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à tel point que cette matière liquéfiée donne en se reconsolidant, une pierre semblable à une lave lithoïde où l’on retrouve dans le même état et dans les mêmes dispositions les substances composantes de la roche.

2°. Le principe général pour parvenir à cette liquéfaction ignée, est de s’opposer au dégagement des substances expansives, d’empêcher l’accès d’aucune substance étrangère et d’écarter la matière de toute application immédiate du feu.

Dans cette opération l’action du calorique opère seulement le ramollissement de la matière en détruisant pour le moment la cohésion fixe des molécules, mais elle n’entraîne pas la désorganisation des substances comme dans la fusion vitreuse.

L’auteur nomme ce genre de fluidité liquéfaction ignée, pour le distinguer de la fusion vitreuse qui conduit les matières minérales pierreuses à l’état de verre ; et il désigne même cette dernière fusion par l’épithète vitreuse, pour qu’on ne la confonde point avec la fusion métallique qui a un résultat tout différent.

3°. Les diverses espèces de roches ou pierres ne demandent pas le même degré de chaleur pour passer à cette liquéfaction ; l’auteur, dans ce moment, ne peut assigner au juste le terme le plus bas, ni le plus élevé ; cependant ce dernier lui paroît devoir être aux environs de 50° du pyromètre de Wedgwood, tandis que le degré le plus bas est au-dessus de la température d’un four à chaux ; car ayant placé deux fois plusieurs essais dans un de ces fours à un feu de 72 à 80 heures, il n’a obtenu aucun ramollissement dans la matière.

Une température au-dessus du terme convenable porte le trouble dans la matière et la détermine vers la fusion vitreuse.

4°. Il ne suffit pas d’arriver au degré convenable de chaleur, il faut encore soutenir longtems cette température et sur-tout la prolonger en raison de la grosseur des morceaux qu’on veut liquéfier, la pénétration des grosses masses doit s’opérer par l’effet du tems et non par l’augmentation d’intensité de la chaleur ; l’on sait que cette pénétration du calorique dans les pierres est extrêmement lente.

5°. La compression n’est pas nécessaire pour les roches qui sont composées d’élémens terreux et qui contiennent peu de substances expansives ; une fermeture exacte, sans aucun vide, et la matière en assez forte masse pour qu’une portion soit comprimée par l’autre, suffisent dans ce cas.

6°. La compression est au contraire nécessaire sur les roches ou pierres qui ont pour élémens constituans des substances que la chaleur met à l’état aériforme.

7°. L’observation a démontré à l’auteur que la poudre des roches qu’il employoit n’étant pas sèches, éprouvoit dans les creusets un retrait et que ce retrait y formant des vides, donnait par là accès à des subs-