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vraie. Ce n’est pas sans un vif chagrin que je me suis convaincu de sa fausseté. Qui n’a qu’un ennemi à combattre, est bien plus fort, et de confiance, et de prudence.

Mais qu’y faire ? Un danger inconnu est aussi bien plus funeste. Pour marcher bien sûrement, il faut connoître son terrein. Une embuscade découverte n’est plus à craindre.

Je ne dois donc laisser, ni les bons Parisiens, ni nos bons Provinciaux, dans une trop grande sécurité. Je dois leur faire part de mes observations. Trop heureux, si je puis redoubler leur vigilance, en leur ouvrant les yeux sur un nouvel ennemi, d’autant plus dangereux, qu’il est plus masqué. Si je puis leur épargner un seul instant d’alarmes, j’aurai payé, à ma manière, ma contribution patriotique.

Depuis quinze jours, je me promene dans Paris. Je vois des gens de tous les états. Je me faufile dans tous les groupes. Je vais au Club des Jacobins. Je passe quelques heures dans les cafés. Je ne manque pas une séance de l’Assemblée nationale. Sans être un grand sorcier, j’ai vu ce que bien des gens ne voyent pas, ce que beaucoup d’autres ne veulent pas voir.

J’ai vu, et je ne crois pas m’être trompé, que parmi les pères de la patrie, il y a trois partis bien formés, bien aisés à distinguer.

Les deux principaux sont assez connus. L’un, et celui-là mérite bien l’avantage de paroître le premier, est composé des traîneurs obstinés des deux soi-disant ordres renversés. Un abbé Maury, un Cazalès, un vicomte de Mirabeau, se montrent à sa tête, et condui-