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II


« Niniche », aux boulevards, se fait suivre des cœurs à millions, de fougues péruviennes, de toquades moscovites. Les deux-mondes s’embarrassent les pieds dans ses traînes. Elle rit.

Elle « s’est mise à elle ». Ses appartements sont bien un drôle de ciel. Le plafond s’effondre en fleurs idéales, de sombres paysages, qui s’éclairent vainement d’une lune chinoise, s’épanouissent sur les écrans. Sur la mousse d’or du tapis « le chien de Périclès » a laissé des poils longs comme les cils de la gazelle.

Sa pensée habite un Mabille de rêve. Accroupie, le regard perdu, son immobilité évoque un trépied, à Cyrrha.

La nuit, sous le gaz, c’est le front de glace, les joues pures comme l’argent, la lèvre assyrienne, le sourire de l’idole. Le matin : un incendie de mèches sauvages, l’ébat dans la blouse gris-d’eau, l’air caniche, la jambe nue et douce, — et l’odeur de l’oreiller où s’étouffent les mots de bonheur.

Longtemps le souvenir de sa cigarette fume dans les Cours étrangères.