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PAUVRETÉ


Elle est dans nos pourpoints, elle est dans notre code
Et fait l’opinion, comme elle fait la mode.
Ô pauvreté, la France entende votre voix !
France riche d’esprit, beaucoup trop riche en lois,
L’esprit de pauvreté, voilà l’esprit pratique
Qui doit ensoleiller, la sombre politique
Le roi, ton noble époux, César, un sombre amant,
Sont loin de ta pensée, ô France, en ce moment,
Le front coiffé des plis d’une laine écarlate,
La liberté te rit, la liberté te flatte ;
C’est un ange éclatant, qui semble un lutteur noir,
Radieux comme l’aube et beau comme le soir,
Car il porte — pareil aux séraphins de l’ombre —
Un masque étincelant sur son visage sombre.
Tu n’as pas peur ? C’est bien. Tu veux le suivre ? allons.
Mais ne va pas saisir le ciseau des félons,
Et du fier inconnu dont tu fus curieuse,
Sinistrement rogner l’aile mystérieuse.
Ne lui mets pas de loi perfide autour du cou.
S’il n’est pas une brute, arrière le licou !
Qu’il puisse au grand soleil, marcher nu dans l’arène.
Et tordre toute chose en sa main souveraine
Et retremper toute âme en sa cuve qui bout.
Alors, nous pourrons voir qui restera debout :
La sagesse divine ou la sagesse humaine,
Si c’est le nom obscur que cet ange ramène
Où le nom lumineux dans chaque étoile écrit,
Et si c’est Robespierre ou si c’est Jésus-Christ !