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AUTREHIER — AUTRICHE-HONGRIE

— n. m. Temps passé ; L’aujourd’hui des pères devient l’autrefois de leurs enfants.

Je vous crus autrefois, cet autrefois n’est plus.

P. de Musset

Syn. Autrefois, anciennement, jadis. V. anciennement.

autrehier (tri-èr’ — de autre, et hier) adv. Vieux mot qui signifiait Avant-hier.

autrement (rad. autre) adv. D’une autre façon, d’une manière différente : Etre ridicule, c’est tout simplement faire des sottises autrement que les autres. (L. Docquier.)

— Plus, à un plus haut degré, mieux : L’éducation morale est bien autrement difficile que l’éducation intellectuelle.

— Sinon, sans quoi : L’utilité sociale exige impérieusement que l’homme puisse transmettre à ses enfants ; autrement, il ne serait animé que d’une demi-ardeur pour le travail. (Thiers.)

— Fam. Pas autrement. Guère : N’être pas autrement disposé à faire ce qu’on vous demande.

— Gramm. V. la note du mot autre.

Autreville, historien français du xviie siècle, dont on connaît les ouvrages suivants : État général des affaires de France, sur tout ce qui s’est passé depuis la mort déplorable de Henri IV jusqu’a présent (1617) ; Inventaire général des affaires de France depuis l’an 1618 jusqu’en 1620 (1620).

Autrey-lès-gray, comm. de l’Aisne, arrond et à 25 kilom. de Laon, sur un petit affluent de la Lette, affl. de l’Oise ; 1.076 hab.

Autrey-lès-gray, ch.-l. de cant. (Haute-Saône), arrond. et à 11 kilom. de Gray, à la source de la Sous-froide, affl. de la Saône ; 858 hab. Pierre de taille. Forêt. — Le cant. a 17 comm. et 6.798 hab.

autrice n. f. Féminin, aujourd’hui inusité, de auteur.

Autriche-Hongrie ou Austro-Hongrie, grand État de l’Europe centrale, situé entre 7° 6′ et 24° 5′ de longit. E. de Paris, et 42° 7′ et 51° 3′ de latit. N. Il confine, par des frontières en partie naturelles, en partie conventionnelles, à l’Allemagne et à la Russie au N. et à l’E. ; à la Roumanie, à la Serbie, à la Turquie et au Monténégro au S.-E. ; à la mer Adriatique et à l’Italie au S.-O. ; à la principauté de Lichtenstein, à la Suisse et à la Bavière à l’O. Sa superficie totale est de 625.337 kilom. carr., c’est-à-dire très considérablement supérieure à celle de la France.

— I. Géographie physique. Géologie. Le massif alpin, constitué par des terrains anciens, avec granit, gneiss, schistes micacés, commence à la frontière suisse et se poursuit vers l’Engadine, le Brenner, et. perdant de hauteur, se transforme peu à peu en un plateau qui passe sous la Hongrie. Des rameaux de ce massif principal, formés de terrains primitifs, se dirigent vers le N. Un autre massif avec granit et gneiss s’étend en Bohême et en Moravie. Au-dessus de ces terrains primitifs se trouve, en Bohême, le bassin silurien, riche en fossiles. Le dévonien s’étend de Brunn à Troppau par Olmütz. Autour de Pilsen, le carbonifère recouvre le silurien. Le trias et le jurassique sont très importants au N. et au S. des Alpes, le second reposant sur le premier. Dans l’étage liasique de la base de la formation jurassique on trouve, à Funfkirchen, à Steiordorf et à Berszaszka, des couches de charbon et de minerai de fer.

Moins important que les précédents terrains, le crétacé forme deux bandes au N. et au S. des Alpes (Illyrie, Dalmatie, Salzbourg, Grand Carpathe, Galicie).

Les terrains tertiaires sont fort importants. On trouve l’éocène composé de schistes et de calcaires foncés fossilifères ou sans fossiles. Le miocène est composé de marnes, de sables, d’argiles qui s’étendent sur les régions basses de l’Autriche-Hongrie. Enfin le quaternaire ou diluvien est important dans la vallée du Danube et de ses affluents alpins.

Orographie. L’Autriche-Hongrie possède deux sortes de montagnes. Sur ses frontières, ou à leur voisinage, le quadrilatère bohémien, le Tatra et l’Erzgebirge hongrois, le Bihar transylvain, sont des débris des hautes chaînes, dites hercyniennes, qui couvraient à la fin des temps primaires l’Europe du N.-O. et du centre ; ce sont maintenant des « massifs » de granit, de gneiss et de schiste. Au contraire, les Alpes centrales et orientales, les Alpes de Transylvanie, les Carpathes, les Beskides, sont des montagnes plus récentes ; ce sont des « chaînes » qui se sont élevées pendant l’époque tertiaire, par le plissement des calcaires que la mer avait déposés au pied des massifs précédents. Dans les Alpes centrales, le plissement a amené au jour, et dressé en chaînes encore plus hautes que celles de calcaire, les terrains anciens, surtout le granit ; et l’on a dans le Tyrol, la Styrie et la Carinthie, la zone des grandes montagnes alpestres, limitée au N. par les vallées de l’Inn, de la Salzach et de l’Enns, au S. par la vallée de la Drave. Il faut ajouter que les mouvements orogéniques ont amené l’épanchement de roches volcaniques très étendues dans les Alpes (porphyres de l’Adige), et surtout qu’ils ont été suivis de l’affaissement de vastes espaces du sol, en dehors des chaînes de montagnes. Les régions ainsi déprimées, et recouvertes plus tard d’alluvions d’une épaisseur énorme, ont formé le double bassin de Vienne (Marchfeld) et de la Raab, ainsi que la grande plaine hongroise, contrées au relief indécis. L’Adriatique est aussi le résultat d’un de ces effondrements ; et c’est pourquoi les côtes dalmates sont très abruptes.

Les accidents du sol ont une forme et un intérêt tout différents dans les anciens massifs et dans les nouvelles chaînes. Dans les premiers, les alignements montagneux ne se rencontrent que par exception (Bœhmerwald, p. ex.) ; ce qui domine, ce sont des séries de croupes, et des plateaux mouvementés, où l’érosion a presque achevé son œuvre. L’altitude y est médiocre, et, le Tatra excepté (2.600 m.), se tient aux environs de 1.500 m. dans les parties les plus hautes. Les vallées y vont en tous sens, et il y existe de nombreux passages très difficiles, d’une grande importance militaire (trouée de l’Elbe, défilés d’Egra et des Sudètes, en Bohême). Tout autre est le relief dans les Alpes et les montagnes contemporaines, qui, étant plus récentes, se sont mieux conservées : ici, on ne trouve que des terrasses régulières, comme en Galicie, ou des chaînes bien alignées, d’altitude souvent considérable (2.400 m. dans les Alpes de Transylvanie, plus de 3.000 m. dans le Tyrol, où le Gross-Glocknor a 3.797 m., et l’Ortler 3 1105 m.). Souvent, des glaciers couvrent les sommets (Œzthal). Mais, ce qui est plus significatif, les vallées ont, comme dans tous les pays de chaînes de montagnes, une disposition très régulière ; elles sont entre deux alignements de dents ou de pics ; elles constituent de vraies régions naturelles, à noms spéciaux (Vintschgau, Pinzgau, Pusterthal), communiquant difficilement par des cols élevés (Arlberg, 1.797 m. ; Brenner, 1.363 m. ; Tarwis, 860 m.). L’histoire géologique aide aussi à comprendre la répartition des richesses minérales en Autriche-Hongrie : elles se trouvent sur le pourtour montagneux de la plaine hongroise. Le principal amas de combustibles minéraux est en Bohême, le pétrole en Galicie et Bukovine, le fer et les autres métaux surtout en Styrie, Carinthie, Bohême, dans l’Erzgebirge hongrois et en Transylvanie. Dans ce dernier pays, et en Galicie, il y a d’importantes salines.

Climat et végétation naturelle. Le climat de l’Autriche-Hongrie est un climat continental dans l’ensemble, c’est-à-dire caractérisé par des saisons très tranchées et une humidité assez faible. L’hiver est partout froid : l’isotherme de janvier de 0° contourne l’empire à l’O. et au S., de sorte que Vienne et Budapest ont alors des températures plus basses que la côte de Norvège. Entre un printemps et un automne très variables, sauf sur l’Adriatique, l’été est court, et signalé par des maxima et des moyennes de chaleur élevés : Prague et Cracovie sont près de l’isotherme de juillet de + 20°, qui touche Bordeaux ; et la Dalmatie, où il neige souvent en hiver sur les montagnes de la côte, connaît en août des chaleurs sèches presque aussi fortes que celles de l’intérieur de l’Espagne. Quant aux pluies, les vents venus en été de l’Atlantique n’en déchargent plus sur les montagnes, à cette distance de la mer, que de 100 à 120 centim. par an ; ce sont des nuées adriatiques qui arrosent de 200 centim. les Alpes de Styrie et Carinthie, et produisent les tempêtes d’équinoxe ou d’hiver de la Dalmatie (Fiume, 158 centim.). Ce dernier pays offre donc, malgré ses écarts de température entre saisons extrêmes, un climat méditerranéen plus maritime que la Provence. Par contre, les basses régions intérieures (Marchfeld, Hongrie), qui n’ont que 40 et 30 centim. d’eau présentent le type achevé du climat continental.

Ainsi s’explique en grande partie la répartition naturelle de la végétation en Autriche-Hongrie. Les forêts sont plus épaisses sur les montagnes qui sont les plus arrosées, soit parce qu’elles sont les plus hautes (Alpes, Tatra, Transylvanie), soit parce qu’elles sont les plus exposées aux vents d’O. (Bœhmervald) et de S. (Alpes dalmates). La Dalmatie a des maquis d’aspect tout méditerranéen, aussi luxuriants que ceux de Corse. Les prairies naturelles accompagnent la forêt sur les versants moins élevés, mais assez humides, surtout quand l’humus est calcaire (basses vallées alpines). Enfin, dans les plaines où la culture n’a pas modifié les conditions primitives, une autre forme de végétation existe : en Hongrie principalement, à côté de marais et bancs de sable, sont, entre la Thisza et Budapest, de vastes étendues d’herbes et d’arbustes, qui fleurissent au printemps, jaunissent en été, et meurent en hiver, pour former un humus noir, profond et fertile. C’est la « puszta », produit direct du climat continental, comme les steppes des Terres-Noires en Russie. Sur la Theiss, la puszta est presque inhabitée, et l’on n’y voit que des arbres plantés à grands frais.

Hydrographie. L’Autriche-Hongrie possède, étant données son étendue et sa variété de relief, de climat, de végétation, de sol, des types de cours d’eau fort différents. Dans les Alpes, les rivières se ressemblent toutes. Leurs vallées sont des vallées de chaînes de montagnes, parallèles à l’axe des plis, ou bien coupant les plis par des cluses dont la plus large, colle où viennent s’amorcer toutes les routes des Alpes autrichiennes, est celle de l’Adige. En outre, ces rivières étant alimentées surtout par des glaciers (ceux de l’Œzthal et de l’Ortler pour l’Adige, de l’Œzthal et du Zillerthal pour l’Inn, du Zillerthal et des Tauern pour la Salzach, la Mühr et la Drave), les crues ont lieu surtout au commencement de l’été, et sont accompagnées d’un transport considérable de boues. Ces cours d’eau diffèrent ainsi de l’Isonzo, fleuve alpestre par sa source, mais qui coule à vallée plus libre, et que les pluies méditerranéennes d’hiver, d’automne, de printemps, font riche d’eau presque en toute saison. À leur tour, la Save et ses affluents (Una, Bosna, Drina), de même encore les rivières adriatiques, comme la Narenta, se rapprochent de l’Isonzo par l’époque de leurs pleins, mais leur régime est affecté de façon spéciale par la nature des terrains qu’ils traversent. Les calcaires de l’Istrie et de toutes les Alpes orientales sont, en effet, excessivement perméables et poreux : des fissures, des grottes (Adelsberg), des galeries souterraines, y boivent les eaux de pluie, si bien que le réseau hydrographique caché est très riche, pendant qu’à l’air libre les fleuves sont pauvres. Quelques-uns, ceux surtout des enfoncements déboisés et peu arrosés (polies), ne peuvent rejoindre la mer, par exemple la Lika, qui parcourt le bassin fermé de Gospie, en Croatie. La Morawa, le Vaag rappellent à beaucoup d’égards l’Elbe, dans la partie de son cours où il reçoit ses affluents bohémiens, ou encore le haut Oder. Ces rivières sont nourries par la fonte des neiges au printemps, et par les pluies d’été, mais aucune n’est jamais profonde. On en pourrait dire autant de la Theiss et de la Mares : la première, plus abondante, s’attarde à des méandres, dont on a dû par des travaux réduire la longueur de 1.300 à 800 kilom.

Le Danube austro-hongrois tient à la fois des affluents alpestres, de ceux du type adriatique, de ceux enfin que lui envoie l’Europe centrale. De Passau à Orsowa, il change sans cesse, rappelant le Rhône par la complexité des éléments dont le jeu forme sa vie. Jusqu’à Vienne domine le régime des crues alpestres d’été, renforcé ensuite par les liantes eaux venues en cette même saison de Bohême et du Tatra. Après la Drave, la Save et la Theiss, il y a des pleins presque en toute saison. Toutes ces montées sont en général peu soudaines, car les bassins secondaires sont mieux boisés que ceux de France et de Suisse, et leurs apports ne coïncident pas dans le lit principal : à Budapest, la portée moyenne en crue ne dépasse guère 6.500 m. cubes. Mais le Danube roule vers la mer ses flots assez peu abondants avec une majesté sans égale. Conservant encore en Autriche les allures tourmentées d’un fleuve de montagne, sauf dans le Marchfeld (île Lobau), il entre en Hongrie dans sa première zone de dépôt, qui va jusqu’à Orsowa : là, son courant posé et puissant a 600 m. de large dès Koniorn, 1.500 à Semlin, avec 40 m. de profondeur ; et ces méandres, ces coudes, ces faux bras, ces bancs d’alluvions, ces îles, se multiplient, qui caractérisent les grands fleuves de plaine. À quelque 100 kilom. du Danube, la haute Vistule et le haut Dniester, gros en été, gelés presque tout l’hiver, annoncent les fleuves énormes et lents, mais morts, de Russie.

Flore et plantes cultivées. Le climat et le sol de l’Autriche étant très variés, il en résulte que la flore diffère selon les régions. Ainsi, il existe une flore des plaines, des coteaux, des montagnes ; une flore arctique, alpine, des marais, des steppes ; des flores particulières des terrains argileux, crayeux, des grès et des formations schisteuses.

On estime à 12.000 environ le nombre des espèces végétales, dont un tiers de plantes phanérogames et deux tiers de cryptogames.

La Hongrie, la Bohême, la Moravie, la Silésie et la Galicie, sont les principales régions où l’on cultive les céréales, et le Tyrol, Salzbourg et la haute Styrie, les principales contrées pastorales.

On fait de grandes quantités de cidre en Carinthie et dans la haute Autriche, et de l’eau-de-vie en Slavonie. La Dalmatie produit des oranges, limons, et un peu d’olives. La vigne est cultivée dans toutes les provinces, à l’exception de la Galicie, la Silésie et la haute Autriche. Les vins de Tokay, en Hongrie, sont bien connus. La culture du lin et du chanvre est générale ; celle du tabac est abondante, surtout en Hongrie.

Faune. On compte environ 90 espèces de mammifères, 250 d’oiseaux, 350 de poissons, et plus de 13.000 d’insectes. Parmi les mammifères, il faut citer l’ours, qui vit dans les Karpathes, les Alpes et la Dalmatie ; dans les mêmes districts, ainsi que dans le Banat, en Croatie et en Slavonie, on rencontre des loups, renards, lynx, chats sauvages, putois, martres, fouines. En Dalmatie, on trouve la marmotte, le castor et la loutre ; des chamois vivent dans les Alpes et les Karpathes. Les aigles et les faucons sont communs, et on trouve beaucoup d espèces d’oiseaux chanteurs. Les rivières et les lacs renferment de nombreux poissons ; et dans les eaux souterraines de la Carniole et de la Dalmatie vivent de curieux batraciens, les prêtées. Nous mentionnerons enfin de nombreuses éducations d’abeilles et de vers à soie.

Ethnographie. Il n’y a pas une nation autrichienne ; la monarchie austro-hongroise est formée par la juxtaposition d’une mosaïque de peuples qui se sont tous conservés intacts et qui ne sont m mêlés ni fondus les uns dans les autres. Ces peuples appartiennent aux trois grands groupes : allemand au N.-O. et à l’O. ; slave au N., au N.-E. et au S.-O. ; magyar à l’E. ; mais ils se différencient à l’infini. À côté des Slaves de Bohême, de Moravie, de Silésie, des Tchèques, viennent les Slaves de Galicie, les Polonais, les Ruthènes ; ici sont les Slovaques (Hongrie septentrionale), là les Slovènes (Carinthie), ailleurs des Croates et des Serbes. (V. ces mots.) Enfin, il existe dans l’empire des Italiens (Trentin, Frioul, Istrie) et des Roumains (Transylvanie, Bukovine), qui n’appartiennent à aucun des grands groupes ethniques de l’Austro-Hongrie.

Ce qui ajoute encore à la confusion, c’est la pénétration de chaque peuple sur le territoire des autres. On rencontre des Allemands un peu partout, eh Bohème, en Moravie, en Silésie, etc.

Cette confusion ethnologique cessera-t-elle jamais ? Il semble bien qu’il n’y faille pas compter. En effet, les chiffres ne permettent pas de prévoir qu’un groupe doive l’emporter sur les autres. L’empire compte bien plus de Slaves que d’Allemands et de Magyars ; mais ces Slaves sont divisés en deux tronçons (Slaves du Nord, Slaves du Sud), auxquels il est impossible de se rejoindre et de s’agréger en un groupe compact, séparés comme ils le sont l’un de l’autre par toute une bande allemande et magyare. En outre, chaque nationalité et chaque fraction de nationalité a sa langue à laquelle elle tient, qu’elle emploie ou veut employer dans les actes de sa vie publique, et pour laquelle elle réclame une existence légale. Rien, par conséquent, ni au point de vue ethnologique, m au point de vue linguistique, ne facilite la formation d’une nationalité autrichienne ; entre toutes les races de l’empire austro-hongrois, il n’y a pas de lien, sinon un lien politique, qui est l’empereur lui-même. V. Hongrie, Bohème.

— II. Géographie économique. Agriculture. L’Autriche-Hongrie est un pays surtout agricole. Les cultivateurs ou éleveurs y sont trois fois plus nombreux que les industriels et "les commerçants. Ce n’est pas que la proportion des terres de labour et pâturages soit très considérable ; les bois couvrent plus d’étendue qu’en Allemagne, et le sol improductif est aussi vaste ; dans l’ensemble, les parties vraiment utilisées comptent, forêts en exploitation à part, pour 58 p. 100 seulement France 78 p. 100), et, de plus, leur distribution est fort inégale. Mais l’agriculture est commandée par les conditions naturelles de l’empire. La région de la plaine hongroise offre des caractères spéciaux, expliqués par le climat et le sol (puszta), et qui rappellent ceux de la partie centrale de la vallée du Mississippi : les cultures déjà intensives du froment, du maïs et du tabac, s’y mêlent. Les céréales maigres, avoine, orge, sarrasin, sont semées avec la pomme de terre sur les montagnes. Les cultures industrielles intensives, surtout la betterave, le houblon, le lin, et, depuis quelques années, la pomme de terre à alcool, se sont bien acclimatées dans trois centres principaux : Bohême, Marchfeld, Galicie. La vigne, très productive en Istrie (Rovigno), Dalmatie (Zara), Hongrie (Tokav), ne dépasse guère Vienne au N. Le rendement général le plus significatif est celui du froment : il est voisin de 65.000.000 d’hectolitres (dont 49 produits par la seule Hongrie), ce qui met l’Autriche-Hongrie après les États-Unis, la Russie et la France, mais sur le même pied que l’Inde, et bien avant l’Allemagne. L’élevage des bêtes à cornes et les industries laitières ont leur centre dans les basses vallées alpines (Mühr, Drave), l’élevage des chevaux en Galicie et en Hongrie, celui des porcs dans ce dernier pays.

Industrie et Commerce. Au point de vue industriel, l’Autriche-Hongrie est loin d’avoir acquis tout le développement dont elle est susceptible. Dans les districts miniers de Styrie, de Transylvanie et du Tatra, insuffisance de houille n’a pas permis l’essor complot de la métallurgie, ni à plus forte raison l’installation d’autres industries. La Bohême, la Silésie, et certaines parties de la Galicie, se trouvent au contraire, par elles-mêmes, grâce au voisinage de l’Allemagne, dans d’excellentes conditions. De Saxe et de la Silésie allemande viennent les procédés, le combustible,