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toutes les préparations d’opium, et elle agit plus promptement à l’état de dissolution dans l’eau qu’à l’état solide. Ainsi cet extrait gommeux préparé de la manière indiquée, est plus actif que lorsqu’il a été redissous, filtré et évaporé un grand nombre de fois, d’après le procédé de Cornet ; il est également plus actif que l’opium de Rousseau qu’on a laissé fermenter pendant un mois ; et celui qui a été préparé par longue digestion à la manière de Baumé, est moins actif encore que celui de Cornet et que celui de Rousseau. En effet, outre l’altération que l’extrait d’opium a dû subir pendant une digestion de six mois dans le procédé de Baumé, il a perdu une grande partie de sa dissolubilité. Aussi trois grains de cette substance ne produisent pas plus d’effet qu’un seul grain d’extrait d’opium préparé à la manière ordinaire.

La matière dite résineuse, à laquelle on avoit attribué des propriétés nuisibles et très-différentes de celles de l’extrait dit gommeux, produit absolument les mêmes effets que ce dernier ; mais elle les produit beaucoup plus lentement à cause de son peu de dissolubilité, et la lenteur même de son action diminue, comme on le conçoit, l’intensité de ses effets ; de manière qu’il en faudroit une dose beaucoup plus forte pour produire des phénomènes dangereux que lorsqu’on les détermine par la partie soluble dans l’eau.

La matière cristalline ou sel essentiel de l’opium, dans lequel M. Derosne a placé les propriétés inhérentes à l’opium, a moins d’action que la partie résineuse. Insoluble dans l’eau, elle est moins soluble dans l’alcool que la résine. M. Nysten, après en avoir pris quatre grains, n’a éprouvé qu’une légère disposition au sommeil.

La pellicule qui se sépare pendant l’évaporation, de la partie extractive, et qui n’est sans doute que l’extrait altéré et rendu insoluble par l’action de l’air et même du feu, a moins d’action encore que la partie cristalline. M. Nysten en a pris cinq grains sans éprouver le moindre effet.

La partie aromatique de l’opium a sur l’économie animale les mêmes propriétés que les autres préparations de l’opium. M. Nysten a pris deux onces d’eau distillée d’opium, contenant cette partie en dissolution sans éprouver aucun effet sensible ; mais à plus fortes doses, il a déterminé une légère ivresse et le sommeil.

Quelle que soit la partie du corps sur laquelle on applique une préparation d’opium, sur-tout lorsqu’elle est soluble, on produit les phénomènes généraux, que détermine l’opium introduit dans les organes digestifs ; ces phénomènes que tous les physiologistes connoissent, sont pour la plupart relatifs à l’espèce de trouble que détermine l’opium dans les fonctions du cerveau, organe sur lequel cette substance agit spécialement ; mais on ne les produit pas plus promptement ni d’une