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PRÉFACE

setés juvéniles. Innocentes non moins, a-t-il pensé, leurs grosses pipes fumées en cour de récréation. Si le directeur, venu là tout à coup, dit à M. Germain : « Ne remarquez-vous pas que l’on sent une odeur comme de tabac brûlé ? » Monsieur Germain — qui a les mains derrière le dos et vient de glisser dans sa manche la cigarette qu’il jugeait tout simple de griller lui aussi — répond avec sang froid : « C’est vrai, cela sent la fumée, et pourtant… je ne vois personne qui fume ! » Le directeur n’est pas dupe ; il sait qu’il faut en passer aux grands élèves et que l’on ne remplace pas tout de go un maître même qui en prend à son aise. Bientôt la première étude est devenue un pur beuglant. M. Germain trouverait cela encore assez simple ; mais les chansons et les cris d’animaux peuvent s’entendre au dehors ; il a une responsabilité, après tout ; on le paie pour maintenir un certain ordre : il frappe donc, avec une clef, sur son pupitre. Les élèves n’y prennent point garde, il se fâche pour tout de bon : les élèves estiment, et le laissent voir, que cette colère est de mauvais goût. Il ne perd pas de temps à déplorer leur ingratitude, il conclut que son rôle est terminé, il s’en va.

Et bientôt recevant une autre part de son héritage, ayant devant lui une nouvelle période d’insouciance, il peut revenir à Paris, s’y fixer. (Nous avons de lui, adressée à Verlaine, une lettre datée d’octobre 1875 ; il envoie des vers : Toto, Mendiants, La dompteuse).

C’est à ce moment qu’il connaît tout le monde. On