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VALENTINES

Où trembleront des seins, des lyres et des astres.
Des tires crouleront comme de gros désastres.
On entendra des cris d’oiseaux dans les hauteurs ;
Il y aura des chefs d’offices, des auteurs,
Des voyageurs parlant comme ceux-là du conte ;
Nag la pâle y sera répondant au vieux comte :
« Change en or ton argent, ton or en perles, cher ».
Et les femmes seront des anges bien en chair,
Nourris de moëlles de boxeurs et de cervelles
D’acrobates, disant des bêtises entre elles.
Il y aura des gens sérieux quoiqu’en deuil,
Quelque immense poète en un petit fauteuil,
Et puis, sur une estrade en feutre, une féérie
De musiciens blonds venus de Barbarie,
En gilets frais ainsi que des pois de senteur.
Autour de la maison, obscur comme le cœur,
Le parc sera pompeux et la lune mignonne.
Ah ! nous aurons aussi le monsieur dont personne
Ne sait le petit nom ni le nom, croyez-vous,
Et ce sera le plus délicieux de tous.
Il y aura le diable, une humble enfant qui souffre
Dira le reconnaître à son odeur de souffre.
Certes il y aura l’ami qu’on croyait mort,
Le chien qui mord et la bonne femme qui dort,
Et plus d’un mendiant au bras de quelque dame,
Mis avec toute la distinction de l’âme ;
Et la musique aura tant d’influence, vrai,
À la fête qu’après-demain je donnerai,