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VALENTINES

que joyau rare, ou encore de mimer la fin d’une strophe savante et précieuse, ainsi qu’il arrive aux poètes quand ils ont le tempérament démonstratif :

Arthur Rimbaud ?…

Et de sa voix douce, quoique nerveuse, de sa voix chantante et grave, aux notes d’or, où l’accent très parisien se vanillait, pour ainsi dire, d’un tout petit peu de méridionalisme qui lui donnait une exquisité étrangement séduisante, voici qu’à l’auteur des Chercheuses de poux il déclare brièvement qu’il a lu ses vers, les admire, s’en est inspiré même, quelquefois.

Pareil à celui que l’on ferait se souvenir d’une sienne maladie guérie maintenant tout à fait, Rimbaud écoutait l’aimable garçon lui parler de poèmes. Il dit seulement :

Prenez-vous quelque chose ?…

Mais il éprouvait un honnête besoin de justification devant l’ami de rencontre, en sorte que, dès le second bock, il exposa son cas en toute sincérité. La poésie écrite ne lui disait plus rien : il préférait les voyages, était en route pour Londres. Il parla de l’Angleterre qu’il mettait au-dessus des autres pays civilisés : son peuple avait l’esprit plus large, plus réellement intelligent ; la vie, organisée avec une force et une logique supérieures, y offrait des satisfactions plus diverses. Rimbaud, sans recherche apparente, possédait une habileté prodigieuse à trouver le détail probant, et ainsi un pouvoir de persuasion auquel on ne résistait pas. Germain Nouveau cria tout de suite :