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facile de composer dans cette langue les hexamètres et les pentamètres des Latins. Do plus, il est très riche en expressions figurées, et le langage poétique diffère beaucoup de celui de la prose.

Les grands vers italiens, correspondant aux vers français de douze et dix pieds, sont les vers de dix. onze, douze ot jusqu’à quatorze syllabes : ces derniers sont dits martelîiens, du nom de Martellî, qui les a employés fréquemment. Le plus usité est l’enaécasyllabe, ou vers de onze pieds : c’est le vers de l’épopée, de la Divine Comédie, du Roland furieux. Dans le vers de douze syllabes, dit sdrucciolo (glissant) rantépénultiôme doit être accentuée, tandis que, dans l’endécasyllabe, l’accent final porte sur la pénultième. Le cadente ou tronco est un vers de dix syllabes, avec l’accent sur la dernière, l/anacréontique est un vers de huit pieds, ayant l’accent placé sur la troisième et la septième syllabe. Pour le nombre des syllabes, il est, comme en français, tenu compte des élisions.

L’accentuation prosodique des vers fait que la rime n’est pas nécessaire dans la poésie italienne ; elle est cependant généralement observée dans l’épopée, et toujours dans certains genres de poésies à formes hxes, telles que le sonnet, la sextine, etc. Au théâtre, c’est, au contraire, le vers non rimé, le vers libre ou scioltoy qui est le plus usité, sauf dans les chœurs et récitatifs, où la rime est exigée.

— Histoire littéraire. Les premiers textes dans lesquels l’italien se dégage du latin appartiennent au xm« siècle. On a, dès 1200, des poésies galantes de l’empereur Frédéric II, mort en 1250, de son tils Enzio et de son secrétaire, Pierre des Vignes. CiuUo d’AIcamo, Sicilien, avait déjà écrit des poésies amoureuses. Les premiers chroniqueurs sont de la même époque : Matteo Spinelli, qui écrivit des chroniques napolitaines de 1247 à 1268 ; le chroniqueur toscan Marchionne da Coppo Stefani ; Ricordano Malespini, simple et rude, mort en 1281 ; Dino Compa ^ni, qui a la brièveté, la précision et la vigueur d’un historien simple et véridique. Sous sa plume, 1 italien est déjà une langue complète. Citons encore les poètes Fra Jacopoue de Todi (1306) ; Guido d’Arezzo ; Guido Cavalcanti, mort en 1301 ; Cino de Pistoie, qui ennoblit, perfectionna et polit la langue écrite ; Brunetto Latini, le maître de Dante.

xrv’ siècle. {Le Trecento.) Le grand triumvirat. Au XIV* siècle apparaissent trois grands hommes, qui élèvent au plus haut point de splendeur la littérature et la langue italiennes. Le patriotisme, la religion et l’amour inspirent à Dante sa grande trilogie : le Paradis, le Purgatoire et l’Enfer, qui torment l’ensemble de la Divine Comédie ; Pétrarque écrit ses fameux Sonnets, inspirés par Lauro de Noves, et ses Triomphes ; Boccace, son Dêcaméron, qui servira de modèle à tous les conteurs. Mais il convient de dire que ces trois grands hommes n’écrivent en italien que les ouvrages destinés par eux à devenir populaires ; c’est en latin que Dante rédige son De monarchia ; Boccace ses traités savants sur la mythologie, sur les hommes et les femmes illustres ; Pétrarque son poème sur l’Afrique, ses Eglogues, ses Epitrea et toutes ses Lettres faynilières. Les écrits des moines dominent, à cette époque, comme le Miroir de la pénitence, de Fra Jacopo Passavanti ; les Fioretti, de saint François d’Assise. En dehors des couvents, nous trouvons ÏAcerba, poème philosophique de Cecco d’Ascoli ; le Dittamondo, de Fazio degli Uberti ; les facétieux sonnets de Burchiello ; les Nouvelles de Franco Sacchetti et de Giovanni Fiorentino. La plupart de ces écrivains étaient, comme les trois grands écrivains de ce siècle, Florentins ou tout au moins Toscans. C’est encore Florence qui fournit les historiens Villani et Gino Capponi.

xv siècle. [Le Quattrocento.) Au xv" siècle, la langue italienne déchoit, étouffée par l’érudition. C’était l’époçtue de la renaissance grecque et latine, et la passion de l’antiquité absorbe des esprits cultivés, comme Pomponius Letus, Pontanus, Sannazar, le Panormita, l’Aurispa, Valla, pic de La Mirandole, le Pogge, Marsile Ficin, Politien, Scaliger, Platina, Bruno d’Arezzo, .^neas-Sylvius Piccolomini, etc. Les travaux d’érudition reçoivent" une nouvelle impulsion de la découverte de l’imprimerie, perfectionnée en Italie par Aide Manuce(l448-l5l5). Les Médicis, à Florence, protègent les lettres ; Côme et surtout Laurent les cultivent ; mais ces mécènes encouragent une littérature toute sensuelle. C’est à la cour des Médicis que Pulci (1431- 1486) écrit son poème Alorgant le Géant, spirituelle parodie des romans chevaleresques. Citons encore Sannazar, savant poète latin ; Philelpne, célèbre par ses querelles liltéraires avec le Pogge et Laurent Valla ; Léonard de Vinci, aussi grand peintre qu’esprit vaste, profond et juste, et le grand dominicain Jérôme Savonarolo (1452- 1498), qui réagit dans un langage magnifique contre le paganisme littéraire et social du temps.

xvi" siècle. {Le Cinquecento.) Le xvi’ siècle a été appelé le « siècle d’or de la littérature italienne o, car il a réalisé l’heureuse alliance du naturel, de la pensée et de la forme. n n’a pas produit d’œuTe vraiment grande et originale, mais une foule d’œuvres agréables et délicates : dans le genre épique, le Roland amoureux, du comte Bojardo ; le Roland /"urieuar, de l’Arioste ; V Am(idis,à.ei Bernardo Tasso, père de Torquato ; la Macaronea, de Merlin Coccaie ; le Ricciardetto, de Fortoguerri ; la Jérusalem délivrée, de Torquato Tasso, inspirée par la réaction catholique qui suivit le concile de Trente. Dans la poésie lyrique, le culte de Pétrarque est restauré par le cardinal Bembo, par Vittoria Colonna, par le grand artiste Michel-Ange et la foule des pétrarquistes, dont les sonnets imagés et langoureux donnèrent le ton à la littérature des autres pays. La poésie pastorale est cultivée avec un certain succès : Giovanni Ruccellaï chante les Abeilles ; Louis Aîamanni l’Agriculture ; Erasme de Valvasone la Chasse ; Bernardine Balbi, la Navigation ; Louis Tansillo, la Ferme, etc. FrancescoBerni met à la mode un genre satirique et burlesque qui, de son nom, est appelé genre berniesque, et dans lequel se distinguent Mauro, Délia Casa, Caro, Firenzuola, Grazzini, etc. Délia Casa écrit le Gnlateo, élégant manuel de savoirvivre et brillante étude des mœurs du temps : au même genre appartient le Courtisan, de Balthazar Castiglione.

Le théâtre se dégage de l’imitation latine avec la Ca~ landra,di cardinal de Bibbiena, et surtout avec le Nécromancien, de l’Arioste ; la Mandragore, de Machiavel ; le Maréchal, la Courtisane et l’Hifpocrite, de l’Arétin.

Les conteurs sont très nombreux ; au premier rang se placent : Bandello et ses Nouvelles, dont quelques-unes ont inspiré Shakspeare ; Firenzuola, écrivain délicat et gracieux ; Strapparola, auteur des Nuits facétieuses ; Grazzini, dit le Lasca « [les Soupers) ; Parabosco, Giraldi Cinthio.

Une place à part doit être réservée aux historiens.

Fr. Guichardin, méthodique et froid, écrit, avec un maguifiuue talent d’exposition, mais avec une profonde immoralité politique, V Histoire d’Italie de 1494 d i5S4. Après lui viennent GiambuUari, Bartolomeo Cavalcanti, Benodctto Varchi ^1502-1562), Scipion Ammirato (1531-1601). .I.-B. Adnani, ïévêque Paul Jove resté comme le type de l’historien vénal. Le plus célèbre historien du siècle est Nicolas Machiavel, profond et astucieux politique, qui a écrit, dans un style clair, bref, énergique, le Prince, les Discours sur les Décades de Tite-Live, les Dialogues sur l’art de la guerre, l’Histoire de Florence. Le Vénitien Paolo Paruta a formulé, dans ses Discours politiques, les préceptes du droit des gens. Aux historiens proprement dits on peut rattacher les historiens de l’art, commo Vasari, Baldinucci, Carlo Dati, et les auteurs de Mémoires, tels que Benvenuto Cellini. Les grands penseurs n’ont pas non plus manqué à ce siècle : Jérôme Cardan, Paolo Sarpi, Campanelta, Giordano Bruno.

XYii’ siècle {1600-1120). [Le Seicento.] Le xvii* siècle italien est déjà un siècle de décadence. Les meilleurs écrivains déguisent le vide de la pensée sous la pompe ot l’apparat du style, et s’adonnent aux concefti frivoles. Ce mauvais goût dépare les poésies de Marini, dont l’Adone a pourtant un succès très grand, celles d’Achillini, de Grazziani, de Guarini {il Pastor fido). On rencontre, toutefois, quelques bons poètes lyriques : Chiabrera, Salvator Rosa, dont les satires ont la sauvage âprotô de ses tableaux ; Filicaïa, remarquable par l’élévation du sentiment poétique et du patriotisme. Tassoni {la Secchia rapita ) et L. Lippi {il Malmantile racquistato) se distinguent dans le poème héroï-comique.

La vraie gloire de ce siècle, c’est la science, et les meilleurs écrivains furent les savants : Galilée, Torricelli, son disciple ; V. Viviani, J.-A. Borelli, Fr. Redi, médecin et poète ; l’abbé Lorenzo Magalotti, l’astronome Cassîni.

Dans le çenre historique, on peut citer le cardinal Bentivoglio {Histoire des Flandres), Davila, Naui, Capecelatro {Histoire du royaume de Naples) et, parmi les polygraphes, l’érudit Magliabecchi, Botero et Boccalini,

xviu» siècle (1720-1795). [Le Setteceyito.] La littérature du commencement du xviii* siècle manque de vigueur et d’originalité ; l’influence française s’y fait trop sentir ; mais la science et l’érudition continuent à produire de belles œuvres. En tête des penseurs de ce siècle se place J.-B. Vice, qui crée la philosophie de l’histoire sous le nom de Science nouvelle. A côté de lui se signalent : Vincenzo Gravina, qui a une profonde connaissance de l’antiquité ; l’érudit Muratori, Apostolo Zeno, critique fin, instruit ; Scipion Maffei (1675-1755), publiciste, auteur dramatique, archéologue, critique ; le jésuite Tiraboschi, auteur de l’Histoire de la littérature italienne ; G aLetano Filangieri, qui publie sa Science de la It’gislation ; César Beccaria, l’auteur du livre Des délits et des peines, qui soutient les principes de la nouvelle philosophie et de la politique libérale.

La poésie, correcte de forme, est, pour le fond, d’une grande pauvreté. Les meilleurs poètes, Frugoni, Rezzonico, Cesarotti, Passeroni, l’abbé Casti, ne sont que d’élégants versificateurs. Le siècle, toutefois, finit par un véritable et mâle poète, Parini, et, au théâtre, la renaissance des lettres devient sensible avec le génie tragique d’Alûeri, la verve comique de Goldoni, la fantaisie de Carlo Gozzi. Métastase crée le scénario d’opéra.

xix« siècle. Au commencement du xix» siècle, Vincenzo Monti chante tous les régimes, mais dans une langue magnifique et vraiment dantesque. Après lui vient Ùgo Foscolo, le sombre poète des Sépulcres, l’auteur des Lettres de Jacopo Ortis. Giacomo Leopardi est le plus remarquable poète de cette brillante période. A côté de l’école de Monti commence dès lors à se faire jour l’école romantique, dont le chef est Manzoni, le poète du Cinq jnai et le romancier des Pro77iessi sposi. Les autres romantiques, l’ardent Berchet, Massimo d’Azeglio, T. Grossi, appartiennent à l’école libérale et patriotique, quia pour mot d’ordre : fuori gli stranieri (à la porte les étrangers). D’Azeglio est l’auteur de beaux romans historiques ; Silvio Pellico sest rendu immortel par ce livre si simple et si touchant : Mes prisons ; à l’imitation de Manzoni, Bazzoni, Rosini, Grossi, plus tard Guerrazi, ont montré dans le roman historique de remarquables aptitudes d’écrivains et d’érudits.G.-A. Barrilia cultivé le roman historique, le roman archéologique, le roman de mœurs ; L. Capranica est de l’école d’AÏ. Dumas père. Salvatore Farina, comparable à Dickens pour le charme de ses tableaux d’intérieur ; Tronconi, A. Caccianiga, Gabriele Verga, Luigi Capuana, Giulo, Carcano, M""* Matilde Serao, E. Pragua, Colautli, Valcarenghi, Fogazzaro, Bruno Sperani, Salvatore Farina, Gabriele d’Annunzio, sont surtout des peintres de mœurs.

A la tête des poètes contemporains se place Giosuô Carducci, ardent révolutionnaire, l’auteur à ïambes et Epodes, des Odes barbares, de Septembre, etc. La fin de la domination autrichienne et l’unification de l’Italie ont profondément modifié, dans la seconde partie du xix* siècle, la poésie italienne. Les poètes contemporains n’ont pu faire vibrer aussi souvent que leurs devanciers la fibre patriotique. Néanmoins, à côté de Carducci, Arrigo Boïto, à la fois poète et musicien ; Tommaso Cannizaro, Imbriani, royaliste fervent ; Arturo Graf, plus célèbre comme critique ; Revese, Novelli, Rapisardi, M"»» Ada Negri, Luigi Capuana, Gabriele d’Annunzio, Salvatore di Giacomo, ont montré, dans la poésie lyrique, les talents les plus variés.

Au théâtre, à l’exemple do Monti et de d’Alfieri, ce sont des tragédies que, dans les premières années du siècle, font représenter le comte Pepoli et Pindemonte. Ces œuvres sont assez faibles, ainsi que les tentatives dramatiques d’Ugo Foscolo et de Silvio Pellico. Manzoni et Pellico marquent l’avènement du romantisme ; c’est dans le moyen âge ou l’histoire moderne qu’ils choisissept leurs sujets, tout en conservant à l’action et aux personnages la simplicité des classiques. Ils eurent des imitateurs dans Rosini, Cristoforis, Marenco, Tebaldo Fores, etc. Le vrai tragique italien du slx* siècle est J.-B. Niccolini. La scène comique, en Italie, manque généralement d’originalité ; le comte Giraud, Alberto Nota, Ghirardi del Testa, Scarpetta, Ferrari, ont surtout imité les pièces françaises en renom, de Scribe à Labiche et à Meilhac. Il y a une plus grande part d’invention et de véritables qualités litti ;raires dans les drames de P. Cessa ; dans les drames et comédies de G. Giacosa ; de Cavalotti ; de Salmini.

Dès les premières années du xix" siècle, le Piémontais Carlo Botta s’est classé parmi les meilleurs historiens on écrivant la continuation de l’Histoire d’Italie dQ Guichar-

ITALIE

din ; le grand ouvrage, sous le même titre, do Cesaro Balbo, mérite d’ôtro loué pour la science des origines et la concision nerveuse. Commo lui, Gino Capponi et Carlo Troja appartiennent à cette école histori(jue guelfe qui voyait dans la papauté le salut do l’Italie. Ces mêmes idées dominent cbez Cesare Cantû, l’auteur do VHiatoire universelle, <io l7Jisloire des Italiens,iiaVHisluirc de cent ans. Le profond philosophe Vincenso Gioberti, l’abbé Kosmini-Scrbati. l’abbé Tosti, appartiennent il la m6me école. A une époque pins rapprochée, ’V. Berzezio, G. Massari, D. Carutti, Rucciardi, P. -G. Molmenti, Em. Broglio, G. Ferrari, G. Lanza, Carlo Mariani ont traité do diverses périodes do l’histoire de l’Italie à des points de vue moins exclusifs.

En philosophie, le spiritualisme est représenté par Mamiani, la morale par Auguste Conti, le rationalisme par Ausonio Franchi, la philosophie grecque par Centofanti, lo scepticisme par J. Ferrari, les doctrines hégéliennes par le Napolitain Vera. On doit à Lombroso ot à Mantegazza do curieuses études psychologiques et physiologiques.

Dans le domaine de 1 érudition otdo la philologie, relevons les noms de Rossi, qui a renouvelé l’histoire romaine par ses études sur les Fastes consulaires ; do Gubernatis, d’Amari et d’Ascoli, pour leurs beaux travaux sur la grammaire comparée et les langues orientales. Enfin, au premier rang des historiens littéraires et des critiques dart, on trouve Tommaseo, Ruggiero Bonghi, Brunone Blanchi, do Sanctis (Histoire de la littérature italienne), de Gubernatis et P. ’Villari. h’Hisloire universelle de la littérature, par A. de Gubernatis, et l’Histoire littéraire de l’Italie, do P. Villari, dont les diverses périodes ont été traitées par Tamagni, d’Ovidio, Bartoli, Invernizzi, Morsolin, itanella, sont des monuments considérables, de mémo que VÈistoire de la peinture italienne, la Vie du Titien, Ilaphafl, œuvres magistrales de Cavalcaselle et do l’Anglais Crowo.

— Philosophie. ’V. philosophie.

VIII. Beaux-Arts. — Aucun pays n’offre une série do maîtres illustres, dans toutes les branches de l’art, comparable à celle que nous relevons en Italie, depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours. Les divisions mêmes de la politique ont contribué à faire surgir dans les principales villes des groupes artistiques, dont la rivalité a eu les résultats les plus heureux. Toutefois, les écoles d^Italie ont une aspiration commune, qui leur assigne une incontestable supériorité sur les écoles des autres nations : elles ont la passion de l’idéal. Les naturalistes, comme le Caravage, n’ont été que des exceptions fort rares.

Nous nous bornerons à retracer le mouvement général de l’art en Italie. Pour l’histoire de chacune des écoles, v. BoLOGNB, Florentine, Génois, Romain, Vénitien, etc.

— ■ Architecture. Au début de l’are chrétienne, les basiliques païennes, qui avaient servi de tribunaux ou do bourses de commerce, furent appropriées aux nécessités du culte. (V. BASILIQUE.) C’est seulement au vi" siècle que l’architecture byzantine, dont la caractéristique est la coupole, pénètre sur certains points de l’Italie. L’église San-Vitale à Ravenne date de cette époque. San-Marco de Venise, construit au x* siècle, est un monument inspiré de l’art byzantin. Du xi" au xiii" siècle, l’architecture romane, issue de l’alliance de l’art latin et de l’art byzantin, se révèle à Pise, à Assise, à Modène,à Parme, à Milan, etc. Au XIII* siècle, le style gothique entre en lutte avec les traditions romano-byzantines. Mais la forme ogivale n’est adoptée que sur la façade des édifices ; sur les portails, les fenêtres des églises, à l’intérieur, la voûte romane subsiste. On peut cependant rattacher à l’art gothique l’église de Saint-François à Assise, lo dôme do Milan. D’autres édifices, conçus d’après un plan plus sobre, doivent être cités à l’honneur du gothique italien : ce sont la cathédrale et l’église Santa-AIaria-aeUa-Pieve à Arezzo, lo baptistère de Parme, San-Marco de Milan, Santa-Maria-Novella et l’Annunziata à Florence, la cathédrale d’Orvieto, etc. Le palais des Doges, à Venise, présente le style ogival combiné avec le style arabe. Arnolfo di Lapo commença, en 129S, la cathédrale do Santa-Maria-del-Fiore à Florence, que continua Giotto. C’est encore à Giotto, à la fois architecte, sculpteur et peintre, qu’est dû le campanile de Florence, terminé par Taddeo Gaddi. On attribue la Loggia do Lanzi à Andréa Orcagna, qui on aurait tracé le plan en 1356. Dans les palais communaux d’Arezzo, de Gubbio, de Pérouse, de Sienne, etc., les lignes sévères de l’art roman se marient aux élégants profils de l’art gothique.

Avec la Renaissance, c’en est fait de l’architecture gothique. Brunelleschi, dans sa coupole de la cathédrale do Florence, consent encore à respecter la forme ogivale des voûtes ; mais, à San-Lorenzo (USS), il applique sévèrement l’ordre corinthien ; à San-Spirito, il n’est pas moins soucieux de rappeler la sobre ordonnance des anciens. Au palais Pitti, Brunelleschi adopte l’architecture à bossages. Michelozzo Michelozzi, élève de Brunelleschi, élève pour Cosme de Médicis lo palais Riccardi, où les bossages sont plus habilement distribués. Lee Battista Alberti est un scrupuleux disciple de l’antiquité. Filarete, Rossellini, Pintelli, etc., empruntent à l’art ancien l’ordonnance générale de leurs édihces ; mais les décors surabondent et, çà et là, quelques détails romans ou gothiques trahissent encore les traditions du siècle précédent.

Bramante inaugure une période nouvelle pour la Renaissance. L’ampleur et la sobriété du style caractérisent ses œuvres : à Rome, le palais de la Chancellerie, la bibliothèque du Vatican et le plan de Saint-Pierre, que Michel-Ange respecta, à l’exception de la façade et do la coupole. Peruzzi, l’architecte do la Farnesine, San-GaJlo, l’auteur des palais Farnese de Sacchetti, furent d’habiles continuateurs do Bramante. Michel-Ange, à qui revient l’honneur de la coupole de Saint-Pierre, Raphaël, Jules Romain, Vignole, Serlio, Palladio, Fra Giocondo, Alessi, Vasari, Sansovino, Giacomo délia Porta, etc., emplissent lo XVI" siècle de leur gloire.

Au xvu" siècle, le déclin se manifeste avec rapidité. La fantaisie, l’étrangeté, l’absence de goût, la prodigalité des ornements sont Ta négation des principes si habilement appliqués durant la période de la Renaissance. Le xviii’ et le XIX’ siècle ne marquent pas un relèvement sensible do l’architecture. Bornons-nous à nommer Ivara ou Juvara, Salvi, Vaovitelli, Servandoni, qui font preuve d une supériorité relative, mais sans grand éclat.

— Sculpture. Les sculptures do la période romanobyzantine sont sans élévation de pensée et, le plus souvent, d’une exécution sommaire. Nicolas do Pise, le premier, a eu souci de remonter aux sources antiques. On en

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