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et celles-là par choix et par raison ; les unes en vertu de l’appétit et les autres par hasard et par accident ? Or, c’est là tout ce que supprime le destin. Si donc le destin ne règle pas toutes choses, il n’y a plus d’ordre assuré et inviolable du monde. Accordons et qu’il y a un monde, et que, par le fait même qu’il y a un monde, il y a des Dieux. Admettons aussi, quoique, d’après Épicure, les Dieux soient hors du monde, que les Dieux sont bons. S’il suit de là qu’il y a pour les Dieux de la vertu, comment, de ce qu’il y aura une vertu des Dieux, s’ensuivra-t-il qu’il y aura une prudence des Dieux ? On n’aperçoit pas la nécessité de cette conséquence. Car, si l’on posait qu’il y a une vertu humaine, s’ensuivrait-il qu’il y eût une prudence humaine ? Mais si l’on pose simplement, comme le font nos adversaires, qu’il y a une vertu des Dieux ; comment, en même temps, et par cela même, attribuer aux Dieux la prudence qui est une vertu humaine ? Il n’est pas possible, en effet, de soutenir que les vertus des hommes et des Dieux sont les mêmes ; car il ne serait pas vrai non