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VOLUPTÉ



Plaisir, bourreau des cœurs, vendeur juré des âmes
Ah trop longtemps tu pris le masque de l’amour
Au vestiaire impur des romans et des drames !

Voyageant sous son nom et suivi par ta cour
De Lovelaces fous et de Phèdres navrées
Plaisir, tyran cruel, voici venir ton tour !

Ah ! trop longtemps tu fis dans tes mornes Caprées
Des corps humains liés à tes rouges poteaux
De blancs Saint-Sébastiens pleins de flèches dorées ;

Et depuis trop longtemps roulés dans tes manteaux
Tu te glisses le soir dans les tavernes saoules
Où tu mets les hoquets et les coups de couteaux.

Renard caché qui mords le ventre obscur des foules
N’es-tu pas las, d’errer, épié dans tes nuits
Par le crime dans l’ombre horrible où tu te coules ;