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VALENTINES

Ève s’assit auprès de lui,
Ève s’empara de la pomme,
Se tourna du côté de l’Homme
Et la plaçant bien sous son nez,
Loin de ses regards étonnés :
« Tiens ! regarde ! la belle pêche ! »
— « Pomme », dit-il d’une voix sèche.
« Pêche ! Pêche ! » — « Pomme. » — « Comment ?
Ce fruit d’or, d’un rose charmant,
N’est pas une pomme bien ronde ?
Voyons !… demande à tout le monde ? »
— « Qui tout le monde ? » Ève sourit :
« J’ai dit tout le monde ? » et reprit,
Lui prenant doucement la tête :
« Eh ! oui, c’est une pomme, bête,
Qui ne comprends pas qu’on voulait
T’attraper… ah ! fi ! que c’est laid !
Pour me punir, mon petit homme,
Je vais t’en donner, de ma pomme. »

Et l’éclair de son ongle luit,
Qui se perd dans la peau du fruit.

On était au temps des cerises,
Et justement l’effort des brises,
Qui soufflait dans les cerisiers,
En fit tomber une à leurs pieds !

Malheureuse ! que vas-tu faire ?
Crie Adam, rouge de colère,