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déclarât que l’insouciance qu’Épicure attribue aux Dieux inspire bien plus de piété qu’une pareille providence. Cependant, comment concilier entre elles ces affirmations qui consistent à dire à la fois, d’une part, que la divinité est le destin, et qu’elle se sert de ce qui est et de ce qui se produit dans le monde pour la conservation même du monde et de l’ordre qui est dans le monde ; d’autre part, que le destin emploie pour l’accomplissement des actions les plus détestables, à cause de l’intérêt qu’il prend à ces actions, le concours même d’Apollon Pythien ? Que nos adversaires nous apprennent, en effet, ce que le destin se proposait de conserver à l’aide du meurtre du père par le fils, du mariage impur de la mère et de l’enfant, d’une génération où le père est le frère de ceux qu’il engendre ? En quoi est-il raisonnable de penser que de tels faits importaient à la conservation de l’ordre du monde, à ce point qu’Apollon dût craindre qu’un de ces faits ne manquât de s’accomplir ? Ou encore, en quoi, s’ils ne se fussent pas accomplis, ces faits eussent-ils été des