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n’aurait pas été emporté par un bouvier, puis adopté par le Corinthien Polybe ; enfin, devenu homme, il n’aurait point rencontré Laïus sur la route, et ne le connaissant pas non plus qu’il n’en était connu, il ne lui aurait pas donné la mort. Effectivement, qu’on suppose Œdipe élevé comme un fils au foyer domestique, il n’aurait pas méconnu les auteurs de ses jours au point de tuer son père et d’épouser sa mère. Afin donc que tous ces événements restassent assurés et que le drame de la destinée s’accomplit, le Dieu fit par son oracle que Laïus s’imagina qu’il pourrait se garantir de ce qui lui avait été prédit. En conséquence celui-ci, après avoir procréé un fils dans un moment d’ivresse, exposa l’enfant qui lui était né, parce qu’il vit en lui un meurtrier futur, et cette exposition devint la cause de fables abominables. Or, comment accorder que tenir un pareil langage, ce soit ou bien défendre la divination, ou inculquer envers les Dieux des principes de piété, ou montrer que l’art divinatoire a quelque utilité ? il semble que la divination soit simplement