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CHAPITRE V.

vant la nature, et les autres suivant la raison, ou il faut nécessairement placer le destin dans l’un et l’autre de ces deux ordres de choses, de telle manière qu’on dise que tout ce qui arrive arrive en vertu du destin, ou le placer seulement dans l’un des deux. Mais, en ce qui regarde les choses qui se font suivant la raison, il semble que, si elles arrivent par raison, c’est parce que celui qui les fait avait aussi le pouvoir de ne pas les faire. C’est de la sorte que l’on considère les ouvrages des artisans comme les produits de leur art et non point de la nécessité. Car il n’y a pas une de ces œuvres que ces artisans n’aient exécutée avec un pouvoir égal de ne pas l’exécuter. Combien, par exemple, ne serait-il point absurde de dire que c’est fatalement qu’une maison a été faite, qu’un lit a été fait, et que c’est fatalement qu’a été accordée une lyre ! De toute évidence, lorsqu’il s’agit de choses dont le choix décide (et ce sont toutes celles qui impliquent vertu et vice), il semble que ces choses dépendent de nous. Or, si ces choses dépendent de nous, que nous paraissons être les maîtres de faire