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qu’il y ait des législateurs, s’il faut accorder que ceux qui obéissent à la loi lui obéissent nécessairement, et que ceux qui ne lui obéissent pas sont empêchés de lui obéir par quelque nécessité. Il serait bien plus exact de raisonner de la manière suivante s’il y a un destin tel que le conçoivent nos adversaires, il n’y a plus de loi, et s’il n’y a plus de loi, avec la loi disparaissent les mauvaises et les bonnes actions ; avec la loi (et c’est une conséquence que nos adversaires eux-mêmes tiennent pour très raisonnable) disparaissent le vice et la vertu, ce que les hommes appellent la honte et la gloire, la louange et le blâme, le mérite et le démérite, la récompense et le châtiment. Mais alors, il ne restera donc rien d’une argumentation qui se fondait sur des interrogations agencées avec un si grand art. À reprendre les derniers termes des déductions de nos adversaires, il s’ensuivra, au contraire, qu’ils auront à subir les conséquences qu’ils déclarent s’imposer à ceux qui essayent d’abolir le libre pouvoir humain, au moment où ils prétendent eux-mêmes hautement