Celle qui fait les saints, celle qui fait les forts,
Mystérieuse loi que notre âme devine
En voyant les yeux clos et les doigts joints des morts.
Rêvant de Nazareth, sous cette loi divine,
Ils fondront leurs regards et marieront leurs voix,
Dans l’idéal baiser que l’âme s’imagine ;
Qu’ils dorment sur la planche ou sur le lit des rois
Le monde les ignore, et leur secret sommeille
Mieux qu’un trésor caché sous l’herbe au fond des bois.
La nuit seule le conte à l’étoile vermeille ;
Pour eux, laissant la route aux cavaliers fougueux,
Dans le discret sentier où l’ange les surveille,
Ils ne sont jamais deux, le nombre belliqueux,
Jamais deux, car l’amour sans fin les accompagne,
Toujours Trois, car Jésus est sans cesse avec eux.
Paisibles pèlerins à travers la campagne
Et la ville, où leurs pieds fleurent l’odeur du thym,
Et l’époux reste amant, et la Vierge est compagne.
De l’aurore de soie au couchant de satin
Leur doux travail embaume, et leur pur sommeil prie
De l’étoile du soir à celle du matin.
Ce sont des enfants blancs de la Vierge Marie,
Rose de l’univers par la simplicité,
Et mère glorieuse autant qu’endolorie.
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