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TRAITÉ DU DESTIN.

aussi qu’il leur appartient d’y porter les autres hommes ; comment, dis-je, ne pas s’étonner de les entendre soutenir que tout arrive nécessairement et fatalement ? N’est-il pas hors de doute qu’une opinion semblable est le refuge des seuls ignorants ou de ceux qui, étrangers à toute habitude honnête, rejettent sur le destin, au lieu de les rapporter eux-mêmes, la cause des maux qui les enveloppent ? Ajoutons que cette doctrine est pleine d’obscurités, qu’aucune preuve acceptable ne la justifie, qu’elle offre enfin cet inconvénient grave de nous enlever tout libre pouvoir. Dès lors, quel plus grand dommage, je le demande, pourrait-on éprouver d’une discussion, que de se laisser imposer une pareille créance ? Effectivement, que cette opinion aille contre l’évidence, c’est ce qui résulte de cela même que presque tous les hommes admettent, ignorants et philosophes, qu’il y a des choses qui arrivent accidentellement et par hasard, et qu’il y en a qui, arrivant, auraient pu ne pas arriver ; que c’est là ce qui a lieu en réalité ; et qu’en fait il peut n’y avoir pas