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nal, si faux que ceux qui en voyaient le fond éprouvaient quelque chose de semblable à un vent glacé qui leur aurait passé sur le cœur. Mais elle en avait pris l’habitude au point qu’un jour le cornemuseux lui-même étant venu acheter quelque chose chez elle, elle se mit à lui sourire comme aux autres lui, alors, qui était resté triste, gravement lui demanda :

« Pourquoi souriez-vous ? »

Il était sorti qu’elle souriait encore il devait être loin qu’elle souriait toujours ; et cela, cette fois, bien malgré elle. Elle était seule, personne dans sa boutique, pourquoi continuait-elle à sourire ? Elle se troubla. Elle courut se planter devant son miroir et se trouva bête. Mais elle souriait toujours elle finit par se trouver effrayante. Pour la première fois, sa tranquillité la quittait. Alors elle appela son mari, comme on appelle au secours, d’une voix lamentable. Celui-ci accourut ; mais, voyant que sa femme souriait, il crut qu’elle se moquait de lui, et dut lui signifier « qu’il n’aimait pas ces plaisanteries-là. »

Alors une grande honte la prit elle n’osa détromper son mari ni s’ouvrir à lui. D’abord, le moyen d’expliquer une chose aussi invraisemblable ! Elle se résigna, ne croyant du reste qu’à moitié à un châtiment aussi extraordinaire, se disant qu’après tout elle pouvait bien être simplement le sujet d’une hallucination passagère. Mais