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BARDESANE — BARENTON

Bardesane, gnostique célèbre, vivait à Édesse vers l’an 172. Également instruit dans les doctrines de l’Orient et dans celles de la Grèce, chrétien zélé, il suivit d’abord avec chagrin l’enseignement de Saturnin, et combattit celui de Marcion. Marc-Aurèle, après avoir conquis la Mésopotamie, l’an 166, essaya en vain, par Apollone, son favori, de détourner Bardesane du christianisme. Son système n’était qu’une variété de celui de Valentinien et ne peut être compris qu’en lui étant rattaché. (V. gnosticisme et Valentinien.) Il dissimulait souvent ses hérésies sous un respect extérieur des textes bibliques. Eusèbe a conservé un fragment de son livre Sur la fatalité (Præpar. evang., VI, 10). Il avait composé cent dix hymnes, contre lesquels Éphrem donna ses Cantiques orthodoxes. Parmi ses disciples, on distingue Harmonius, son fils, et Marinus ; ils furent très vivement combattus par saint Éphrem.

bardesaniens (ni-in) n. m. pl. Nom donné aux partisans de la doctrine de Bardesane. ‖ On dit aussi Bardesanites, et Bardesianites. — Un Bardesanien (ou Bardesanite, ou Bardesianite).

bardeur n. m. Ouvrier qui transporte des matériaux sur un bard, dans un chantier de construction. ‖ Machine à vis ou hydraulique, glissant sur rails ; cet appareil de levage s’emploie pour soulever et transporter le long des quais, jusqu’aux pontons destinés à les immerger, les gros blocs de béton que l’on utilise dans la formation des enrochements.


1. Bardeur à vis. — 2 Bardeur hydraulique.

bardi ou bardis ( — rad. barde) n. m. Plancher établi dans la cale d’un navire, pour y servir de grenier, ou préserver l’entrepont inférieur de l’invasion des eaux, lorsqu’on abat le navire en carène. ‖ Cloisons de bois à l’aide desquelles on sépare diverses sortes de grains chargés sur un navire du commerce.

Bardi (Jean), comte de Vernio, érudit et littérateur, né à Florence, vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Il était membre de l’académie de la Crusca. Plusieurs écrivains italiens lui attribuent la première idée du drame lyrique. Il a laissé des écrits estimés sur la musique des anciens, des comédies, etc. — Son fils, Pierre, né à Florence, mort vers 1600, fut membre de l’académie de la Crusca, et publia, entre autres écrits, un poème burlesque, où il tourne en ridicule les exploits des paladins.

Bardi (Henri-Charles-Louis-George-Abraham-Paul-Marie de Bourbon, comte de), infant d’Espagne, prince de Parme, de Plaisance et de Guastalla, né en 1851, second fils du duc de Parme, assassiné en 1854. Il était le neveu du comte de Chambord, qui, en mourant, lui a laissé le château de Chambord. Lors de l’insurrection carliste, en 1875, le comte de Bardi combattit sous les ordres de don Carlos, et se distingua au combat de Lacar, près d’Estella.

bardiche n. f. Arme d’hast russe. V. berdiche.

bardigle (mot ital. corrompu) n. m. Minér. Syn. de bardiglio. (S’emploie surtout en parlant du bardiglio bleu turquin.)

bardiglio (di-llo [Il mll.] — mot ital.) n. m. Nom de plusieurs marbres italiens : Les principaux bardiglios sont le bardiglio gris de Laguilaya, en Corse, et le bardiglio bleu turquin de Carrare, de Serraveza, et de Stazzemma, en Toscane.

Bardiglio de Bergame, Chaux sulfatée anhydre et quartzifère, qui est tantôt blanche, tantôt d’un gris bleu, et que l’on emploie souvent comme marbre, en Italie. (On l’appelle aussi pierre de Vulpino, du nom d’une localité voisine de Milan, où on l’exploite.)

Bardili (Christophe-Godefroi), philosophe wurtembergeois, né en 1761, mort en 1808. Ses travaux philosophiques ont surtout porté sur les principes de la pensée ; sa logique n’est pas sans analogie avec la doctrine hégélienne. Le principal ouvrage de Bardili est l’Esquisse de la logique première, purgé des erreurs qui l’ont défigurée jusqu’ici, particulièrement de celles de la logique de Kant (1800). Il a laissé encore : Philosophie pratique générale (1795) ; Des lois de l’association des idées (1796) ; De l’origine et de l’idée du libre arbitre (1796) ; Lettres sur l’origine de la métaphysique (1798) ; etc.

Bardin (Jean), peintre français, né à Montbard en 1732, mort à Orléans en 1809. Élève de Lagrenée, il obtint le prix de Rome, et devint membre de l’Académie de peinture en 1788. Il a donné les tableaux : Tullie faisant passer ses chevaux sur le corps de son père (1765) ; le Martyre de saint André (1770) ; Sainte Catherine parmi les docteurs (1779) ; Adoration des Mages (1781) ; Andromaque pleurant sur les cendres d’Hector ; l’Enlèvement des Sabines ; etc. Bardin fut un artiste habile, mais ses tableaux se ressentent trop de la décadence où était tombée l’École française pendant la Révolution. Bardin fut le maître de Regnault et de David.

Bardin (Étienne-Alexandre, baron), général, écrivain militaire, né à Paris en 1771, fils du peintre Jean Bardin, mort en 1840. Il fit avec honneur les guerres de la Révolution et de l’Empire. On lui doit notamment : Manuel de l’infanterie, ouvrage devenu classique, et un Dictionnaire de l’armée de terre ou Recherches historiques sur l’art et les usages militaires des anciens et des modernes (1841-1851).

bardis () n. m. Mar. V. bardi.

Bardis, village de la Haute-Égypte (prov. de Ghirgeh), sur le Nil ; 8.000 hab.

bardisme (diss) a. m. État, manière de vivre des bardes : Le bardisme se conserva plus longtemps et plus purement chez les Bretons insulaires que chez les Gaulois. ‖ Caractère de la poésie et de la musique des bardes : Il ne convient ni d’imiter ni de mépriser le bardisme.

bardit (di) ou barditus (tuss — mauvaise lecture de certains manuscrits de la Germanie de Tacite [C. 4] pour barritus) n. m. On a voulu y voir un chant lyrico-épique, alors que l’auteur dit formellement que ce n’était qu’une sorte de hurlement de guerre. C’est donc une erreur de citer le poème de Ragnar Lodbrog, par exemple, comme type du soi-disant bardit. Cette première méprise en a entraîné une autre : on a rapproché le mot du nom des bardes, et on a cherché dans les pays celtiques des bardits. Certains sont allés même jusqu’à reconnaître un bardit dans la Marche d’Arthur du Barzas-Breiz, fabriquée de nos jours par de La Villemarqué.

Bardiya, nom perse (tel qu’on le lit dans l’inscription cunéiforme de Darius à Behishtoun) du mage qui usurpa la couronne après la mort violente de Cambyse, et qui fut assassiné par Darius au bout de quelques mois de règne. (C’est ce nom que les Grecs ont rendu par Smerdis.)

bardo n. m. Terme thibétain qui désigne la condition pénible de l’âme pendant le temps qui sépare la mort d’une nouvelle naissance. L’âme apparaît en songe aux parents et aux amis du défunt, sous l’aspect d’un morceau de chair sanglante et informe. Cet état dure jusqu’à la dissolution des éléments constitutifs du corps. Pour les justes, le bardo ne dépasse pas quarante-neuf jours ; mais, pour les autres, il peut se prolonger indéfiniment, à moins d’offrandes, de prières et d’incantations magiques.

Bardo (Le), bourg de la Tunisie, banlieue et à 3 kilom. de Tunis, dans la plaine. Point terminus d’un ch. d. f. parti de Tunis. Palais du bey, contenant le musée Alaoui ; aux environs, palais de Ksar-Saïd, où fut signé le traité de protectorat du 12 mai 1881.


Le Bardo.

bardocuculle (lat. bardocucullus) n. m. Antiq. Sorte de manteau des Bardéens, peuple de l’Illyrie, et probablement de certains Gaulois ; il était muni de manches et d’un capuchon (cucullus). Les Romains l’adoptèrent, surtout dans la classe des artisans et des esclaves. V. cuculle.

Bardon (Michel-François Dandré-). V. Dandré-Bardon.

Bardonnèche (ital. Bardonecchia), village d’Italie (Piémont, prov. de Turin) ; 1.300 hab. C’est la première station italienne de la ligne du Mont-Cenis, à l’issue du tunnel du Fréjus. Église remarquable par les sièges du chœur provenant de l’abbaye de Novalese.

Bardos, comm. des Basses-Pyrénées, arr. et à 26 kil. de Bayonne ; 1.722 hab.

bardot ou bardeau (do — rad. barde, selle) n. m. Petit mulet produit par l’accouplement d’un cheval et d’une ânesse ; Le bardot se rapproche plus de l’âne que du cheval.

— Petit mulet qui marche en tête de la troupe et porte les provisions du muletier.

— Fig. Homme sur qui on se décharge de tout, comme sur le bardot de la caravane. ‖ Homme ou bête qui est en butte aux plaisanteries et aux mauvais traitements : L’âne est le jouet, le plastron, le bardot des rustres. (Buff.)

— En T. d’imprim., Papier de rebut.

Loc. Fam. ; Passer pour bardot, Passer par-dessus le marché, ne pas payer son écot, comme un bardot dont on ne compte pas la consommation, sur une grosse dépense. ‖ Fig. Être accepté sans réclamation : Il a fallu que j’aie fuit cette digression ; il faut qu’elle passe pour bardot sans payer péage. (Brant.) [Vieux.]

Encycl. Le bardot est un produit accidentel, qui ne répond à aucun besoin particulier. On en fait l’élevage en Sicile, sans qu’on y trouve un grand avantage, car le bardot est inférieur au mulet ; il épuise la mère au cours de l’allaitement. (On donne le nom de bardot, dans le Poitou, à une race d’ânes petite, zébrée et peu estimée.)

bardottier ou bardottier (ti-é) n. m. Nom vulgaire des plantes du genre imbricaire qui fournit un bois utilisé sous le nom de bois de natte. V. imbricaire.

Bardouil. C’est le nom que les Arabes donnent à Baudouin, frère de Godefroy de Bouillon (qu’ils appellent Kondefri). V. Baudouin.

Bardoux (Agénor), homme politique français né à Bourges en 1829, mort à Paris en 1897, devint bâtonnier de l’ordre des avocats de Clermont-Ferrand,
Agénor Bardoux.
se signala, sous l’Empire, par le libéralisme de ses idées, et fut élu, en 1871, député du Puy-de-Dôme à l’Assemblée nationale. Il y siégea au centre gauche, et fut un instant sous-secrétaire d’État à la justice (1875). Élu la même année député, à la Chambre, il devint l’un des chefs les plus autorisés du parti républicain, et reçut peu après le portefeuille de l’instruction publique dans le cabinet Dufaure (1877-1879). Non réélu en 1881, il fut nommé sénateur inamovible en 1882. Il entra en 1890 à l’Académie des sciences morales et politiques. Bardoux, qui fut un orateur distingué, fut aussi un écrivain de mérite. Comme ouvrages, il a donné : les Légistes et leur influence sur la société française ; le Comte de Montlosier et le Gallicanisme ; la Comtesse Pauline de Beaumont ; la Bourgeoisie française de 1789 à 1848.

Bardowiek ou Bardowick, ville de Prusse (prov. de Hanovre, cercle de Lunebourg), sur l’Illmenau, affluent de l’Elbe ; 1.755 hab. Évêché créé par Charlemagne pour les pays wendes. Autrefois, riche centre commercial dont Hambourg a hérité.

Bardvan, ville de l’Inde anglaise (Bengale), sur la Banka Nadi, sous-affluent de l’Hougli ; 34.500 bat). Prise en 1624 par le prince Khourram, plus tard empereur Chah Djehan, par qui y fut institué un gouverneur dont la dynastie y règne encore. Ch.-l. d’un district du même nom, peuplé de 1.392.000 hab., et d’une province du Bengale peuplée de 7.687.000 hab.

Bardylis, brigand fameux de l’antiquité. Il mit tant de discipline et de règle dans l’exercice du brigandage, qu’il acquit assez de puissance pour s’emparer du trône d’Illyrie et battre Perdiccas III, roi de Macédoine. Il fut ensuite vaincu et fait tributaire par Philippe. Il mourut à plus de quatre-vingt-dix ans, et laissa le trône à son fils Clitus. Pyrrhus, roi d’Épire, épousa Bircena, petite-fille de Kardylis.

Barebone, corroyeur de Londres, membre du parlement que Cromwell convoqua en 1653. Il était de la secte des saints, et exerçait une grande influence sur le peuple et sur ce parlement de fanatiques, auquel on a donné son nom. Lorsque Monk vint à Londres pour rétablir la royauté, il fut un moment intimidé par l’opposition de ce chef populaire, qui finit ses jours dans l’obscurité.

barège (de Barèges, n. géogr.) n. m. Étoffe de laine légère et non croisée.

Barèges, village de France (Hautes-Pyrénées), comm. et à 3 kilom. de Betpouey, cant. de Luz, sur le gave de Bastan ; les habitants (Barégeois, oises) émigrent pendant l’hiver, qui y est très rigoureux. — Eaux thermales sulfureuses sodiques, d’une température de 28° à 44° suivant les sources, dont le débit journalier ne dépasse pas, au total, 180 m. cubes par jour. L’eau de Barèges, claire et limpide, exhale une odeur d’œufs pourris fortement prononcée ; sa saveur, légèrement sulfureuse, est fade et nauséabonde. On emploie les eaux de Barèges en bains, en douches et en boisson. Elles sont d’une efficacité reconnue dans le traitement des maladies cutanées chroniques de toute nature, les affections du système lymphatique, les scrofules, les flueurs blanches, les rhumatismes, les paralysies, les anciens ulcères et les vieilles plaies d’armes à feu ayant causé la rétraction des tendons et des muscles. — L’établissement thermal, mis en vogue par Mme de Maintenon, qui y conduisit le jeune duc du Maine en 1675, et reconstruit en 1860, a capté toutes les sources dont les eaux sont conduites aux baignoires, et de là à des piscines où se rendent les malades de l’hôpital civil et de l’hôpital militaire annexés à l’établissement.

barégienne (ji-èn — de Barèges, n. géogr.) n. f. et adj. Se dit d’une eau employée contre les boutons, couperoses, rousseurs, etc., et, en général, contre les accidents qui déparent la peau.

barégine (de Barèges, n. géogr.) n. f. Substance organique azotée que l’on trouve dans les eaux thermales, particulièrement dans les eaux de Barèges.

— Encycl. La barégine ou glairine se trouve en dissolution, quelquefois en dépôt. Elle se dépose quand on évapore une eau thermale, se présente sous forme de résidu qui répand des odeurs ammoniacales quand on calcine. Elle est peu soluble dans l’eau ; elle précipite les sels de plomb et d’argent.

barek-mor, formule de salutation usitée chez les chrétiens de Syrie. Elle s’adresse particulièrement aux prêtres et signifie littéralement : Bénissez, père (ou seigneur). D’Herbelot la compare à notre Benedic, Pater, et au Jube, Domine, benedicere. Il paraît qu’à une certaine époque, les empereurs mongols favorisèrent tellement les chrétiens, qu’au dire des musulmans, on n’entendait plus prononcer que le Barek-Mor sacramentel, au lieu du Selam aleik (v. salamalec) islamique.

Barekzaï, grande tribu afghane, comprenant au moins 200.000 familles, qui campent de Kandahar à Peïchaver. — Un, des Barekzaï.

Baréli, ville de l’Inde anglaise (provinces du Nord-Ouest), ch.-l. de la prov. de Rohilkand ; 121.000 hab. Bazars. Dernière capitale des Rohillas au xviiie siècle, soumise aux Anglais en 1801. — Le district de Baréli a 1.040.000 hab.

barème ou barrême (du nom de Barrême) n. m. Livre de comptes tout faits : Un bon barème (ou barrême).

— Fig. C’est un barème, C’est un homme qui a une facilité merveilleuse à compter.

Barencoco n. m. Gomme-résine de Madagascar.

Barentin, comm. de la Seine-Inférieure, arrond. et à 16 kilom. de Rouen, sur la rivière de Sainte-Autreberte, affl. de la Seine ; 5.082 hab. (Barentinois, oises.) Ch. de f. Ouest. Filatures de lin, fabriques de tissus de coton.

Barentin (Charles-Louis-François du Paul de), né en 1736, mort à Paris en 1819. D’abord conseiller, puis avocat général au parlement de Paris, président de la Cour des aides, à la place de Malesherbes, en 1775, membre de l’assemblée des notables, garde des sceaux après de Lamoignon, en 1788, il est surtout célèbre pour avoir été l’adversaire de Necker, et pour avoir joué un rôle dans la séance d’ouverture des états généraux, le 5 mai, et dans celle du 23 juin 1789. Dénoncé par Mirabeau, il donna sa démission de garde des sceaux. Accusé de complot par le Comité des Recherches, et absous par le Châtelet, il émigra vers la fin de 1789. Il s’établit en Angleterre et n’en revint qu’en 1814. Louis XVIII le nomma alors chancelier honoraire. On a de lui une Réfutation du livre de M. Necker sur la Révolution française (1844).

Barentin de Montchal (le vicomte Charles-Paul-Nicolas), lieutenant général, frère du précédent, né et mort à Paris (1737-1824). Il servit dans la guerre de Sept ans, émigra en 1790, commanda, à Mittau, la garde de Louis XVIII, et reprit du service dans les gardes du corps en 1814. Il a publié quelques écrits et traductions.

Barenton, ch.-l. de cant. de la Manche, arrond. et à. 10 kilom. de Mortain, sur un affl. de la Sélune ; 2.208 hab. Teinturerie. — Le cant. a 4 comm. et 6.883 hab.