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Elle regrette alors de n’être pas plus belle,
Emploie un dernier temps à lisser ses cheveux
Au miroir que ses yeux brûlent de leurs aveux,
Et salue en baissant ses longs cils sur sa joue ;
Il ne faudrait pas croire à sa petite moue,
Dit la moue elle-même. On s’assied, son corset
Se soulève et trahit les choses que l’on sait ;
Elle risque un regard, et tous deux de sourire,
Heureux de s’écouter longtemps sans rien se dire.
Oui je l’adore ainsi sous le charme moqueur
De l’amour qui se lève, et quoique dans son cœur
Il faudra se pousser et faire de la place,
Je ne redoute pas de baiser qui me glace :
La part qu’elle m’en fit vaut son cœur tout entier.
Quand elle trempera ses doigts au bénitier,
Je verrai dans ses yeux rire une foule d’anges.
O jour ! telle jadis sa mère en longues franges !
Dans l’Eglise, au minuit solitaire et charmant,
J’écouterai le prêtre avec recueillement,
Agenouillé, car c’est ainsi qu’il faut qu’on aime,
Et rêvant dans la paix à quelque cher poème
Où mettre ce que j’ai de meilleur et de bon.

Petite Sœur, tu fus l’ardent et pur charbon
Jeté dans le fragile encensoir de ma vie ;
Mais ton odeur au fond de l’église ravie
Est bien délicieuse et longue à respirer !
C’est vers toi, sur la terre où l’on est las d’errer,
C’est vers ton ciel qu’il faut chercher la bonne étoile :