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pourrait blâmer comme contraire à l’honnête. Or, en quoi, je le demande, estimerait-on moins dignes de pardon que ceux qui pèchent par ignorance ou qui ne succombent qu’à la force, les hommes qui savent, il est vrai, ce qu’ils font, mais qui, vu les circonstances qui les pressent et qui de toute nécessité doivent les presser, n’ont pas en eux-mêmes la faculté de faire autre chose que ce qu’ils font, parce que telle est leur nature ? il est en effet dans leur nature propre de faire chacune des choses qu’ils font fatalement ; de même qu’il appartient aux graves, si on les précipite d’en haut, d’être entraînés en bas, ou aux corps ronds de se mouvoir, si on les place sur un plan incliné. Punir de tels hommes, ne serait-ce pas comme si on jugeait un cheval digne de châtiment, parce qu’il n’est pas un homme ; ou tout autre animal, parce qu’il a reçu en partage une certaine âme et non une meilleure ? Non, il n’y a point de Phalaris assez cruel et assez insensé pour punir, à propos de quelqu’une des choses de cette sorte, celui qui l’aurait faite. Dans quels cas les châtiments sont-ils donc