les diverses parties de la coque viennent successivement se refléter.

— Milit. Lunette stadimétrique , Instrument qui sert à évaluer rapidement la distance du but visé. Il se compose essentiellement d’un stadia et d’une lunette astronomiquo ou terrestre. V. télémètre.

— Techn. Canal au moyen duquel le feu du four échauff’e les petits fourneaux adjacents, ii Partie extérieure de la boito d’une montre sur laquelle on place le verre, ii Ouverture d’une chaiso percée ou des lieux d’aisances. Il Sorte de coussin rembourré et percé en son milieu, qu’on dis-I )ose autour de la même ouverture, il Sorte do coussinet en acier quo l’on place dans une filière pour tarauder un boulon, une vis, un rayon de bicyclette. Il Pièce circulaire de bronze à bride ronde ou à contre-écrou servant au raccord de la tuyauterie de cuivre, ii Outil de corroyeur employé pour parer les cuirs.

— n. f. pi. Paire de verres enchâssés dans une garniture disposée de façon à être placée sur le nez, au-devant des deux yeux, pour aider ou protéger la vue. n Lunettes de myope. Lunettes à verres concaves ; de presbyte, A verres convexes, n .Vimiero d’un verre de lunettes. Numéro indiquant la courbure des verres et qui diminue â mesure que cette courbure augmente.

— Fig. et fam. Manière de voir particulière : Laissons chacun voir par ses lunettes. (M»’ du DefTant. ) Ce qui augmente la portée do l’esprit ; perspicacité : / ; faut avoir de bonnes lunettes dans le monde. Il N’avoir pas de bonnes lunettes. Avoir mis ses lunettes de travers. Voir mal les choses, n Mettez ou Chaussez mieux vos lunettes. Regardez avec plus de soin, n Nei à porter lunettes, Grand

— Jeux. Paire de lunettes. Au billard. Coup dans lequel les deux billes sur lesquelles on doit jouer se trouvent très rapprochées l’une de 1 autre, ii Aux dames. Position isolée de deux pions de même couleur séparés par une seule case, de façon qu’un pion de couleur opposée puisse se placer dans cette case intermédiaire, de manière à prendre l’un ou l’autre des pions.

— Manèg. Nom donné à de petits ronds de feutre qu’on place sur les veux des chevaux ombrageux, pour les monter ou les conduire plus facilement.

— Méd. Verres quo l’on place devant les yeux pour corriger cortains défauts de la vision.

— Milit. Lunettes de jnttrqueur. Lunettes à treillis métallique, dont se munissent les soldats apostés près Lunettes po des cibles pour marquer les coups.

— Techn. Glaces en verre épais enchâssées dans une monture spéciale et que le mécanicien place sur les yeux pour les protéger du vent, n Abri en toile métallique que les cantonniers emploient pour garantir les yeux dos éclats de cailloux lorsqu’ils les brisent, n Lunettes de soufflet. Doubles ventaux avec ventilions, ii Lunettes mistraliennes, Lunettes mi-partie en toile métallique et en verre, protégeant la vue en cas do grand vent, ii Fer à lunettes, Fer à cheval dont les extrémités sont coupées.

— Zool. Serpent à lunettes. Nom vulgaire du naja de l’Inde, ainsi appelé â cause de la tache doublement courbée qui existe sur son cou. V. naja.

— Prov. : Bonjour lunettes, adieu fillettes, ,rrivé â l’âg© où l’on a généralement besoin de lunettes, il ne faut plus songer à 1 amour.

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