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PRÉFACE


Vers la fin de 1873, Rimbaud, se déterminant à la vie errante qu’il devait mener jusqu’à sa mort, voulut revoir une dernière fois Paris, quelques heures. C’est ainsi que, rêvant et conduit par d’anciennes habitudes, il se trouva entré au Tabourey, installé à une table. Où il fut d’abord parfaitement seul. Non loin étaient des littérateurs, des artistes qui le reconnurent, se le désignèrent en prononçant des paroles de méfiance. Pourtant, parmi le groupe hostile,

Un tout jeune homme épris de songes fabuleux[1]


regardait, avec une curiosité trop vive pour n’être pas sympathique, « l’ours mal léché » qu’il était plus sage, disait-on, de laisser à l’écart. Et l’imprudent se leva, serra les mains des camarades, mais, au lieu de sortir, il se dirigea droit vers le buveur solitaire.

On ne supposerait pas, sans effort d’imagination, deux êtres plus différents de manières et d’aspect,

  1. Théodore de Banville, dans Véronique, œuvre particulièrement aimée par Germain Nouveau.