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ITALIE

peut juger dans le baptistère de Pîse et le tombeau de saiut Dominique, à Bologne. Jean do Pise lui succède. On lui attribue les superbes bas-reliefs de la façade du dôme d’Orvieto, dans l’exécution desquels il se serait fait aidor par ses élèves : Agnolo et Agostino de Sienne, Fra Guglielmo de Pise, Orlando, etc. Agnolo et Agostino sont les auteurs du tombeau de l’évêque Tarlati de Pietramala, dans la cathédrale d’Arezzo. Andréa de Pise consacra vingt-cinq ans à la sculpture do deux portes du baptistère de Florence (1305-1330). La plupart do ces maîtres sont architectes, sculpteurs et peintres. C’est ce qui explique la tendance générale à ne voir dans la sculpture et lapeinture qu’un décor des édifices. L’art statuaire ne sera pratiqué d’une manière indépendante qu’au xvi’ siècle.

Florence est le centre d’activité le plus remarquable au xv« siècle. Ghiberti s’y inspire de la nature plus que des anciens. Il forme à son école : Desiderio da Settignano, sculpteur ému, presque élégiaque ; Andréa Verrocchio, orfèvre, sculpteur, graveur, peintre, musicien, l’auteur de la statue équestre de Coleoni à Venise. Verrocchio sera le maître de Michel-Ange et de Léonard de Vinci. Leopardo, Michelozzi, Luca et Andréa délia Robbia, Civitali, Mino da Fiesole, Modanino, etc., appartiennent aussi au xv" siècle. Michel-Ange domine l’école, au siècle suivant. Telles sont la sûreté de sa main, l’ampleur de ses conceptions, la majesté de son génie qu’il n’a pas d’élèves, et ses imitateurs, comme Bandinelli, tombent dans l’emphase. Toutefois, deux disciples do Michel-Ange, Montorsoli et Baccio da Moatelupo, acquièrent un certain renom. Sansovino fonde une école brilianio à Venise ; Cellini, célèbre comme orfèvre et connu mmanati, Jean Bo-

logne, Francavilla, M’ i- San Gallo, Lom-

bardi, etc., peuplent 1 > , Naples, Orvieto,

Lorctte de travaux ju^ti ;,.■ ... ..,,... ■ .l :s.

Bernin remplit le xvir sic* ;lo Uo sa renommée. Heureusement inspiré à ses débats, il est tombé, par la suite, dans le pittoresque à outrance, et ses contmuatours au xviii* siècle, artisans de décadence, s’appelleront l’Algarde, Maderno, Hossi, Rusconi, Fof^gini.

Une sorte de relèvement se manifeste au début du XIX* siècle avec Canova, épris de l’antique, dont le principal mérite est la ^’VA’->-. I ;aililoni, plus sobre, plus froid, interprète la naturr :>’,•■■•■ îrilmt. Vers le milieu du siècle, l’art fait place au m. ( !■ r. Nul no sait mieux traduire une étoffe avec son ^Taui lanicniier que ne le font les sculpteurs d’Italie. Beaucoup se servent du moulage sur nature. Vêla, de Turin, expose, en 18G7, à Paris, un Napoléon mourant, qui marque le point culminant d’une sculpture dénuée do style. Le Campo-Santo de Gênes abonde en effigies du môme ordre. Puis, ce sont les sujets enfantins, les scènes de genre qui prédominent jusqu’en 1878. A cette date, la sculpture italienne se ressaisit. Barzaghi, Calvi, Belliazzi, Civiletti, et principalement Monteverde donnèrent le signal d’un réveil. Lors de l’Exposition universelle do 1889, le mouvement s’accentue. Ferrari (Ettore) ]>laco sous les yeux du public un Ovidio et un Giordano Bruno, deux œuvres de haut style. Il en faut dire autant du Pêcheur de Gemito. Après eux viennent DanicUi, Maccagnani, Peroda et Sodini (Dante). Nommons encore : Bazzaro, Nono, Salvini. En I900, Bazzaro, Biondi et Gemito conquièrent les grands prix. A leur suite, viennent Alberti, ApoUoni, Astorn, Balzico, d’Orsi.Gallori, M"’ Lancello-Croce, etc., qui témoignent par leurs œuvres d’une régénération sérieuse de la sculpture moderne par l’étude approfondie de la nature.

— Peinture. Cimabue est l’ancôtre de la peinture en Italie. 11 vécut au xiii" siècle. C’est à lui qu’appartient l’honneur d’avoir rompu, dans une certaine mesure, avec les traditions byzantines. Il a des imitateurs en Giunta de Pise, Guîdo do Sienne, Margaritone d’Arezzo. Mais c’est avecGiotto (1266-1337), élève do Cimabue. que commence une transformation des types auxquels vont recourir les peintres. Il conçoit ses tableaux avec une ampleur et une liberté merveilleuses, fait mouvoir ses personnages sur des fonds empruntés à la nature. Ses disciples ou ses continuateurs sont : Cavallini, le Giottino, Taddeo et Agnolo Gaddi, Bnrt’almaco, etc. C’est Andréa Orcagna qui occupe lo premier rang par ses fresques au Campo-Santo de Pise. Les peintures de Bcrnardo Orcagna, au Campo-Santo, sont loin d’être aussi remarquables que celles de son frère ; Simone di Martine, Lippo Memmi, Duccio di Buoniusegna, Piotro et Ambrogio I>orenzetti, etc., travaillent avec éclat à .ssise, à Sienne, à Pistoia, à Florence, à Cortone, à Arczzo, et mémo à Romo au xiv siècle.

Lo siècle suivant s’ouvro avec Fra Angelico da Fiesole, dont l’exquise candeur et la foi touchante ont fait un maître sans rival. Plus fougueux sera sou disciple Benozzo Gozzoli, qui, dans ses vingt-deux fresques du Campo-Santo do Pise, le surpasse dans l’heureuse interprétation de la nature. Il est, avec Masaccio, lo précurseur de la Renaissance. Uccollo, Dello,Castagno, Fra Filippo Lippi. Verrocchio, Pallajuolo, Botticelli, Ghirlandajo, Mantegna, Gcntilo et Giovanni Bellini,Vivarini,GcntilodaFabriano, etc., assurent le renom de l’école au xv siècle.

Au XVI" siècle, les chefs de 1"^ - .1, ,,1, i^r ordre de naissance, Léonard de Vinci, Mi’ i : i ’. i ; i|)liaél, Fra

Bartolommeo, Andréa del Sario, I I , i i, (iiorgione.

Chacun d’eux a des continuai’-n .r.-.-. |.- xvi» siècle est-il, on quelque sorte, l’âge il’or de la peinture. A Léonard so rattachent Andréa Salarie, Gaudenzîo Ferrari, Bernardino Luini. Les suivants do Michel-Ange, plus nombreux, de tempérament moins homogène, sont Sobastiano del Piombo, DanieledaVoIterra, Vasari, Salviali, lo Bronzino, Allori, le Rosso. Raphaël est l’éducateur do Jules Romain, Ponni dit «le Fattoro n, Caldara dit « le Caravage », le Garofalo, Perino del Vapa, etc. Les peintres Albertinelli et Ridolfo del Ghirlandajo ont été formés par Fra Bartolommco. Andréa del Sarto est l’initiateur do Sgnazzella, Pontormo, Franciabigio. etc. Corrègo aura

Cour imitateur le Parmesan. Des innombrables disciples do ’itien,les deux plus illustres sont le TintoretotVéronôse. Giorgono fut lo premier maître do Scbastiano del Piombo et de Jean d’Udino qui, de Venise, passèrent à Romo.

Vers la fin du xvi* siècle, les Carraches dominent l’école ; à leur suite viennent le Dominiquin, lo Gucrchin, Scbidone, Lanfranco, le Guide, l’Albano, etc. Avec ces maîtres, nous sommes au milieu du xvii’ siècle, et la décadence s’acceutuo d’une façon rapide. Au siècle suivant, c’est à peine si Solimena, Tiepolo, Canaletto, Battoni méritent d être nommés lorsqu’on les compare aux maîtres de !a Renaissance.

Plus pauvre encore est l’école, pendant la première

moitié du xix« siècle. On cite toutefois Appiani, Hayez, Camuccini, Benvenuti. Un progrès s’est manifesté lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1867. Ussi de Florence fut remarqué pour avoir rompu avec le genre académique de ses devanciers. On rendit également justice à l’originalité relative de Gastaldi, Miola, Busi, Gordigiani, etc. En 1878, les tableaux de genre et les paysages prédominent dans la section italienne. Souvent, les artistes d’outremonts se forment dans des ateliers parisiens. Parmi les exposants qui attirent l’attention delà crititjue, il faut citer : PioJoris,deNittis,Massini,PasinietPagliano, Gordigiani, Castiglione,Galli, Fontana. En 1889, Boldîni, peintre d’architecture, obtient un grand prix ; des médailles d’or sont décernées à Bazzaro (Leonardo), Carcano, Ciardi, Maccari, Morbelli, Sartorio Segantini, peintres de ^enre, d’intérieur ou d’animaux, qui ont fait preuve de sérieuse originalité. En 1900, Boldini mérite, pour quatre portraits de la plus franche allure, un grand prix qui le place hors de pair. Après lui, Balestrievi, Joris, Michetti, Morbelli, Morelli, Tito, témoignent des progrès de l’école d’Italie.

— Grat’Hre. La gravure sur bois, en Italie, date de l’application de la typographie. On cite des publications illustrées parce procédé en 1467 et 1472. MatteoPasti, peintre, aurait été le plus ancien graveur de la Péninsule. Au XVI* siècle, la plupart des maîtres gravent certaines de leurs compositions : Beccafumi, Titien, Campagnola. On attribue à Hugo da Carpi la découverte de la gravure en camaïeu. Fantuzzi, Antonio da Trente, Boldrini, Andréa Androani, Coriolano, Zanetti, du xvi« au xviu* siècle, se sont fait un nom dans la gravure en camaïeu.

On attribue à Maso Finiguerra, orfèvre et sculpteur, élève de Ghiberti, la découverte de la gravure sur cuivre. Baccio Baldini grave sur métal, en 1477. Sandro Botticelli, Antonio Pollajuolo, Mantegna, Gio.-Maria et Gio. -Antonio de Brescia, Aïontagna, Zoan Andréa, les Campagnola, etc., acquièrent une juste célébrité. Marc-Antoine Raimondi, disciple de Raphaël, est un merveilleux interprète des œuvres du maître. Augustin Vénitien, Marc de Ravenne, Caraglio, Bonasone constituent la lignée de Marc-Antoine. Le M maître au Dé », Domenico del Barbiere, Franco, Rota, Reverdino, Vico, Passeri ou Passari, les Ghisi, de Mantoue, maintiennent sur tous les points de l’Italie la suprématie do la gravure au burin.

Le Parmesan a porté l’eau-forte à un rare degré de perfection. Véronèse, Priraatice, Baroche, Farinati, Palma, Fontana de Vérone, Giacomo Franco, Cesare Vecelli, Mazza, Camoccio, etc., s’adonnent avec éclat à ce mode de gravure.

Au XVII" siècle, les Carraches fixent à Bologne le centre de productions de l’eau-forte. Eux-mêmes sont graveurs. Mais la Sicile a Bellavia ; Modène, Ludovico Lana, Tempesta, Borgiani ; Parme revendique Imperiali, Mercati, Ottavio Leoni, les Mola ; Pérouse se réclame de Pietro Santi Bartoli, etc. Au xviii" siècle, les graveurs produisent avec une rapidité surprenante, mais no laissent après eux que des œuvres sans style. Les Tiepolo, Canaletto, Cunego, Volpato, Porporati, Piranesi, Longhi et Raphaël Morghen font toutefois exception. Au xix" siècle, deux noms sont à retenir ; ceux do Calamatta et de Mercury.

— Musique. C’est par l’église que les premières manifestations musicales se produisirent en Italie. Le pape Damase introduisit la coutume de chanter les psaumes dans le temple. Saint Ambroise régla la tonalité et le mode d’exécution des chants religieux, et adapta un certain nombre d’airs sacrés de la Grèce aux hymnes de l’Eglise latine ; .il supprima le système des tétracordes des Grecs et remplaça leurs modes trop nombreux par des gammes de quatre tons principaux (tons ambrosiens). Plus tard, au VI* siècle, saint Grégoire le Grand ajouta à ces quatre tons primitifs quatre tons nouveaux, qu’on appela tons plagaux. 11 rassembla ce qui restait des anciennes mélodies grecques et de celles composées par saint Ambroise, Paulin, Licentius, etc., et réunit tous les chants qu’il destinait aux offices dans VAntiphonaire. Plus tard, au XI* siècle, c’est au moine Guido d’Arezzo qu’on doit une méthode rationnelle d’enseignement de la musique.

A partir do ce moment jusqu’aux approches de la Renaissance, l’Italie no fait plus parler d’elle au point de vue musical, et c’est là, précisément^ le temps où les grands contrapontistes de l’é'îole franco-belge donnèrent à celle-ci toute son ampleur et tout son éclat. La plupart do ces musiciens visitèrent l’Italie et y firent souche d’élèves. Le Belgo Jean Tinctor fonda ù Naples, vers 1450, une école de chant et de composition ; un autre Belge, Adrien Willacrt, peut être considéré comme le fondateur de l’école vénitienne ; enfin, lo Français Claude Goudimel ouvre à Romo une école où il eut pour élève Palestrina.

Los Italiens surent profiter de ces leçons. De tous côtés surgiront une foule d’hommes remarquables : à Venise, Costanzo Porta, André et Jean Gabrieli, Zarlino, Alfonso délia Viola. Gastoldi, Orazio Vcccbi, GiovanclH, Claudio MeruIo ;à Florence, VincenzoGaliIei,filsdu grand Gai ilôt ?, Francesco Corteggia, Striggio ; à Naples, Carlo Gesualdo, prince do Venouse ; à Rome, Giovanni Animucfia, Costanzo Fcsta, Felico Ancrio, Luca Maronzio, Nanini. et enfin le plus grand de tous, Piorluigi da Palestrina. Il entreprit une réforme de la musique religieuse, qui était tombée en Italie dans un état complet d’abaissement, et il produisit des œuvres d’une simplicité magistrale. Il s’est aussi distingué dans des compositions pro- J fanes, principalement dans lo genre madrigalcsquo.

A son exemple s’étaient formés de nombreux artistes distingués, tels que son élève Guidetti, Cavaccio, Puliasrhi, Massaini, otc.qui s’efforcèrent d’introduire dans l’art des formes nouvelles. C’est alors qu’on vit, en dehors du madrigal, qui voulait être traité scientifiquement, des compositions d’un genre plus simple : villanelles, caïuo»», frottole. En mémo temps prenait peu à peu naissance la musique instrumentale concertante. Enfin, c’est à cotte époque que commença do fleurir aussi l’oratorio, grâce à saint Philippe do Néri.

On comptait déjà plusieurs écoles différentes : l’école napolitaine, fondée par Jean Tinctor ; l’école bolonaise,

2U1 devait sa naissance ù. un musicien espagnol, Ramis Paroja ; l’école lombarde, qui reconnaissait pour maître lo prêtre Franchino Gaforio ; l’école vénitienne, devenue florissante grâce à Adrien Willaert ; l’écolo romaine, dont Goudimel avait été le promoteur ; enfin, l’école florentine, grâce â laquelle l’opéra allait prendre naissance. C’est à Florence, on effet, qu’un petit cénacle de gentilshommes amateurs de musique, tels que Giovanni Bardi, Giacomo Corsi, Pietro Strozzl et Girolauo Mei. d© poètes comme Ottavio Rinuccioi,de savants comme Vincent Gali-

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lëe, d’artistes comme Emilio del Cavalière, Giacomo Péri, Giulio Caccini, conçurent la pensée d’iAiir les instruments aux voix dans des espèces d’actions scéniques rudimen taires, d’abord à un seul, puis à plusieurs personnages. C’est ainsi que, dès 1579, Strozzi composa un intermezzo qui fut chanté par Caccini ; quo Galilée mit en musique

I épisode du comte Ugolin, de la Divine Comédie, et ensuite les Za»ie«(a/ions de Jérémie ; que Caccini écrivit, surdesvers de Bardi, un monodrame intitulé il Combattimento di Apollo col serpente ; qu’enfin Bmilio del Cavalière fit exécuter deux compositions du même genre : il Satiro et la Disperazione di Fileno. Ces divers ouvrages, représentés pour la plupart à la cour de Toscane, obtinrent un tel succès que leurs auteurs en vinrent à écrire do véritables actions dramatiques en récitatifs, parfois avec chœurs, telles que la Dafne et il Giuoco délia cieca de Péri, Euridice de Péri, Caccini et Corsi, et il Rapimento di Cefalo de Caccini, Pietro Sirozzi et Luca Bâti.

Cette musique récitative,lûurde, pompeuse, sans grande saveur mélodique ou harmonique, contenait cependant eu elle le principe de l’opéra moderne. Claude Monteverde, maître de la chapelle de Saint-Marc, à Venise, bouleversa lo système musical en y introduisant l’harmonie dissonante et, par conséquent, la modulation ; il donna la coupe de l’air et du duo.

Après lui, Francesco CavalH, son élève, dans l’espace de trente années, de 1639 à 1669, ne fit pas représenter moins de trente -huit opéras. Venise, alors, comptait six théâtres, où présentaient leurs œuvres au public Cesti, Legrenzi, Lotti, Perti, Caldara, Bononcini, etc.

A Mantoue, Marco da Gagliono faisait représenter un opéra intitulé Dafne, et, à Bologne, Giacobbi donnait une Andromeda. Ce n’est qu’en 1668 que Naples vit s’ouvrir sa première scène lyrique, le théâtre San-Bartolomeo ; elle eut ensuite celui des Fiorentini (1706), puis le théâtre Nuovo (1724), et enfin, en 1740, le fameux théâtre San-Carlo. Ce n’est qu’en 1778 que Milan inaugura le théâtre de la Scala, que suivit de près celui de Canobbiana. Mais déjà, dès la seconde moitié du xvii* siècle, l’opéra avait fait son apparition dans un grand nombre de villes.

Gregorio Allegri, l’organiste Frescobaldi, le P. Martini, Jean-Paul Colonna, Carissimi et plus tard Porpora,se distinguaient dans le genre do l’oratorio et surtout de la cantate, qui peu à peu s’était substituée au madrigal. Dans la musique instrumentale, les successeurs de Frescobaldi comme organiste s’appelaient Pasquini, Gasparini, Locatelle, Durante. On pouvait citer comme clavecinistes les deux Scarlatti, Paradies, lo P. Martini, Porpora. Quant à la grande école italienne de violon, dont Arcangelo Corelli peut être considéré comme le fondateur, elle fut illustrée par Geminiani, Locatelli, Lorenzo et GiambattistaSomis. C’est aussi à cette époque que l’art de la lutherie prenait tout son essor avec les Amaii, les Maggini, les Guarneri, les Bergonzi, les Montagnana, et Antonio Stradivari.

L’enseignement ne tarda pas à s’organiser. Venise n’avait pas moins, au xviii* siècle, de cinq conservatoires ; Naples en comptait trois ; Bologne possédait une école superbe.

II y avait aussi de nombreuses écoles particulières, surtout pour le chant.

De Venise, l’opéra alla s’installer à Naples, d’où il rayonna sur toute l’Italie d’abord, sur l’Europe ensuite. On peut dire que pendant tout le xvm* siècle 1 histoire de la musique en Italie se concentre tout entière dans les exploits de la grande école napolitaine, dont Alessandro Scarlatti doit être considéré comme le chef et l’initiateur.

Du conservatoire dei Poveri di Gesii Cristo sortirent Alessandro Scarlatti, Gaetano Greco, Durante, Per^olèso, Duni ; de celui de 5aH(’ Oho/’Wo, Gizzi, Jommelli, Paisiello, Piccinni ; de Santa Maria di Loreto, Porpora, Fenaroli, Guglielmi, Sacchinï, Cimarosa ; d© la Pietà dei Turchini, Léo, Tritto, Sala, Mandanici, Zingarelli, Manfroce, et plus tard Carlo Conti, Mercadante, Bellini.

A ces noms il faut ajouter ceux de Traetta, Logroscino, Cafaro, Latilla, Anfossi, Insanguine, Tarchi...

Dans le reste de l’Italie, on peut citer à la grande époquo les compositeurs dramatiques Caldara, Galuppi, Rinaldo de Capoue, Francesco Conti, Marcello de Padoue, Nasolini, Ciampi, Gazzaniga, Storace, Goecco, Sarti, Mengozzi, et surtout Salierî, qui était un homme de génie, et, parmi les compositeurs religieux et les organistes, Benedetto Marcello, le père Mattei, Pitoni, etc. ; les violonistes Viotti et Paganini,

Nous trouvons, au commencement du xix" siècl© : Valentioo Fioravanti, Paër, qui se partage entre la France et l’Italie, Pavesi, les frères Giuseppe et Luigi Mosca, Carlo Coccia, puis deux grands maîtres à qui la Franco devait donner la gloire : Cherubini et Spontiui. Puis vint le plus grand des derniers grands Italiens, Rossini. Presque en mémo temps, brillaient Bellini et Donizetti.

Autour d’eux on ne voit surgir quo do pâles imitateurs : Raimondi, Morlacchi, Carafa, Vaccaj, Coppola, Pacini, Mercadante, les deux frères Luigi et Frederico Ricci. Verdi est lo dernier représentant de cet art, qui paraissait éteint. Génie d’abord farouche, qui plus tard s apaisa, il était l’artiste puissant et pathétique qu’il fallait à l’Italio révolutionnaire. Pendant plus d’un demi-siècle, il régna en maître sur l’art italien, A peine peut-on signaler, en outre, Pouchiolli ; pour les autres, simplement plus ou moins estimables, c’étaient Pcdrotti, Cagnoni, Petrella, Lauro Rossi, De Giosa, dont on peut dire qu’il ne reste rien. Arrigo Bo’ïto s’est fait une sorte de renommée avec Mefistofele.

Mais l’école musicale italienne n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir, en dépit de la Cavalleria rnsticana et de Mris de Mascagni, dos Pagliacci et do la Bohême de Leoncavallo, do l’autre Bohème et de la Manon de Puccîni, de VAndré Chénier do Giordano, voire du Cristoforo Colornbode Alberto Franchetti ; de don Lorenzo Perosi, lo prêtre compositeur, qui s’efforce de renouveler le genre do l’oratorio. En dehors du théâtre, d’ailleurs, il n’y a guère à nommer que Martucci, directeur du Conservatoire de Bologne, et Sgambati, tous deux s’étant distingués dans lo genre de la musique instrumentale.

— BiBLiOGR. : Stendhal, Histoire de la peinture en Italie (1817) ; Burckhardt, le Cicérone (1855) [trad. franc. 1883- 1892] ; la Civilisation italienne au temps de la Renaissance (1860) [trad. franc, par Schmiit, 1885] ; Crowe et Cavalcasclle. Histoire de lapeinture italienne fl864-1876j ; Perkins, Histoire de la sculpture italienne (1808) ; Gebhardt, Les Origines de la Renaissance en ltalie{ilO) ; Lafenestre, la Peinture italienne (1885) ; E. Mùntz, Histoire de l’art pendant la Renaissance : l’Italie (1888-IS92-1895).