NOUS SOMMES
DONC TROIS ?
OU LE PROVINCIAL À PARIS
Pour bien juger, il faut voir de près. J’imaginois que dans notre grande et belle révolution, il ne pouvoit y avoir que deux partis : celui des ennemis de la liberté, et celui de ses défenseurs. Nous avons tous en province la même opinion. Nous ne voyons que la secte de ceux qu’on appelle Aristocrates, et le parti des Patriotes. Nous nous imaginons bonnement, car on nous fait croire là-bas tout ce qu’on veut, que l’assemblée nationale n’a presque plus d’obstacles à vaincre ; qu’elle n’a besoin, pour opérer la réunion des esprits, que de convaincre les zélateurs du régime ancien de l’impossibilité de le rétablir. Nous la croyons d’autant plus près de ce terme heureux, que la classe des patriotes grossit tous les jours ; qu’on peut même y ajouter encore le grand nombre de ceux qui, tout en regrettant l’ancien ordre, sont forcés de convenir qu’il n’y a plus moyen de rétrograder ; qu’il faut suivre le nouveau plan tracé, et achever ce qui est entamé.
J’arrive à Paris, et je me vois bien loin de compte.
À Dieu ne plaise que je veuille décourager les bons citoyens, en combattant cette opinion. Je donnerais beaucoup pour qu’elle fût